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Intermédialité
Introduction
1L’adaptation d’une création d’un média à un autre n’est pas une pratique nouvelle : le livre en BD, le livre ou la BD en film, le livre en pièce de théâtre, la pièce de théâtre en film offrent à chaque époque de nombreux exemples.
2Plus récemment Les damnés de Visconti ont été adaptés au théâtre par Ivo Vantlove dont la démarche a consisté « à revenir au scénario pour mettre en scène au théâtre »1. Pour la sortie de Vernon Subutex Virginie Despentes confie qu’elle n’aurait pas conçu son livre si elle n’avait pas écouté tant de séries.2
3L’illusion nationale3 est une enquête journalistique qui s’écrit sous la forme du roman-photo, « un documentaire historique en forme de roman-photo dans lequel rien n’est inventé et où tout est vrai. »4. Ces exemples relèvent de l’intermédialité.
4C’est Jurgen E. Muller5 qui reprend le concept d’intermédialité pour lutter contre la spécialisation accrue de la recherche dans le domaine des médias.
5La notion d’intermédialité si elle nous permet de repenser l’histoire des médias facilite l’analyse de leurs processus génériques et des usages sociaux qui les constituent. Elle désigne les interactions et interférences entre les matérialités de plusieurs médias, leurs effets et leurs fonctions sociales. Remy Besson6 ayant fait un état de l’art de ce concept en dégage trois acceptations. Si un média est pris comme une production culturelle, l’intermédialité peut être analysée d’un point de vue synchronique et doit prendre en compte la co-présence des médias tandis que d’un point de vue diachronique, c’est le transfert d’un média à l’autre qui doit être analysé. Si un média correspond à une série culturelle c’est la question de l’émergence qui permettra d’observer sa stabilisation dans la société, et si on considère qu’il est une mise en relation, l’intermédialité prendra en compte l’usager et les inscriptions sociales des pratiques.
6Les contributions qui suivent développent chacune leurs réflexions sur l’intermédialité en les ancrant sur des médias différents.
7Pour Éric Méchoulan, fondateur et directeur de la revue Intermédialités jusqu’en 2006, l’intermédialité « part de la dynamique des relations pour comprendre comment apparaissent des objets et des sujets, momentanément stabilisés, au carrefour de ces flux. ». À ce titre l’intermédialité est « une méthode d’analyse de toutes nos formes de communication, c’est-à-dire de toutes nos expériences comme la science des relations ». Les supports qu’ils soient matériels ou institutionnels doivent être pris en compte. L’auteur propose une analyse intermédiale de la collection « Que sais-je ? ».
8Séverine Equoy-Hutin analyse « la dynamique du passage de l’écriture radiophonique à l’écriture radionumérique ». Avançant la notion d’intermédiavité comme potentiel et singularité de chaque média, et s’appuyant sur divers courants sémiotique et sémiologiques elle propose de développer un programme de recherche « dans le champ d’une sémiopragmatique de l’intermédiativité. »
9Aurélia Gournay analyse l’intégration de procédés numériques dans l’écriture en particulier des deux séries Sherlock et Black Mirror et montre le passage de l’intermédialité à la narration transmédia.
Notes
1 http://www.comedie-française
2 Entretien Nathalie Crom, Télérama, 15/01/2015.
3 Valérie Igounet historienne et Vincent Jarousseau photographe, L’illusion nationale, Deux ans d’enquête dans les villes FN, Les Arènes XXI, Mars 2017, 166 p.
4 Avant-propos de L’illusion nationale.
5 Jürgen E. Muller, « Vers l’intermédialité. Histoires, positions et options d’un axe de pertinence », Médiamorphoses, n° 16, avril 2006, p. 99-110.
6 Prolégomènes pour une définition de l’intermédialité, 2014, en ligne : https://cinemadoc.hypotheses.org/2855.