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> Les journées formation de la Sfsic
L’offre de formations en master et ses enjeux face aux axes stratégiques des universités et des nomenclatures des noms de formations
Texte intégral
1La présentation proposée le 17 novembre 2017 aux assises de la formation de la SFSIC partait d’un constat paradoxal. Si l’offre de formation française en Information – Communication est bien réelle et plurielle, elle ne permet pas pour autant d’envisager les années à venir avec sérénité. Dans un contexte de grands regroupements à l’œuvre entre les sites universitaires (COMUE, fusions, associations) qui brouillent les cartes et fragilisent les équilibres construits après des années de négociations au sein des instances et entre les disciplines, les SIC disposent de nombreux atouts, mais les défis sont conséquents.
2En termes d’atouts, notre filière, très dynamique depuis une trentaine d’années, se révèle toujours aussi attractive pour les étudiants que ce soit à l’Université, ou en IUT où elle compte un nombre non négligeable de départements (19). Cette attractivité sur le terrain de la formation a permis la création d’un nombre croissant de postes d’enseignants-chercheurs et aidé de ce fait à l’émergence et la structuration entre 1974 et 1975 de notre discipline scientifique (71e section). Les formations sont donc nombreuses, très variées, et réparties de façon assez homogène sur le territoire (voir la cartographie proposée par Elise Maas et Laurent Collet de la commission Formation).
3Pour autant, malgré ce succès, les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) ont encore du mal à exister dans les instances universitaires pour plusieurs raisons. L’une d’elles réside dans le fait que les UFR en SIC sont trop peu nombreuses par rapport au nombre de départements SIC rattachés à des UFR assez hétérogènes (LASH, PHILLIA, DECCID, etc.). Il en résulte que chacune de ces composantes ayant ses spécificités, et souvent un nombre varié de disciplines rattachées (lettres, langues, sémiologie, informatique, éducation, esthétique, philosophie), on assiste à une grande hétérogénéité de la représentation des formations, des laboratoires et du nombre de collègues recrutés en 71e section.
4Par ailleurs, avec l’autonomisation des universités, il s’agit aussi pour les porteurs de formation de penser celles-ci en tenant compte d’un nombre de plus en plus important de contraintes tant sur le plan de la soutenabilité pédagogique (ancrage scientifique et distance critique à préserver, contenus pratiques toujours plus demandés par les étudiants, approche croissante par les compétences, taux d’insertion professionnelle à respecter, obligation de référencement à l’aide de codes ROM et de fiches RNCP) que de la soutenabilité économique (moyens constants en postes et en heures maquettes, sous-encadrement structurel, nécessité de recherche de fonds propres, sollicitations fortes de développement à l’international).
5Enfin, l’un des défis, et non des moindres, consiste pour les acteurs de la formation, et plus largement pour tous les membres de la discipline, à préserver les licences générales en information – communication. L’enjeu est stratégique pour la filière. En effet, avec la non-sélectivité post-bac, ces formations drainent un flux considérable d’étudiants alors que les moyens humains sont limités, et que dans le même temps le ministère a fixé des attentes difficiles à satisfaire sur le plan de leur réussite… À terme, ces conditions peuvent potentiellement décourager les collègues porteurs de ces formations et progressivement aboutir à leur fermeture, avec pour effet à moyen terme de provoquer un assèchement des flux en masters.
6Pour terminer, ces derniers voient eux aussi leur avenir conditionné par de récentes réformes. Parmi celles-ci, la réduction drastique de la liste des mentions masters (de 5 000 à 251) et la suppression des spécialités présente mécaniquement un risque de dilution des mentions directement liées à l’Information-Communication. L’analyse de la liste en question porte ainsi à 20 le nombre de celles-ci, ce qui risque dans les années à venir de créer des confusions au moment des choix d’orientations des futurs étudiants.
7Ce bref constat peut sembler pessimiste sur le plan institutionnel. Mais à l’heure du développement massif des dispositifs d’information et de la communication se révèlent des leviers essentiels de transformation par le numérique de nos sociétés, les SIC ont un rôle central à jouer sur le plan de la formation. Elles sont parfaitement légitimes sur ces aspects, car elles ont produit un nombre conséquent de réflexions, d’observations et de connaissances, tant du point de vue des questions de conception et de production, que des études de la réception. Grâce à cette connaissance produite par la recherche, c’est sans doute aussi sur le plan de l’innovation pédagogique que les SIC peuvent agir en étant à même de proposer un large éventail de formations pour relever ces défis et accompagner les futurs acteurs professionnels ou scientifiques dans le numérique.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Philippe Bonfils
Directeur de l’Ufr Ingémédia. Université de Toulon