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Les technologies numériques dans le champ du travail social et médico-social
Texte intégral
1Les technologies du numérique et de l’Internet sont déjà étudiées dans de nombreux champs professionnels où elles contribuent à générer ou à accompagner des pratiques individuelles et collectives dans des relations au travail, désormais résolument en réseaux. Le Conseil supérieur du travail social (Romier, 2001) s’était intéressé, il y a plus de dix ans, à ces développements alors à leurs balbutiements pour en signaler, classiquement, les enjeux et les écueils. Désormais, ces technologies sont de plus en plus mobilisées dans les champs professionnels du social et du médico-social et plus généralement, dans le monde de la santé (Alemanno, 2014). Nous pouvons maintenant caractériser les premiers impacts sur les pratiques professionnelles et sur les modes de communication dans les organisations de ces champs.
2Pour penser ces évolutions et impacts, nous les intégrons à la notion plus vaste de Dispositifs Sociotechniques d’Information et de communication (DISTIC), en référence à l’appropriation personnelle et aux usages qui en découlent, eux-mêmes fortement inscrits dans un vaste contexte culturel et social. Ainsi loin d’entrainer la disparition du travailleur social et des professionnels de la santé, ces dispositifs numériques s’insèrent dans un processus de co-construction tripartite entre l’usager, la technologie numérique et le professionnel. Pour saisir et qualifier ces transformations, il est indispensable d’initier une observation des pratiques de terrain mises à l’épreuve par ces technologies. En lien avec un groupement national (www.gepso.com), nous déployons un nouvel espace de recherche pour mesurer le transfert des connaissances et des « innovations » vers les établissements sociaux, médico-sociaux et sanitaires comme vers le champ de l’animation (Daragon, Carton, 2013).
3Il s’agira de développer des Recherches-actions (RA) – dans douze sites de la région PACA confrontés à ces problématiques de plus en plus prégnantes. Quel rôle inédit joue le travailleur social dans l’appropriation de ces technologies ? Quels autres usages se construisent, au cœur d’un processus de réflexivité entre usages et savoirs ? Dans quelle mesure, le travail social comme forme de médiation dans la relation à l’autre, est-il remodelé par ces technologies ? Enfin, comment ces dernières participent-elles d’un nouvel imaginaire de la condition de la dépendance et des handicaps ? Les premières observations nous permettent déjà d’avancer que les professionnels eux aussi imaginent et s’impliquent dans le développement d’outils à forte valeur technologique ou à visée « éducommunicationnelle » (Bonjour, Meyer, 2013).
4Fondée sur une logique inductive, cette démarche suggère également une autre grille de lecture des usages et des « innovations » suscitées. Ces évolutions participent d’une « sociotique » (Meyer, 2004) qu’il faut problématiser à nouveaux frais car ces technologies et leurs promoteurs/développeurs sont placés au cœur d’un vaste système d’enjeux contemporains, entre préoccupations économiques, stratégies politiques, cadres juridiques, dispositions éthiques et symboliques (Batazzi, 2013).
5Un colloque interdisciplinaire (septembre 2014) nous permettra de poser les bases de ces RA avec un questionnement qui ouvre aussi sur le champ de la santé i.e. quels seraient les dispositifs et usages des technologies numériques à développer dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, et à quelles conditions ? Ce colloque sera l’occasion de qualifier des retours d’expérience sur les usages, comme d’éventuels détournements de différentes fonctionnalités des objets propres aux technologies numériques. Ce faisant, il s’agira d’évaluer les modes de coopération ou d’investissement souhaitables entre les professionnels, leurs décideurs, les chercheurs et les développeurs.
Bibliographie
ALEMANNO S.P. (2014), L’engagement dans le métier à l’épreuve des mutations organisationnelles ; les professionnels de santé, in L’engagement, de la société aux organisations, Sous la direction de Richard Delaye et Pascal Lardellier, Paris, L’Harmattan.
BATAZZI C. (2013), Pour une lecture symbolique des organisations : une mise en perspective communicationnelle de la question de la forme, Mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches, garant le Pr. Pascal Lardellier, Université de Bourgogne.
BONJOUR A., MEYER V. (2013), « Éducommunication, stimulation cognitive et évaluation des pratiques : un triangle vertueux pour la prise en charge du handicap mental ? », MEI 36, Handicap et Communication, pp. 181-190.
DARAGON E., CARTON E. (2013), L’animation – Parcours de professionnels, Paris, Ed. l’Harmattan Paris.
MEYER V. (2004), Interventions sociales, communications et médias- L’émergence du sociomédiatique, Paris, Ed. L’harmattan.
ROMIER G., 2001, Les nouvelles technologies de l’information et de la communication et travail social, Rapport du Conseil supérieur du travail social à la ministre de L’Emploi et de la Solidarité, Rennes, Ed. EHESP.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Vincent Meyer
UNSA, Vincent.MEYER@unice.fr
Quelques mots à propos de : Claudine Batazzi
Quelques mots à propos de : Elise Daragon
UNSA, daragon@unice.fr