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FORMATION

Magali Bigey

1895 Minutes, festival de courts-métrages

Article

Texte intégral

71-77

11895 minutes, c’est un peu plus de 31 heures, c’est également le nom d’un projet tuteuré du département Information-Communication de l’IUT Besançon-Vesoul. Il a pour but l’organisation d’un festival de courts-métrages, sur tout un week-end, qui se termine par une projection grand public dans l’un des cinémas de la ville. Il n’est pas rare que dans le département les étudiant·e·s proposent des idées de projets tuteurés, et parfois certains de ces projets voient le jour, puis perdurent. C’est le cas du projet 1895 Minutes, festival de courts-métrages étudiants. Ce projet voit cette année sa 5e édition, il a survécu à la pandémie (il n’est pas certain qu’il survive à la mise en place du BUT) et a évolué tout au long de ces 5 années.

Historique du projet

2En 2019, sur l’idée d’un groupe d’étudiant.e.s du département Information-Communication de l’Institut Universitaire de Technologie de Besançon, est créé le Festival 1895 Minutes en l’honneur d’une date historique. En effet, c’est en 1895 que Louis et Auguste Lumière naissent à Besançon et révolutionnent le monde de l’image en dévoilant ce que l’on considère comme les premières vidéos de l’Histoire : la sortie de l’usine, l’Arroseur arrosé, ou encore l’Arrivée du train en gare de La Ciotat… sans être les inventeurs du cinéma, ils contribuent à sa naissance. Ils sont parmi les premiers à mettre en mouvement des images et à considérer la réflexion autour de la création et du message de l’image. Les 31 heures font référence aux 1895 minutes et le nom du festival fait donc référence à l’année d’invention du cinéma par les frères Lumière à Besançon.

3124 ans plus tard, l’idée d’un festival étudiant nommé 1895 Minutes voit le jour : un festival d’une durée de 31 heures, 34 minutes et 48 secondes, d’une traite, qui commence dès le samedi à 4 heures du matin, et qui a habituellement lieu le dernier week-end de janvier.

4Organisé par des étudiant·e·s bisontin·e·s pour des étudiant·e·s de toute la France et de toutes les filières, ce projet tuteuré offre la possibilité à chacun·e d’exprimer sa créativité à travers un concept inspiré des « 48 h Film Project » : les participant·e·s s’inscrivent en équipe de 6 à 8 personnes pour à passer 31 heures intensives pour écrire, réaliser et monter un court-métrage, ceci sur un thème imposé qui sera tiré au sort avant le début du chronomètre.

L’objectif du festival

5L’objectif du Festival 1895 minutes est de développer les pratiques culturelles des étudiants dans l’univers de la vidéo, en réunissant les passionnés d’audiovisuel. C’est à la fois l’occasion d’échanger et d’exprimer sa créativité dans un cadre bienveillant, entourés d’une équipe engagée et de professionnels qualifiés qui donneront les meilleurs conseils et évalueront les différents travaux.

6L’équipe

7Généralement, c’est une équipe de 7 à 8 étudiant·e·s qui organise ce festival sur la deuxième année de BUT (anciennement DUT), mais elle est recrutée en fin de première année (avant que les 2e année ne partent en stage). Ce recrutement est basé sur la motivation des candidats, qui peuvent fournir sur tout support (vidéo, papier, son…) les raisons pour lesquelles ils souhaitent intégrer le projet. Souvent l’intérêt est le cinéma et la vidéo, mais pas seulement, cela dépend de leurs profils particuliers. Ce projet est complet et complexe, il demande un fort investissement jusqu’à l’événement et donne une bonne expérience de travail en équipe autour d’un but précis : réussir ce festival. Cela entre en résonnance avec les équipes constituées pour les challenges nationaux, mais ici cela se passe sur un plus long terme, plusieurs mois.

8Chaque année plusieurs profils spécifiques sont recherchés dans cet appel à candidatures, au-delà de l’appétence pour le cinéma : Chef·fe de projet, Chargé·e de logistique, Chargé·e de relations presse, Chargé·e de jury, Vidéaste, Graphiste, Community manager.

9Comme le projet s’est constitué en association Loi 1901 lors de sa deuxième édition, il nécessite depuis trois postes à double-casquette puisqu’il faut chaque année un·e président·e, trésorier·e, secrétaire parmi les membres de l’équipe. Enfin, pour que ce projet soit tuteuré, il est nécessaire d’avoir un tuteur. J’encadre le projet 1895 minutes depuis maintenant 5 ans.

L’organisation

10Alors que c’est un projet de deuxième année, il doit commencer à être réfléchi dès la première année. C’est dès le mois de mai que les nouvelles équipes encore en première année reprennent les réseaux sociaux, afin de préserver la continuité de communication pendant que les deuxième année (qui ont déjà réalisé leur festival) sont en stage. Nous faisons un premier point avant les vacances d’été, afin de pouvoir commencer directement l’organisation début septembre.

11L’organisation d’un tel festival, qui se déroule sur un week-end complet avec près de 32 heures de tournage, un début à 4 heures du matin le samedi et un rendu des courts-métrages le dimanche un peu avant midi, nécessite un fort investissement individuel et impose le recrutement de bénévoles (une dizaine chaque année). La projection des courts-métrages a lieu le dimanche après-midi pour les équipes et pour le grand public, dans un théâtre la première année, dans un cinéma depuis (avec un partenariat par exemple jusqu’à cette année avec le cinéma Mégarama du centre-ville de Besançon, pour une diffusion dans la grande salle).

Le déroulé

121895 Minutes est habituellement programmé le dernier week-end de janvier, mais pour 2023 nous avons dû repousser au mois d’avril pour des raisons financières et de salles disponibles (le partenariat avec le Mégarama Beaux-Arts ayant pris fin avec l’arrivée d’un nouveau directeur).

13Le festival investit différents lieux : la Maison des étudiants (MDE) de Besançon, qui reçoit les équipes dès 4 heures du matin le samedi et ce jusqu’au dimanche midi. Une salle est allouée à chaque équipe participante pour l’organisation interne et les discussions nécessaires avant d’aller tourner dans la ville. Les repas sont aussi servis à cet endroit, sorte de quartier général pour les équipes où elles trouvent des réponses à leurs questions et un endroit où se réunir. L’organisation de la part de l’équipe du projet et les tours de présence sont millimétrés car la Maison des étudiants héberge pour ce festival entre 80 et 100 étudiant·e·s, il est nécessaire que plusieurs personnes soient sur les lieux en permanence et par roulement, sur tout le week-end.

14Dès 3 h 30 le samedi matin, l’équipe du projet et la tutrice arrivent à la Maison des étudiants, afin d’accueillir le vigile (passage obligé de tout événement) et d’organiser l’accueil des équipes inscrites (vérification des inscrits, des numéros étudiant·e·s – le statut étudiant est nécessaire pour être accueilli à la MDE –, distribution des consignes et signature du règlement intérieur, indication des salles attribuées…).

15A 4 heure du matin, le thème du festival est tiré au sort devant les équipes réunies, le tout est relayé sur les réseaux sociaux.

16Dans la matinée, un petit déjeuner est servi pour tous les participants et les bénévoles.

17A midi, tout comme le samedi soir et le dimanche midi, un repas complet (entrées, plats, desserts) est servi à chaque étudiant·e sous forme d’un buffet issu d’un partenariat de longue date avec le restaurant Flunch de Besançon, qui nous offre généreusement chaque année tous les repas pour toutes les équipes et bénévoles.

18Le jury, constitué de professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, arrive généralement dans la matinée du dimanche et voit un peu de l’effervescence du festival pendant le rendu des vidéos. Ensuite, c’est un visionnage et une délibération à huis-clos avec un déjeuner buffet qui laisse entrevoir l’ombre du court-métrage le plus marquant, original, méritant. Nous avons jusqu’à présent vu dans les jurys un panel de professionnels du cinéma : acteurs, scénaristes, costumier·e·s, décorateur·rices…

19Enfin, la projection des courts-métrages en lice pour le festival a lieu le dimanche après-midi, devant les équipes mais aussi le grand public qui est convié gratuitement à cette manifestation.

20C’est donc un festival qui se vit à la minute… chaque année…

21À 4 h 00 le samedi matin, à la seconde où le thème est dévoilé le temps devient une denrée précieuse.

22“Silence, moteur compteur. Ça tourne au chronomètre ! Et… ACTION !”

23Les équipes se ruent vers le brainstorming. Il ne faut pas perdre de temps sur les étapes : réflexion narrative, écriture, planification logistique, répétitions, tournage, dérushage et post-production. 1895 Minutes tient bien sa place à Besançon, Ville du Temps, garante de la précision et du calcul du temps.

24S’ensuivent donc ces 31 heures, 34 minutes et 48 secondes de création.

25“Et… COUPEZ ! C’est dans la boîte ! Fin de production.”

26Le compte à rebours s’est épuisé, le sablier est vide, les 1895 minutes sont écoulées.

27Les équipes encore en course envoient leurs travaux à cet instant au plus tard. Explosion de joie, de fatigue et de satisfaction.

L’accompagnement via les réseaux sociaux et les prix

28Hormis l’amont du festival qui anime les réseaux avec des informations, des jeux et des quizz (Twitter, Facebook, Instagram, Youtube), le jour J c’est dès le lancement que le déroulé est partagé. Les différentes étapes sont commentées, les buffets une fois installés sont tout à fait instagrammables, l’effervescence des équipes est diffusée. Une page Youtube reprend toutes les productions de chaque année.

29Ensuite, à l’issue de la diffusion en salle, chaque spectateur découvre en direct l’équipe dont la création a retenu l’attention du jury. Le ou la présidente du jury annonce les gagnants du “Prix du jury”, remercie par une “Mention spéciale du jury” le court-métrage challenger tandis que le public vote via un questionnaire en ligne pour décerner le “Prix du public”. Au fur et à mesure des années, de nouveaux prix ont vu le jour : « Jeu d’acteur », « Scénarisation », « Musique », « Qualité technique ».

30Le dimanche en fin d’après-midi, le Festival 1895 Minutes ferme ses portes pour une année. C’est la fin d’une aventure qui restera marquée dans les esprits des équipes concurrentes et le début d’une nuit de sommeil indispensable. Le cinéma, même amateur, s’est exprimé simplement et librement, par les points de vue de tous·tes les participant·e·s. Il est ressenti par les spectateurs.

31« Là est 1895 Minutes, un festival étudiant de cinéma, ouvert et créateur, peut-être révélateur de passions, de rêves et de professions. »

Les compétences mobilisées

32L’organisation d’un tel festival impose non seulement de la rigueur, mais des compétences variées : négociation (pour obtenir des budgets, les partenariats, les lieux…), organisation, management (les équipes de bénévoles doivent être briefées et encadrées), communication (interne et externe, numérique, avec les instances publiques, les médias…), communication orale (discussions avec les jurys, les instances, présentation devant plus d’une centaine de personnes lors de la projection), rédactionnel (outre la réalisation d’un mémoire de fin de projet, cela impose aussi de nombreux mails, rédaction de communiqués de presse…), droit (la gestion du droit à l’image, du règlement du festival et d’un règlement intérieur), gestion du matériel, tout un panel de transversalité au service d’un événement qui marquera les esprits pendant longtemps.

33Ce projet n’est bien sûr pas sans contraintes : la rigueur, pour les étudiants comme pour le tuteur (plusieurs heures par semaine sur un créneau dédié au projet tuteuré, et des échanges par mail ou messagerie telle Whatsapp qui vont crescendo au fur et à mesure que la date approche), contrainte de trouver des financements, d’obtenir des autorisations diverses et variées pour occuper un lieu la nuit, de trouver les vigiles et pouvoir les rémunérer, répondre aux normes hygiène et sécurité de l’université, répondre aux demandes et réagir immédiatement dès qu’un événement vient perturber le déroulement du festival (cela peut être le désistement d’un membre du jury en dernière minute comme une fuite d’eau dans une salle, l’occupation de l’espace pendant la projection s’il y a des problèmes techniques…), prendre la décision de tenir le festival tout de même pendant la période Covid, et tout réimaginer à distance, et j’en oublie certainement encore.

34C’est un projet intense, qui nécessite beaucoup de temps, mais qui apporte beaucoup aux étudiant·e·s.

35Les membres des équipes successives ont bien souvent eu envie d’ajouter leur patte personnelle pour leur édition (un nouveau prix, une modification de lieu…) mais le format 1895 minutes reste toujours dans le même esprit, la convivialité.

36A la fin du mémoire rédigé dans le cadre du projet, chaque étudiant et étudiante donne son ressenti personnel, puis effectue un retour général ; c’est avec leurs paroles de l’édition passée que je terminerai cet article :

« Nous sommes tous et toutes d’accord pour dire que cette expérience nous a cultivés, fait grandir, mûrir, prendre confiance en nous, apprendre et nous a marqués dans notre début de vie professionnelle mais aussi personnelle.C’est par des petites missions comme contacter la MDE, le Flunch, gérer un compte bancaire, créer un communiqué de presse, contacter des jurys, participer à une interview radio que le festival grandit et nous aussi à la même allure. Des petites choses accomplies comme avoir les clés de la MDE était pour nous une très grande étape dans le déroulé de ce festival. Mais voir au fur et à mesure le festival prendre de l’ampleur grâce à la presse, aux réseaux sociaux […] De notre petite salle à l’IUT au Mégarama, de longues heures de travail se sont déroulées et on peut se le dire haut et fort : “Nous sommes fiers de nous !”. Pour tout le monde, cette expérience était nouvelle et très enrichissante, une expérience qui nous suivra sûrement, toute notre vie. »

Pour citer ce document

Magali Bigey, «1895 Minutes, festival de courts-métrages», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 19-Varia, FORMATION,mis à jour le : 17/04/2024,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=1006.

Quelques mots à propos de : Magali Bigey

MCF en Sciences de l’Information et de la Communication. Département Information-Communication de l’IUT de Besançon-Vesoul. Équipe CCM/Laboratoire ELLIADD.