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DOSSIER : ELICO
ELICO en actions
Table des matières
1Pensé en écho aux Journées Doctorales 2017, ce dossier des Cahiers de la Sfsic donne l’occasion à Elico de présenter à la fois ses travaux et ses évolutions. En effet, depuis une paire d’année, l’Équipe Lyonnaise de recherche en sciences de l’Information et de la Communication s’est affirmée à la fois comme une importante équipe d’accueil de la discipline, et comme l’une de ses équipes les plus actives sur les deux versants qu’elle défend, les sciences de l’information et celles de la communication, aujourd’hui fédérées par l’expression information-communication.
2Elico a été fondée en 2007, sous l’égide de Jean-François Tétu, par la réunion en une même unité de recherche trois équipes lyonnaises préexistantes, dans la dynamique d’un PRES regroupant les établissements lyonnais. Depuis, sa tutelle principale est assurée par l’Université Lumière Lyon 2, en plein accord avec les quatre autres établissements (Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Enssib et Sciences Po Lyon) dans le cadre de la Comue Université de Lyon. À ce jour, Elico regroupe plus d’une quarantaine d’enseignants-chercheurs, relevant principalement de la section 71 du CNU, accueille une vingtaine de doctorants et inscrit clairement ses recherches dans ce champ. Cette refondation a créé une dynamique d’association plus étroite des approches issues des sciences de l’information et de celles relevant des sciences de la communication, et, malgré l’attention constante que cette association réclame, elle se révèle propice à la mise en place de chantiers collectifs mêlant les approches disciplinaires, les établissements d’appartenance et les partenaires du monde socio-économique. Confortant les deux thématiques centrales, des chantiers transversaux ont été bâtis collectivement, en partant des acquis des membres d’Elico et en dégageant des objets d’étude originaux sur lesquels l’ensemble des compétences pouvaient se croiser. Ainsi les apports théoriques fondamentaux sont-ils mis à l’épreuve de terrain et de partenariats variés.
Thématique n° 1 : identités, langages et pratiques médiatiques
3Cette thématique rassemble les travaux qui interrogent les discours médiatiques (que ces médias soient anciens ou « nouveaux »), les pratiques des acteurs aux origines de ces discours (journalistes, mais aussi acteurs politiques et sociaux) et les dispositifs médiatiques, notamment numériques. Dans ce pôle, les approches sont socio-discursives et sémio-pragmatiques et les recherches visent, à saisir les représentations, les mises en discours des identités individuelles et collectives par les médias. Ces approches sont donc socialement et politiquement situées ; elles prennent en compte les contextes de production, de circulation et de réception ou les stratégies d’acteurs des discours et dispositifs analysés.
4Qu’il s’agisse d’identités de genre, d’identités professionnelles, territoriales ou virtuelles, les processus communicationnels sont saisis dans des perspectives diachroniques ou synchroniques. Nos recherches visent également à identifier les reconfigurations liées au développement des médias qualifiés de numériques ; reconfigurations dans les frontières entre « professionnels » et « amateurs », dans les identités professionnelles, dans les logiques de production journalistique (conditions de travail, rapports aux sources, modèle économique, contraintes du dispositif technique), ou dans les usages et formes du livre numérique. Ces identités, ces langages et ces pratiques médiatiques, pluriels, évolutifs et donc culturels sont à la fois des processus et des états, dont les recherches s’attachent à saisir, par l’analyse des discours et des dispositifs, les manifestations symboliques.
5En parallèle des contrats de recherche régulièrement obtenus, cette thématique se matérialise tout particulièrement par une activité commune de séminaires et d’ateliers qui rassemblent des chercheurs actifs sur différents contrats ou problématiques. Le lecteur trouvera trois articles illustrant ces travaux et pratiques collectives : « Concevoir le territoire. Pour une réflexion communicationnelle et collective » sur les avancées du séminaire MISTERR (Mimésis et Sémiosis du TERRitoire) ; « Médias et journalisme : de la nécessité de combiner les approches » sur les avancées de l’atelier Médias-Journalisme ; « Analyse des controverses médiatiques portant sur le genre ».
Thématique n° 2 : bibliothèques numériques, documents numériques et médiations
6Cette deuxième thématique rassemble des travaux qui interrogent, sous différents angles, la notion de document et singulièrement les enjeux de sa numérisation. Question de la transformation du régime de conception, de production et de diffusion du document scientifique, et notamment de l’article dont la mise en scène comme l’économie sont déstabilisés par le support numérique. Question du mode d’existence du document technique (dessin d’architecture, modes d’emploi etc.) à l’heure de sa numérisation (quels changements en termes sémiotiques ?) et des déplacements éventuels qu’il entraîne dans les pratiques. Question de l’émergence du e-book et de la bibliothèque numérique : quelles sont les caractéristiques du « nouveau livre » et de ses modalités de lectures, en quoi peut consister le processus de virtualisation de la bibliothèque, qui ne peut en aucun cas être une substitution à l’espace physique ? Question de l’avenir politique des données mises à la disposition (mais de quoi et pour qui ?) par les logiques d’open data : quels acteurs sont impliqués, quelles logiques suivent-ils, quelle économie politique se dessine etc. Ces travaux de terrain apportent leurs briques à la poursuite d’une réflexion théorique sur le document, dans la lignée d’un questionnement qui va d’Otlet à Pédauque, en mettant l’accent sur le développement du support numérique et de la prégnance de plus en plus forte de l’image, fixe ou animée. Ils participent à l’affinement d’un cadre théorique qui, à la suite des travaux de J. Goody, cherche à penser nos outils du travail intellectuel, malgré leur hétérogénéité, grâce à la construction de la notion de technologie intellectuelle.
7Cette thématique rassemble principalement, mais pas seulement, des recherches sur contrats privés ou publics et accueille des travaux portés par des consortium assez importants, dans lesquels de nombreux partenariats institutionnels sont menés avec les bibliothèques municipales par exemple, mais aussi avec d’autres disciplines comme la psychologie sociale, la sociologie de l’innovation ou l’ergonomie en passant par le design. Le lecteur trouvera trois articles illustrant ces recherches : « Publicize or Perish : nouvelles formes de circulation et d’évaluation des savoirs scientifiques sur le web » sur l’analyse de la publication scientifique ; « L’avis des autres » sur l’étude des formes de médiation sur les plateformes de recommandation ; et « Penser la raison politique du numérique » pour une approche épistémologique du numérique.
Les chantiers
8Si la vie et la politique scientifiques d’Elico la placent sans conteste sur l’empan complet de la 71e section, sa caractéristique première est sans doute de conduire des travaux, collectifs, sous contrat ou individuels, à l’intersection de ses deux termes. En effet, plusieurs de nos productions et actions d’envergure associent l’analyse de discours à celle des stratégies d’acteurs, le caractère prégnant des modèles économiques à celui des pratiques, professionnelles ou privées tout en mobilisant des approches complémentaires (sémio, sémio-pragmatique, politico-économique, épistémologique, bibliométrique, sociologique, discursive, stratégique, etc.) mises en œuvre sur des terrains portant l’information, l’information scientifique et technique, l’information culturelle, les données, les données ouvertes, urbaines ou personnelles les textes médiatiques et autres formats numériques. Réunies, ces entrées permettent de questionner aussi bien la transmission des savoirs, le journalisme et les médias numériques, les savoirs informationnels, la prescription culturelle, la publication scientifique, la reconnaissance, que les identités médiatiques. Il s’agit de nos chantiers transversaux.
9Ces chantiers, toujours portés par des recherches contractuelles qui inscrivent de plus en plus ELICO dans son territoire institutionnel (Métropole de Lyon, Labex IMU – Intelligence des Mondes Urbains, Institut des Sciences de l’Homme, ANR, etc.), sont l’occasion de travailler d’autres problématiques liées par exemple à la santé connectée, à la ville numérisée ou aux données ouvertes. Le lecteur trouvera deux articles illustrant des chantiers importants et de longue durée : « Analyser la mémoire industrielle autour d’un matériau composite : perspectives methodologiques » concluant un travail sur corpus important à la fois pour l’analyse de sites industriels patrimoniaux étudiés et pour les questions méthodologiques que ce corpus a soulevé ; « Open data et smart cities », retraçant les apports du chantier Open-data qui a été une importante thématique transversale, fédérant dans ses différentes activités jusqu’à la moitié des membres du laboratoire.
10Ainsi Elico s’inscrit-elle dans des réseaux variés et riches comme par exemple celui des Gis au travers du Gis Journalisme, dont Isabelle Garcin-Marrou assure à ce jour la présidence, du Gis Genre et du jeune et conséquent Gis 2iF (innovation, interdisciplinarité, formation) dont neufs chercheurs d’Elico sont membres ; le Pôle Lyonnais de l’ISCC, créé en 2015 sous l’impulsion de Françoise Paquienséguy ; le réseau des MSH via l’Institut des Sciences de l’Homme, dont Julia Bonaccorsi co-anime l’axe Société et Humanités Numériques et le GDR Madics.
11Parallèlement, de nombreuses actions sont portées par les membres de l’équipe nouant des partenariats durables avec des acteurs locaux comme Lyon Métropole, le Cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes, le Rize – Centre Mémoires et sociétés de Villeurbanne, l’AADN (Assemblée Artistique des Diversités Numériques), Imaginove, la Bibliothèque Municipale de Lyon, le Pôle Pixel, le Laboratoire des usages ; mais aussi avec des acteurs internationaux comme Elsevier-Masson, l’université de Freibourg (Allemagne) ou l’université de Lancaster (Grande-Bretagne) ou l’université pontificale bolivarienne de Medellin (Colombie) ou l’université Sci-Tech de Hangzhou (Chine).
12Ce dossier constitue donc une approche des travaux et actions d’Elico qui s’inscrit désormais au rang des équipes de référence dans le champ de l’info-communication.