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HOMMAGES
Martine Joly
Texte intégral
1En disparaissant brutalement au début de cette année 2016, Martine Joly a laissé à notre communauté scientifique l’image d’une grande spécialiste de l’image. Celle-ci aura en effet été d’une manière constante au centre de sa carrière, aussi bien dans ses enseignements que dans ses recherches et ses publications. Ce fut d’abord dans l’enseignement secondaire qu’elle s’intéressa aux rapports entre enseignement et lecture de l’image. Participant dans les années 70 aux recherches appliquées du programme Selicav, piloté par René Laborderie au CRDP de Bordeaux, elle y rencontra Christian Metz. Le théoricien d’une approche sémio-linguistique du film était aussi ouvert à la didactique et Martine Joly fit partie de son séminaire qui se tint dans les années 70, 80 à l’EHESS. S’y retrouvaient de jeunes chercheurs devenus plus tard des spécialistes reconnus de l’image et des proches de Martine Joly, comme Geneviève Jacquinot, Roger Odin, Francis Vanoye.
2Auteure d’une thèse en Sciences de l’information et de la communication, consacrée aux questions de la réception de l’image, Martine Joly entra à Bordeaux Montaigne à l’IUP ISIC. Elle reliait toujours étroitement ses enseignements à ses écrits universitaires et ses cours de sémiologie de l’image dispensés à des étudiants en production audiovisuelle et en écriture de scénario, débouchèrent au fil des ans sur d’importantes publications. Ce fut d’abord en 1994, l’Introduction à l’analyse de l’image (Nathan, 128), ouvrage réédité plusieurs fois et traduit en plusieurs langues. L’auteure y proposait une démarche d’analyse des images fixes et mobiles, d’information, de publicité et d’art, basée sur de solides références théoriques en sémiologie. Vint ensuite L’image et les signes (Nathan Université 1997), ouvrage plus théorique, mais toujours destiné aux étudiants et aux professionnels de l’information qui explorait sémiologiquement la production de sens par les images. En 2002 L’image et son interprétation (Nathan Université 2002) se centrait plus sur le spectateur et sa réception des images, en analysant ses attentes, ses engagements, sa réceptivité. Sous la direction de Francis Vanoye, Martine Joly participa plus récemment à la rédaction du Dictionnaire de l’image (Goliot-Lété, Joly, Lancien, Le Mée, Vanoye, Vuibert, 2006), tandis que ses intérêts s’ouvraient aux rapports entre images et interculturel, aux pouvoirs de l’image (Les pouvoirs de l’image, Figures de l’art n° 11) et à la nouvelle prolifération des images comme en témoignent différents articles.
3Très engagée dans la vie de l’université, Martine Joly fut directrice de l’IUP ISIC de 1998 à 2003. Dans le domaine de la recherche, elle créa l’équipe d’accueil 2959 IMAGINES (Images, histoire, société) regroupant des chercheurs travaillant de manière transversale sur les représentations visuelles sous toutes leurs formes, sur leur contexte d’apparition et sur leur environnement d’interprétation. Partie à la retraite en 2003, elle œuvra encore pour son université, en devenant responsable d’un programme regroupant les régions Aquitaine et Souss Massa Drâa, pour la mise en place de formations cinéma à Ouarzazate, antenne de l’université d’Agadir. Ce fut dans le cadre de ce programme que fut créée une licence de cinéma et que furent organisés deux colloques internationaux, l’un sur l’interculturel dans la formation à l’image (Ouarzazate, juin 2009), l’autre sur la place des technologies dans l’enseignement supérieur (Ouarzazate, décembre 2014).
4Curieuse des autres, ouverte aux cultures du monde, Martine Joly dispensa des conférences dans de nombreux pays, fut conférencière de l’Université de tous les savoirs et passa six mois comme professeur invitée à l’Université de Manchester.
5Beaucoup d’entre nous, étudiants, enseignants gardent le souvenir d’une grande universitaire animée par la passion de la transmission. La recherche pour elle n’avait de sens que si elle pouvait profiter aux autres.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Thierry Lancien
Université de Bordeaux Montaigne – MICA