CARTE BLANCHE AUX JEUNES CHERCHEURS
Penser la relation de solidarité internationale en interrogeant ses concepts et les représentations sociales de ses acteurs
Table des matières
Texte intégral
1L’expérience et les recherches menées1 nous montrent que la solidarité internationale est souvent réduite à une aide du nord vers le sud, porteuse de hiérarchisation sociale (Laville 2010). Cette aide unilatérale pourrait pourtant être de moindre mesure, du fait de la généralisation du terme solidarité internationale au cours des années 80. Au contraire, elle est toujours bien actuelle. En effet, le terme solidarité semble avoir connu un déplacement de sens : d’une relation égalitaire et « réciprocitaire » entre les humains cherchant à agir ensemble dans un intérêt commun à une aide philanthropique hiérarchisante. L’aide serait alors ancrée dans nos façons de penser le rapport à autrui.
2Notre recherche s’attache, dans un premier temps, à penser la solidarité internationale. Cela revient, d’une part, à étudier le sens construit autour de cette idée. Nous appréhendons cette construction de sens de trois manières : les concepts, ou comment les associations désignent la solidarité internationale, leur identité et leurs pratiques ; les représentations sociales, ou comment les associations pensent la solidarité internationale ; et la réception, ou comment est comprise et perçue la solidarité internationale communiquée par les associations. Il est proposé de développer une approche pluridisciplinaire mêlant les apports des sciences de l’information et de la communication et de la psychologie sociale (Bernard 2015). Par une recherche sur la communication politique des associations de solidarité internationale, nous allons, d’une part, au-delà de la communication marketing humanitaire et, d’autre part, nous tentons de dépasser une opposition entre deux moments supposés de la communication, production et réception, afin de les penser ensemble, dans une construction de sens. D’un point de vue méthodologique, nous procédons, pour les concepts, à une recherche documentaire ainsi qu’à une analyse de discours2 ; à une étude des contenus et de la structure des représentations sociales3 et enfin, à une étude de réception de la communication politique des associations de solidarité internationale.
3Dans un second temps, il s’agit de repenser la solidarité internationale, grâce à une posture réflexive, avec des acteurs de la solidarité internationale. L’horizon de cette recherche est de travailler sur des processus communicationnels réinscrivant la solidarité dans une approche réciprocitaire et issue de la société civile, plutôt que philanthropique. Cela fait l’objet d’une recherche-action, au sein d’un Réseau régional multi-acteurs pour la coopération et la solidarité internationale (CERAPCOOP). Cette recherche-action se justifie par un enjeu de transformation du social et par un souhait collectif de relier pensée et action, dans un secteur où l’urgence et la réaction priment souvent. Chercheurs et acteurs de la solidarité internationale se réinscriront donc dans un temps long et questionneront des idées et des pratiques de solidarité internationale. À cet effet, un projet est mené à Clermont-Ferrand par les associations Kodon et Cerapcoop : le Grin. Le Grin (nom malien) est un espace de causeries et de ressources invitant à s’étonner des opinions que l’on a adoptées ; à questionner notre relation au monde et nos représentations ; à s’ouvrir à la multiplicité des façons de penser. Il s’agit bien ici de « développer une approche délibérative » ou autrement dit « une communication politique qui vise à créer du commun, à fonder une culture politique commune respectant la diversité culturelle de chacun, en créant un conflit intégrateur (Simmel, 1995) au sein de l’espace public » (Dacheux 2016, p. 97). Ces espaces vont donc dans le sens de la construction d’une société plurielle et réflexive.
4Maintenant que nous avons succinctement présenté le processus général de la recherche en cours, nous allons nous focaliser ici sur la solidarité internationale appréhendée par le prisme des concepts et leur usage par les associations, pour désigner leur identité et leurs pratiques. Nous verrons que les pratiques de solidarité internationale les plus répandues, l’humanitaire et le développement, sont marquées dans les discours et les représentations sociales par une forme de « colonialité » (Quijano 1994), et semblent particulièrement inscrites dans une solidarité philanthropique (Laville 2010). Nous allons d’abord revenir sur les définitions de la solidarité et de ses pratiques, afin de mettre en exergue les déplacements de sens qu’elle rencontre et la hiérarchisation sociale qu’elle véhicule. Ensuite, nous nous intéresserons à la « colonialité » en tant que possible paradigme des pratiques de solidarité internationale4.
Les définitions théoriques et pratiques des solidarités internationales
5Le terme solidaire, d’après le Trésor de la Langue Française, et par extension celui de solidarité, se réfère au droit du 16ème siècle et provient du latin In solidum signifiant pour le tout ou encore ce qui « unit les personnes tenues par une obligation solidaire ». La solidarité est alors un « lien contracté par des personnes répondant en commun d’une obligation solidaire » (Trésor de la langue française (TLFi)). In solidum est lui-même issu de solidus signifiant solide, massif, compact et également pièce d’or (sou). En d’autres mots, la solidarité des éléments confère au tout sa solidité. C’est en 1737, que le terme va au-delà du droit pour désigner, de façon plus large, le « rapport de dépendance réciproque entre des personnes » (Ibid.).
6L’expression solidarité internationale est plus tardive. Les associations de développement se désignent dans les années 1980 comme associations de solidarité internationale. Elle serait une expression chapeau pour regrouper ce qu’on appelle l’humanitaire, le développement et l’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI)5. Les définitions de ces trois pratiques par le CRID6 montrent qu’elles divergent dans leur nature ainsi que dans la fin qu’elles poursuivent.
7Tout d’abord, la solidarité internationale « c’est prendre en compte la réalité des inégalités, en comprendre les causes et agir pour les combattre. Tous les acteurs de la société peuvent s’y engager : pouvoirs publics, collectivités territoriales, entreprises, médias, organisations syndicales, associations…chaque citoyen est concerné ». Ce concept comprendrait l’humanitaire : « action qui intervient généralement en cas d’urgence pour essayer de limiter les conséquences d’une situation désastreuse » ; le développement : « un processus global d’amélioration des conditions de vie d’une communauté sur les plans économique, social, culturel ou politique, se montrant économiquement efficace, écologiquement soutenable et socialement équitable » ; et enfin l’Éducation à la Citoyenneté et à la solidarité Internationale (ECSI) : « une démarche pédagogique destinée à informer, sensibiliser, responsabiliser les citoyens sur les interdépendances économiques, politiques et sociales à l’échelle mondiale. »
8La prise en compte « des causes des inégalités » prônée par l’expression chapeau est délibérément absente de la philosophie humanitaire et seulement présente à un niveau micro dans les principes du développement (accès à l’eau et à l’école par exemple). En revanche, l’ECSI semble avoir une définition non contradictoire avec celle de la solidarité internationale.
9Les deux pratiques les plus courantes en matière de solidarité internationale, l’humanitaire et le développement, sont l’objet d’une relation entre pays dits du nord et du sud se matérialisant, communément, par une forme d’aide du nord vers le sud, ce que l’on nomme coopération dans le vocable de la diplomatie. Or, nous l’avons vu, solidarité et aide sont deux concepts différents. Cette réduction de la solidarité internationale à l’aide s’illustre par l’usage des concepts par les acteurs de la solidarité internationale et par une étude des représentations sociales.
Les usages des concepts par les acteurs de la solidarité internationale
10Si l’expression solidarité internationale regroupe aujourd’hui les trois pratiques citées (humanitaire, développement, ECSI), elle fut d’abord un terme pour remplacer celui de développement. Malgré les critiques qui lui sont faites, citons par exemple F.Partant pour qui le développement reste « un projet inspiré par les mêmes idées que la conquête et la domination coloniales (Partant 1982, p. 27). « […] ceux qui hier les civilisaient, aujourd’hui les développent » (Ibid, p. 25) ; le champ lexical du développement est toujours présent dans les discours des associations comme l’atteste la façon dont des associations portant des projets de développement expriment leur identité7. Le Secours catholique, sur sa page de présentation cite quatre fois le terme développement, le CCFD-Terre Solidaire 14 fois8 et 11 fois pour le Secours populaire. Si elles font référence à une relation partenariale et critiquent une vision paternaliste, on retrouve cependant une approche binaire reposant sur le développement des populations : le « nous » des associations et les « plus pauvres » (Secours catholique), « les victimes » (Secours populaire), les « bénéficiaires » des pays pauvres (CCFD). En agissant pour qu’autrui soit « acteur de sa propre histoire » (CCFD) ou « autonome » (Secours catholique), ces capacités ne semblent pas lui être reconnues. Parce que la notion de développement est surtout employée pour les questions internationales9, cela laisse penser que la rencontre est moins avec l’autre en tant qu’altérité qu’avec l’autre sous-développé. Les associations s’entendent sur une même définition de la solidarité qui se caractériserait par une « aide », « un soutien » à autrui10.
11Quant à l’humanitaire, il tend, pour les non-spécialistes, à recouvrir toute action de solidarité internationale11 en s’imposant à l’opinion publique, du fait des grandes campagnes de communication des sans-frontiéristes. Cependant, les associations humanitaires ne se désignent pas nécessairement comme des organismes de solidarité internationale12. Médecins sans frontières (MSF) et Action contre la faim (ACF), par exemple, se revendiquent de « l’humanitaire » et de « l’urgence » et n’emploient ni les termes de solidarité, de solidarité internationale ni de développement. Cela est différent pour Handicap International (HI) qui se qualifie d’organisation de solidarité internationale et emploie le terme de développement. Elles ont une approche technicienne « pratiques de soin » (ACF), « appareillage » (HI), « assistance médicale » (MSF) et s’intéressent aux effets des crises et des inégalités sur les individus, en tant que « victimes ». L’humanitaire, tel qu’il est décrit par les organisations étudiées repose sur une solidarité philanthropique et une idéologie compassionnelle (Dachy 2003). Cependant, on voit également un engagement plus politique et revendicatif, au sein d’ACF et HI : en s’impliquant dans le plaidoyer, les associations montrent leur intérêt pour des causes sociales.
12Qu’il s’agisse des associations humanitaires ou de développement, les rôles du nord aidant et du sud aidé sont clairement identifiés. Alors qu’en matière de développement la figure de l’aidé est le « pauvre », pour l’humanitaire il s’agit de la « victime ». L’action ne concerne pas une transformation des relations nord-sud ou des relations de chacun au monde (ce qui peut être plus le cas de l’ECSI) mais une aide portée aux individus pour l’accès à leurs droits fondamentaux, à plus ou moins long terme. Des rôles propres et distribués risquent d’ancrer une hiérarchie sociale : l’occident possesseur de savoirs et de techniques et les pays pauvres victimes : « On impose au réel une grille de lecture simple, fabriquée par une vision victimaire, exclusive, dévorante du monde » (Brauman 2009, p. 94).
13Concernant maintenant la troisième pratique de solidarité internationale, l’ECSI, celle-ci peut se concrétiser par une forme de communication pour légitimer des projets de développement voire humanitaires. Notons que, jusqu’en 2013, elle était d’ailleurs nommée Education au développement et à la solidarité internationale. Alors que l’éducation au développement prolongeait les théories du développement, l’ECSI deviendrait un espace de critique du modèle de développement dominant (croissance) et entrerait dans le champ politique avec des campagnes de plaidoyer. Cependant, on retrouve le vocabulaire de la solidarité philanthropique et du développement dans les discours des associations étudiées13. Ritimo se réfère une fois au terme de développement14, le CRID 17 fois et le CFSI trois fois. L’une d’entre elles (Ritimo) semble avoir une autre approche, cela s’explique certainement par le fait qu’elle ne porte ni actions humanitaires ni de développement. Pour celle-ci, son rôle en matière d’éducation à est de contrebalancer une « vision misérabiliste du Sud » et d’opérer un changement de regard pour construire « des relations politiques, économiques et sociales plus justes » de par le monde.
14L’humanitaire et le développement, en se focalisant sur l’aide, répondent plutôt aux conséquences individuelles des inégalités, ils engagent alors la responsabilité individuelle. Ils n’ont pas une visée transformatrice de la société mais font plutôt en sorte que les individus soient dans une situation de résilience. Cette résilience a son sens pour s’adapter à son milieu de vie naturel, mais elle pose plus question quand il s’agit de s’adapter à un système dominant qui ne cesse de creuser les inégalités. Certaines formes d’ECSI, au contraire, peuvent s’intéresser aux inégalités engendrées par la société, et engagent, la responsabilité collective.
15Maintenant que nous avons explicité l’expression de solidarité internationale, que nous avons pu constater qu’elle a connu un déplacement de sens semblant être contradictoire avec sa définition étymologique ; nous allons maintenant évoquer pourquoi la solidarité internationale semble être un reflet d’une forme de « colonialité » (Quijano 1994 ; Grosfoguel 2006). Pour cela, nous nous intéressons aux façons de penser la solidarité internationale à travers une étude des représentations sociales. Ces représentations semblent s’inscrire dans un processus de colonialité.
Représentations sociales et colonialité de la solidarité internationale
16Etudier les représentations sociales revient à étudier comment un objet est pensé par une communauté (Moscovici 1993). Les résultats de cette étude15 dégagent deux approches principales de la solidarité internationale. La première est basée sur l’égalité, le sentiment d’interdépendance et d’action dans un but commun pour l’humain. Les termes de « partenariat » et d’« échange » sont particulièrement mentionnés. Les contenus cités sont presque exclusivement jugés positifs par les personnes interviewées. Cependant, les contradictions parmi les éléments clés de la représentation dénotent un phénomène de masquage. La seconde approche fait référence à une relation d’aide unilatérale, renvoyant donc, tout comme les discours à une dimension philanthropique. Les termes cités sont par exemple « charité », « aide », « dons » pour « l’autre » « démuni » avec des sentiments de « peur », de « pitié » (Garlot 2016).
17Nos résultats nous montrent que, d’une part, il y a bien des représentations sociales de la solidarité internationale et que d’autre part ces représentations ont une zone muette, c’est-à-dire des éléments non verbalisés spontanément, dévoilés avec une approche de substitution16 (Abric 2003, p. 75). La solidarité internationale est très liée au rapport à autrui, pouvant être tabou. En effet, la zone muette comprend les stéréotypes et les préjugés négatifs liés à l’altérité ainsi que les représentations négatives de l’action solidaire, par exemple. Les représentations sociales dévoilées par cette zone muette présentent des points communs avec le concept de « colonialité » (Quijano 1994 ; Grosfoguel 2006).
18La colonialité serait l’ensemble de hiérarchies intégrées et transmises depuis l’expansion européenne au 15ème siècle, et participerait à la structuration de nos façons d’appréhender le monde et les différences. Ces hiérarchies sont de tous ordres : raciales, sexuelles, pédagogiques, et s’enchevêtrent. Autrement dit, les formes de pensées et d’actions sont traversées par la supériorité de l’occident sur le non-occident. Ici, l’occident n’est pas la localisation géographique mais la localisation épistémique c’est-à-dire « une position à l’intérieur de rapports de pouvoir et comme un certain type d’épistémologie » (Rougier et Grosfoguel 2016, p. 8). Ces différentes hiérarchies constituent la colonialité dans le sens où elles sont intériorisées de part et d’autre.
19Le premier concept mis au jour par le sociologue Anibal Quijano est la colonialité du pouvoir. Elle serait « la matrice du dispositif de domination globale » (Rougier 2016, p. 2) structurant l’existence humaine. Sa principale caractéristique est « la domination par des méthodes non exclusivement coercitives : il ne s’agit pas seulement de réprimer physiquement les dominés, mais de réussir qu’ils naturalisent l’imaginaire culturel européen comme l’unique forme « civilisée » et « développée » d’être en rapport avec la nature, le monde social et la subjectivité » (Hurtado-Lopez 2013, p. 336). La colonialité s’applique également à la sphère du savoir. La colonialité du savoir « fait référence à la dimension épistémique de la colonialité du pouvoir, c’est-à-dire à la marginalisation, la folklorisation et l’invisibilisation d’une multiplicité de connaissances qui ne répondaient pas aux modalités de production de connaissance occidentales » (Ibid., p. 339). Enfin la colonialité de l’être, qui s’exprime par « une stratégie rationnelle d’atténuation de la différence » et « par une mise en cause rationnelle de l’appartenance au genre humain » des peuples non occidentaux (Ajari 2016).
20La colonialité serait le pendant de la modernité17 et donc d’une forme d’universalisme ou d’hégémonisme qui pose particulièrement question dans un contexte de solidarité internationale. Un point de vue situé est rendu universel du fait que ces « localisations épistémiques » soient cachées (Grosfoguel 2006, p. 53), c’est ce que le philosophe colombien Santiago Gomez appelle « épistémologie du point zéro » (Ibid.). C’est celle-ci qui autorise de considérer son savoir comme universel, contrairement à d’autres connaissances dites particularistes. Ainsi, une hiérarchie des connaissances coexisterait avec une hiérarchie des êtres.
21Les discours et les représentations sociales de la solidarité internationale décrites semblent s’inscrire dans une forme de colonialité propre au paradigme de la modernité. La solidarité internationale, lorsqu’elle est réduite à de l’aide internationale, véhiculerait une hiérarchie de pouvoir, des savoirs et des êtres. En effet, selon J-L. Laville, la solidarité philanthropique est « porteuse d’un dispositif de hiérarchisation sociale et de maintien des inégalités adossé sur les réseaux sociaux de proximité » (Laville 2010, p. 2). Pour J. Palmieri, « cette aide, cet appui, ce soutien, répondent à l’idée évolutionniste d’une modernité civilisée détenue par l’Occident, compréhensif, évolué, ouvert au concept de genre par exemple, capable de se transformer, de faire changer les choses, en réaction à la barbarie de ceux à qui ils s’adressent sans pour autant qu’ils soient consultés, laissés volontairement à la périphérie, hors du champ du pouvoir, ceux qu’on nomme les subalternes. » (Palmieri 2015).
Pour conclure
22Les discours et les représentations étudiés illustrent l’acception philanthropique courante de la solidarité internationale et par là même une forme de « colonialité ». Cependant, les discours, sont insuffisants pour comprendre la solidarité internationale puisqu’ils constituent la vitrine externe des associations. Au-delà de l’identité affichée, il s’agit, d’une part, d’interroger les représentations sociales des acteurs de la solidarité internationale. Les études conduites en 2015 sur les représentations sociales de la solidarité internationale, semblent nous montrer une grande cohérence entre identité affichée et représentations en matière de solidarité internationale. Cela reste à confirmer par d’autres entretiens. Une contradiction existerait donc entre l’étymologie du mot solidarité et le sens véhiculé par les associations de solidarité internationale. D’autre part, l’enjeu est d’approfondir le sens construit autour de la solidarité internationale en se préoccupant de ce qui est compris par des citoyens non-spécialistes. Cette étude de réception apportera des pistes de réflexion quant à l’entretien d’une forme de « colonialité », par les pratiques communicationnelles des acteurs de la solidarité internationale.
Bibliographie
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Garlot Florine, 2016, Interroger les représentations sociales pour construire un monde pluriel, http://www.iddlab.org/, 2016, consulté le 2 mai 2017.
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Hurtado-Lopez Fátima, 2013, Dialogues philosophiques Europe-Amérique latine : vers un universalisme ouvert à la diversité,Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne, Universidad de Granada, s.l., 559 p.
Moscovivi Serge in Jodelet Denise, 1993, Les représentations sociales, Paris, Presses universitaires de France.
Laville Jean-Louis, 2010, Politique de l’association, Paris, Seuil (coll. « Economie humaine »), 354 p.
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Rougier Claude, 2016, Présentation de la RED, https://reseaudecolonial.org/2016/09/03/information/, 3 septembre 2016, consulté le 24 février 2017.
Rougier Claude et Grosfoguel Ramón, 2016, Entretien avec Ramón Grosfoguel, https://reseaudecolonial.org/2016/09/02/entretien/, 2 septembre 2016, consulté le 24 février 2017.
Touraine Alain, 1998, Critique de la modernité, Paris, Fayard, 462 p.
Notes
1 Recherches documentaires, analyse de discours et étude des représentations sociales menées dans le cadre d’un travail de thèse en sciences de l’information et de la communication (SIC).
2 Analyse du discours de neuf associations de solidarité internationale sur leur site internet, dans leur rubrique « qui sommes-nous ». Le choix des ONG pour les thématiques humanitaire et développement est fait selon les critères suivants : associations françaises aux plus gros budgets (http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/special-associations/associations-caritatives-auxquelles-donner-en-confiance) identifiées comme étant de solidarité internationale (leurs données sont étudiées par Coordination SUD (http://www.coordinationsud.org/wp-content/uploads/Etude-Argent-et-associations-de-solidarit---internationale-2006-2011-vf.pdf). Concernant les associations d’ECSI (Education à la citoyenneté et à la solidarité internationale), la seule qui apparaît dans le classement des ressources Capital est le CFSI (Collectif français de solidarité internationale). Pour les deux autres, ce sont les deux seules associations françaises étudiées par Coordination SUD, dans son étude Argent et associations de solidarité internationale 2006-2011, et associées à l’ECSI.
3 Pour mener à bien cette recherche, nous avons interviewé 31 personnes représentantes de structures diverses : établissements scolaires, associations, collectivités territoriales menant des projets de solidarité internationale, ainsi que des médias ayant déjà traité ces sujets et quelques élus de la solidarité internationale. Nous avons choisi de nous intéresser aux acteurs impliqués dans la solidarité internationale, qui communiquent autour de la solidarité internationale et qui participent particulièrement à la construction de sens sur cette thématique (Garlot 2016).
4 Ce contenu fait partiellement l’objet d’une publication à paraître en Juin 2017, au sein de la collection Communication et Civilisation de l’Harmattan.
5 Une définition de solidarité internationale regroupant les concepts de développement, d’humanitaire et d’ECSI a été modélisée par l’association CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement). De plus, les associations humanitaires, de développement et d’ECSI sont identifiées par Coordination sud (la plateforme française des associations de solidarité internationale) comme des associations de solidarité internationale. Les acteurs s’auto-désignent souvent ainsi.
6 Centre de Recherche et d’Information pour le Développement. Ce réseau, créé en 1976 par 8 associations de solidarité internationale, regroupe en 2016 une cinquantaine de membres (http://www.CRID.asso.fr/, consulté le 07/09/2016).
7 Etude des rubriques « qui sommes-nous » ou équivalentes des sites internet du CCFD Terre solidaire, du Secours Catholique et du Secours populaire.
8 Nous ne comptabilisons pas le terme développement constitutif de nom de l’association (Comité catholique contre la faim et pour le développement), quand celui-ci est cité.
9 Les deux associations agissant en France et à l’International n’emploient le terme de développement que pour l’International.
10 En plus de l’aide, des campagnes de dénonciation sont menées par les associations, celles-ci peuvent s’inscrire dans le troisième axe de la solidarité internationale : l’ECSI.
11 Notre relation quotidienne au CERAPCOOP avec des porteurs de projets nous permet d’affirmer, que l’on étend le terme humanitaire au-delà de son acception.
12 Nous nous sommes intéressées aux rubriques « qui sommes-nous » des associations suivantes : MSF (Médecins sans frontières), ACF (Action contre la faim) et HI (Handicap international).
13 Nous nous sommes intéressées aux rubriques « qui sommes-nous » des associations suivantes : le CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement), le CFSI (Collectif français de solidarité internationale) et Ritimo (Réseau d’information et de documentation pour la solidarité et le développement durable).
14 Nous ne comptabilisons pas le terme développement constitutif de nom de l’association (réseau d’information et de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale), quand celui-ci est cité.
15 Utilisation d’une méthodologie issue de la psychologie sociale : les réseaux d’association (De rosa, 2003). Le recueil du contenu s’élabore en proposant aux personnes interrogées d’écrire tous les termes leur venant à l’esprit à l’évocation de l’expression « solidarité internationale ». Des jeux de ramifications et de connexions permettent d’avoir plus d’information sur le sens des termes choisis par la personne interrogée. Nous avons demandé à l’interviewé de classer les termes en fonction de leur importance et d’indiquer s’il considère ces termes comme positifs ou négatifs. Le corpus ainsi constitué permet d’avoir trois indicateurs principaux : la fréquence d’apparition du terme, le score d’importance accordé et la polarité du terme. Lorsque les scores de fréquence et d’importance sont élevés, les termes identifiés constituent la zone du noyau et sont donc plus caractéristiques de l’objet étudié, c’est-à-dire la solidarité internationale. Nous avons soumis deux réseaux d’association à chaque personne interrogée. La consigne générale pour le premier réseau d’association était : « quels sont les termes qui vous viennent à l’esprit quand on parle de solidarité internationale ». La consigne générale du second réseau d’association était : « à votre avis, quels sont les termes qui viennent à l’esprit du grand public quand on parle de solidarité internationale ? ». Cette méthode, dite de substitution, permet de faire émerger la zone muette, c’est-à-dire des croyances et des connaissances difficilement verbalisables. Si elles sont exprimées, elles peuvent nuire à l’image du locuteur ou être en contradiction avec les normes en vigueur dans la société.
16 Nous avons soumis deux réseaux d’association à chaque personne interrogée. La consigne générale pour le premier réseau d’association était : « quels sont les termes qui vous viennent à l’esprit quand on parle de solidarité internationale ». La consigne générale du second réseau d’association était : « à votre avis, quels sont les termes qui viennent à l’esprit du grand public quand on parle de solidarité internationale ? ». Cette méthode, dite de substitution, permet de faire émerger la zone muette, c’est-à-dire des croyances et des connaissances difficilement verbalisables. Si elles sont exprimées, elles peuvent nuire à l’image du locuteur ou être en contradiction avec les normes en vigueur dans la société.
17 Pour Koselleck, la modernité est un « ensemble de normes socioculturelles et de pratiques fondé sur une foi inaltérable dans le progrès » (Pestre et Damme 2015). Alain Touraine définit la modernité comme une correspondance, par le triomphe de la raison, « d’une culture scientifique, d’une société ordonnée et d’individus libres [...]. L’humanité, en agissant selon ses lois, avance à la fois vers l’abondance, la liberté et le bonheur » (Touraine 1998, p. 11)
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Florine Garlot
Université Clermont Auvergne, Laboratoire communication et sociétés (EA 4647). Courriel : florine.garlot@live.fr