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> Axe 3
Confronter la création artistique et la théorie en SIC en recherche et en pédagogie
Texte intégral
1Au cœur de nos préoccupations se trouve l’affirmation toujours reformulée de la singularité de l’humain en prise à de nouvelles formes coercitives comme l’évaluation généralisée et automatisée, la réification numérique ou les dérives du post-humanisme et de l’homme augmenté. De ce point de vue, la création artistique nous semble représenter un espace irréductible de résistance et d’émancipation. Ainsi, dans nos méthodes d’investigations, les démarches d’artistes ont été utilisées, soit comme point de départ à une réflexion plus large, soit à l’inverse en contrepoint à des enjeux de société spécifiques. Cette imbrication création artistique et recherche en S.I.C., que nous revendiquons comme spécificité, nous la retrouvons tant dans nos articles écrits à quatre mains que dans nos expériences pédagogiques de recherches-actions au sein de l’UFR Ingémédia.
2Plusieurs articles co-signés ont ainsi été l’occasion d’affiner notre méthode d’analyse qui cherche à associer différentes approches analytiques. Pour exemple, « De l’intelligence artificielle à l’inconscient artificiel : l’objet petit a, une exposition d’Antoine Schmitt », présenté initialement à la conférence SIANA09, prend comme point de départ le travail de l’artiste numérique Antoine Schmitt et plus précisément sa référence à une notion centrale de la théorie Lacanienne l’« objet petit a ». Cette notion, qui renvoie à un espace indéfinissable en amont de toute représentation et de tous désirs suppose un positionnement qui s’oppose radicalement aux politiques actuelles qui manifestent une réification du sujet, avec en corollaire ses normes et ses évaluations. Nous avons avancé la notion « d‘inconscient artificiel » fondée comme « l’intelligence artificielle » sur le simulacre (les tests de Turing) renvoyant ainsi au questionnement sur l’essence de l’humain. « Aux frontières de l’homme-interfacé » présenté au colloque H2PTM2013, prolonge ce questionnement dans les rapports aux données qui nous entourent et la manière dont elles changent nos définitions du naturel et de l’artificiel, de l’humain et du non-humain… Une définition de « l’homme-interfacé » est ainsi proposée et discutée. Nous illustrons notre propos par le travail de l’artiste visuel et sonore Ryoji Ikeda pour qui les données sont à la fois le contenu et le sujet de son œuvre rendant ainsi visible l’invisible et audible l’inaudible.
3Dans le souci d’un dialogue entre les sciences de l’art et les S.I.C., nous avons organisé en mai 2013 (en partenariat avec le conservatoire de Plaisir et en étroite collaboration avec la musicologue Lenka Stranska) un colloque de trois jours intitulé « MEDIUM IS MESSAGE : Son – Image – Geste : une interaction illusoire ? » centré sur les relations images/sons dans les dispositifs numériques. Ce colloque interdisciplinaire a été l’occasion de réunir des chercheurs venus des plusieurs disciplines autour des questions de la technologie dans la création artistique et de l’hybridation contemporaine de l’image et du son. Les actes du colloque feront l’objet d’une publication à l’automne 2014. Le 18 avril 2012, la question de l’articulation pédagogie - recherche, entre le monde culturel, l’UFR Ingémédia et le laboratoire I3M fut posée en présence de nombreux artistes lors des 6e journées scientifiques Neptune de l’Université de Toulon.
4Enfin, les expériences de recherches-actions dans le cadre de réalisations collectives avec la licence professionnelle TAIS-TCSA (Technologies Créatives pour les Arts du spectacle et le Son) ont été le lieu d’un partenariat riche avec l’ensemble de musique contemporaine de Toulon Polychronies et le compositeur Jean-Michel Bossini avec pour objectif la conception et la réalisation de pièces musicales (mais pas seulement) jouées en concert public. Les étudiants sont, dans ce cadre, à la fois techniciens (responsable de la diffusion sonore et visuelle), concepteurs (des différentes interactions temps réel avec les instrumentistes) et producteurs de contenus (de sons, de textes, d’images). Deux triptyques ont été ainsi réalisés : la série « Dodécalite » et la série des « Nano-opéra ». Cette expérience pédagogique originale a souligné des questions de fond comme la collaboration entre étudiants de spécialités différentes (technologie du son, musique, théâtre), la place de la technologie dans cette interdisciplinarité, l’intermédialité… et a fait l’objet de deux communications scientifiques (colloque « Université : espace de création(s) » à l’Université Stendhal – Université Pierre Mendès France de Grenoble en octobre 2012 et au colloque « Communication du symbolique et symbolique de la communication dans les sociétés modernes et postmodernes » organisé par ESSACHESS et l’ORC IARSIC à l’université Paul Valéry de Montpellier 3 de Béziers en novembre 2012).
5Ainsi la création artistique, comme objet d’étude ou comme éclairage à des sujets de société, est bien au cœur de nos préoccupations et de nos méthodes d’investigations.
Bibliographie
RENUCCI R., ZENOUDA H. (2012), Vertige de l’horizontalité, actes du colloque Communication du symbolique et symbolique de la communication dans les sociétés modernes et postmodernes », ESSACHESS et l’ORC IARSIC.
BOSSINI J.-M., RENUCCI R., ZENOUDA H. (2012), Une expérience pédagogique de recherche-action : une « réalisation collective » appliquée à la création musicale, Espace de création(s), Université de Grenoble.
RENUCCI R., ZENOUDA H., (2013), De l’intelligence artificielle à l’inconscient artificiel : l’objet petit a, une exposition d’Antoine Schmitt, SIANA09, L’imaginaire numérique, mars 2009 parue dans Savoirs et Action, CNRS Éditions (sous la direction F. Bernard et M. Durampart)
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Hervé Zénouda
USTV, zenouda@univ-tln.fr
Quelques mots à propos de : Franck Renucci
USTV, renucci@univ-tln.fr