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HOMMAGES
HOMMAGE à Umberto ECO (1932-2016)
Texte intégral
Entretien de Brigitte Chapelain avec Jacques Perriault
B. C : Dans quelles circonstances as-tu connu Umberto Eco ?
J. P. : J’ai rencontré Umberto Eco lorsqu’il m’a demandé de participer aux travaux qu’il conduisait avec Alain le Pichon dans le cadre du réseau universitaire Transcultura qu’ils ont créé en 1988 et qui deviendra l’Institut international Transcultura . Alors que la globalisation n’avait pas le visage qu’elle offre aujourd’hui l’objectif était bien de développer une anthropologie « réciproque » pour lutter contre les positions culturelles dominantes en proposant des approches et des méthodes transculturelles. Tous deux ont rassemblé un nombre de chercheurs de pays différents créant ainsi un axe euro-asiatique, un axe euro-méditerranéen et un axe euro-africain. Alain le Pichon m’a demandé de participer à leurs travaux car il était intéressé par « La logique de l’usage » ouvrage que j’ai écrit en 1989. Jusqu’à présent les anthropologues occidentaux travaillaient sur les pays du sud, mais dans le cadre de l’anthropologie réciproque, ce sont les pays du sud qui vont travailler sur ceux du nord. Ainsi un chercheur malien, Moussa Sow a observé et analysé la médecine parallèle dans le Médoc girondin.
Notre discipline ne devrait pas oublier de telles initiatives. Il faudrait internationaliser davantage nos travaux et mettre en pratique dans cette perspective l’analyse et la réflexion sur l’interculturel. La fondation AMELA (Aires méditerranéenne et latino-américaine) initiée par José Vidal Beneyto se situe dans cette mouvance.
B. C. : Que retiens-tu d’Umberto Eco ?
J. P. : L’image d’Umberto Eco est multiple. Entre le sémioticien, le romancier, le spécialiste de l’ésotérisme et de la culture médiévale, le philosophe et l’analyste des medias il a dessiné un nouveau style d’intellectuel que j’ai trouvé très important dans un monde universitaire souvent peu enclin à la diversification des intérêts et des activités. Il avait effectivement plusieurs cordes à son arc et il savait en jouer. Jacques le Goff l’appelait « Le grand alchimiste »
Il avait également un humour à froid assez extraordinaire. De plus c’était un véritable conteur.
1Paris le 4 mai 2016.