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Manuel Zacklad, Lisa Chupin, Gilles Bertin et Cécile Payeur

La documentarisation participative au service de la patrimonialisation des collections naturalistes

Article

Texte intégral

1Le projet e-Recolnat vise à constituer une collection en ligne à partir de la numérisation des herbiers de plusieurs institutions françaises, à commencer par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN). Différents objectifs sont poursuivis. À la mission de conservation de spécimens pour les besoins scientifiques s’ajoute un double enjeu patrimonial : les herbiers constituent des témoignages de la biodiversité et de son évolution, mais aussi de l’histoire de la botanique. Ce projet encourage également les pratiques de sciences citoyennes dans un contexte où les outils du Web 2.0 donnent un nouveau souffle aux réseaux d’amateurs, dont la participation à la collecte et à la documentarisation de spécimens est ancienne. Ces différentes finalités supposent d’élaborer un dispositif de redocumentarisation numérique de la collection capable de les articuler. Les principes choisis pour le développer traduisent une certaine conception de la collection que cet article voudrait contribuer à cerner. Une originalité du dispositif est de faire participer le public à la constitution et à la valorisation de la collection grâce à un site internet collaboratif. Sans présumer des usages auxquels il donnera lieu à mesure de son développement, on peut déjà se demander quelles conceptions de la collection numérique, de son rôle et du statut des documents qui la composent émergent de ce projet. Revenir à ses finalités, et à la façon dont elles sont mises en œuvre, permet d’en comprendre les enjeux pour la recherche en sciences de l’information et de la communication1.

Une réponse aux enjeux financiers, scientifiques et citoyens de la redocumentarisation : la patrimonialisation contributive

2Depuis 350 ans, des spécimens botaniques récoltés dans le monde entier enrichissent les collections des herbiers publics en France. Si, avec 9 millions de planches, l’herbier du MNHN à Paris est un des plus riches du monde, il en existe des centaines sur tout le territoire métropolitain et ultramarin disposant de collections bien moins volumineuses (56 000 plantes pour l’herbier Vilmorin) mais offrant un intérêt scientifique certain. L’objectif de l’infrastructure nationale numérique e-Recolnat est d’offrir un accès libre et gratuit à l’ensemble des spécimens de ces herbiers, à l’issu d’un processus de numérisation. Au-delà, c’est l’ensemble des collections naturalistes qui sont concernées. Mais la numérisation implique non seulement de scanner les images mais également d’être en mesure de traiter les données qui y sont associées, écrites à la main en abrégé le plus souvent, sur des étiquettes collées à côté des spécimens naturels. Ces inscriptions échappent au processus de reconnaissance optique de caractères (OCR) mais sont indispensables pour permettre l’exploitation de la collection numérique dans un contexte où les inventaires informatisés des planches d’herbier disponibles sont très peu nombreux. Le recours aux amateurs apparaît donc comme une opportunité de premier plan pour effectuer ce travail d’inventaire qui est aujourd’hui hors de portée financière pour la quasi-totalité des herbiers.

3Mais la réduction des coûts n’est pas uniquement liée au travail d’inventaire et de redocumentarisation. La numérisation permettra également aux gestionnaires de collections de satisfaire les scientifiques souhaitant accéder à une partie des spécimens en évitant les manipulations et les envois également forts onéreux. Cette fonction est déjà en partie opérationnelle pour une toute petite partie des collections : le MNHN dispose déjà d’un inventaire partiel de son fonds, dont la consultation requiert la maîtrise du vocabulaire technique propre à la discipline, ce qui en réserve l’accès aux spécialistes. Au-delà des aspects financiers, la facilitation des échanges à travers le numérique, même si elle ne vise pas à se substituer entièrement à l’examen physique des spécimens, devrait faciliter le travail scientifique de systématique dans les domaines couverts par les collections. Dans cette direction, nous envisageons par exemple, de développer également des fonctionnalités de type « collaboratoire » permettant aux chercheurs de partager leurs annotations sur les spécimens qu’ils étudient et d’enrichir la documentation des raisonnements scientifiques.

4Enfin, la numérisation de l’herbier qui permettra à terme une consultation par le grand public jusqu’alors peu concerné par ces collections va également transformer leur statut, et ce d’autant plus que celui est mis à contribution dans leur valorisation. Nous formulons l’hypothèse selon laquelle l’implication du public dans la valorisation d’une collection scientifique contribue à la patrimonialiser selon une modalité originale propre au mouvement des sciences citoyennes, qu’on qualifiera de « patrimonialisation contributive ». En effet, la participation des amateurs au développement des sciences dans différentes disciplines (par la collecte de données sur les populations d’oiseaux comme sur la situation des galaxies par exemple) profite des facilités offertes par les sites participatifs du Web 2.0 pour mettre en commun des données : la voie est ouverte pour une remise en question du paradigme d’une « science confinée »2 construite dans l’isolement des laboratoires et à la séparation entre le savant et le citoyen ordinaire. L’herbier numérisé trouve sa place dans le développement de la botanique comme « science de plein air »3 qui associe la parole des profanes à celle des experts, sur le modèle des contributions citoyennes apportées aux controverses scientifiques, notamment dans le domaine de l’environnement et de la santé.

5Dans le cas de l’implication du public à la gestion des collections naturalistes, la patrimonialisation contributive intervient selon deux directions : il s’agit de préserver et valoriser un patrimoine naturel, mais aussi des ressources culturelles dans une dimension à la fois historique et ethnographique. Selon la première direction, les herbiers accessibles en ligne pourront venir enrichir les démarches de collecte de données relatives à la flore permettant de mieux connaître la biodiversité sur différents territoires. Selon la deuxième seront valorisés leurs qualités esthétiques ainsi que leur statut de document historique lié au passé et à la culture des territoires et des expéditions scientifiques d’où ont été rapportés les spécimens.

Un dispositif de redocumentarisation participative

6Au sein du projet e-Recolnat, l’utilisation d’espaces documentaires participatifs s’inscrivant dans l’optique du web 2.0 vise donc à redocumentariser les collections botaniques en commençant par les herbiers. Ce projet induit un changement du statut de la collection, des documents et objets qui la composent à différents niveaux. En extrayant les planches de l’herbier des casiers et autres classeurs dans lesquels elles étaient rangées, le processus de numérisation commence par séparer le spécimen de la collection à laquelle le relie un ensemble de données (étiquette liant le spécimen à une espèce, une récolte, un récolteur, un propriétaire de collection…) qui conditionne la possibilité de le retrouver et de l’exploiter selon différentes perspectives. À l’issue de ce processus, l’accès aux spécimens, qui passe désormais par l’intermédiaire de leurs images et d’un dispositif de navigation hypertextuelle, est ouvert au grand public.

7Ces changements en entraînent d’autres, qui visent à pallier certains effets des premiers, et à éviter qu’ils n’aboutissent à une perte d’informations et d’intérêt pour la collection. Outre le contrôle de la qualité des images (netteté, luminosité, cadrage…), dont dépendent autant la richesse esthétique de la collection que sa valeur pour les observations scientifiques, le système de classement et d’étiquetage des spécimens doit être adapté. Il faut non seulement traduire sur un support numérique les informations de l’étiquette associée initialement à chaque spécimen, mais aussi adapter le dispositif de médiation documentaire à ses publics en évitant que des obstacles cognitifs ne se substituent aux contraintes physiques restreignant l’accès à l’herbier. Dans les termes de la théorie du document (p. ex. Zacklad 2004)4, si la documentarisation vise à équiper un support d’attributs (métadonnées) facilitant l’articulation interne et externe des fragments qui le composent pour le mémoriser et le retrouver plus aisément (Zacklad 2004), la redocumentarisation consiste à « documentariser à nouveau un document ou une collection en permettant à un bénéficiaire de réarticuler les contenus sémiotiques selon son interprétation et ses usages à la fois selon la dimension interne (extraction de morceaux musicaux pour les réagencer avec d’autres, ou annotations en marge d’un livre suggérant des parcours de lecture différents…) ou externe (organisation d’une collection, d’une archive, d’un catalogue privé croisant les ressources de différents éditeurs selon une nouvelle logique d’association). » (Zacklad 2007)5.

8Dans l’optique de notre projet, le travail la redocumentarisation pourra impliquer trois types d’opérations de nature différentes : (1) une redocumentarisation « littérale », dans laquelle les amateurs vont essentiellement procéder à une retranscription d’informations scripturales dans un format alphanumérique, (2) une redocumentarisation « inférentielle » dans laquelle ils actualiseront les informations en fonction du contexte actuel – en fournissant par exemple le nom moderne d’une localité à partir de sa dénomination historique, et enfin (3) une redocumentarisation créative, correspondant à une documentarisation inédite des planches selon des points de vue associés à des savoirs vernaculaires absents de la planche initiale. Il nous semble nécessaire de rendre possible cette troisième forme de redocumentarisation pour faciliter les processus de patrimonialisation contributive et l’appropriation des collections par les « amateurs ».

9Ces différentes opérations de redocumentarisation des collections demandent des ressources de temps et d’attention importantes, afin que soient respectées les techniques de classification et de conservation des objets, qui conditionnent la possibilité d’en faire un outil scientifique de qualité. Pour alléger les coûts afférents, l’idée est d’utiliser les apports des technologies de l’information et de la communication numérique en réseau, les mêmes qui sont à l’origine du projet de valorisation de la collection. Le choix a été fait de recourir à une organisation socialement distribuée des opérations de redocumentarisation, les pratiques amateurs de botanique pouvant intervenir dans la réalisation du projet et rendre ses coûts soutenables.

10Dans cette perspective a été créé un site internet contributif, intitulé « Les Herbonautes »6 Dans la version actuelle des Herbonautes qui évoluera tout au long du projet, la consultation des planches de l’herbier virtuel inscrites dans la mission est associée à la proposition de remplir certains champs du catalogue de la collection, à partir de l’observation attentive de l’étiquette de l’échantillon numérisé et d’une éventuelle recherche d’informations complémentaires. Des « quiz » didactiques ponctuent le travail, amenant progressivement aux contributeurs des connaissances grâce auxquelles ils seront capables d’analyser davantage d’informations et de « passer au niveau supérieur ». Les modalités de soutien de leur motivation et de l’incitation à la participation sont bien sûr centrales, et nous avons hésité entre deux registres d’engagement, l’un basé sur l’ethos militant, l’autre sur le plaisir du jeu et de l’apprentissage. Le premier risquait de s’adresser à un public restreint, constitué principalement de botanistes passionnés liés par une volonté commune de construction des connaissances. Le choix a donc été fait de recourir à une forme de « gamification » en proposant des missions thématiques sous une forme ludique et en associant les bonnes réponses à des récompenses symboliques.

11En outre, le projet de valorisation de la collection dans une logique de participation du public prévoit la constitution d’un portail associant la visite virtuelle de la collection et l’enrichissement des données associées aux spécimens en fonction des intérêts des visiteurs, dans la logique de la redocumentarisation créative déjà évoquée. Le site pourrait, par exemple, proposer des informations relatives à l’ethnobotanique, sur les usages, traditions et récits liés aux plantes en fonction des terroirs, ou apporter une aide à la réalisation manuelle d’herbiers… La visite virtuelle serait basée sur la construction de parcours dans les collections, amenant les scientifiques comme les amateurs, à travers la gestion de différents niveaux d’accès, à venir visiter un herbier, et éventuellement pour les plus compétents, à rajouter des annotations scientifiques. Une réflexion s’imposera sur l’articulation entre l’espace numérique de stockage des données (espace virtuel) et l’espace physique de classement des planches d’herbier sur support papier, qui sont intrinsèquement liés – la détermination scientifique ayant une répercussion sur le réagencement et le classement des herbiers physiques par exemple. Concernant le statut de la collection, quels changements attendre de la mise en place d’un tel dispositif de redocumentarisation participative ? Et notamment, quel est le statut des contributions du public, en comparaison de celui des professionnels qui sont responsables de l’herbier ?

Qualité et organisation des connaissances dans une collection participative

12La redocumentarisation participative pose la question de la qualité des informations dont l’herbier virtuel sera le support et celle des formes que prendra de validation des différents « niveaux de connaissance » en fonction des profils des utilisateurs. Les difficultés liées au contrôle de la documentarisation réalisée par des non experts de la documentation scientifique ou de la botanique ont été résolues à partir d’une intégration au site participatif de modules permettant de confronter les informations données par différents contributeurs en cas de désaccord. D’autres méthodes permettant d’accroître la confiance dans la qualité des informations produites par les amateurs dans un cadre socialement distribué pourront être expérimentées. Il n’empêche que le projet demande d’intégrer des savoirs citoyens et scientifiques au sein d’un même espace documentaire et requiert donc l’élaboration de critères de pertinence permettant d’évaluer les informations apportées dans l’herbier numérique sur la base de croyances populaires et de représentations culturelles associées aux végétaux.

13La réalisation de ces projets reposera sur un système d’organisation des connaissances à facettes, inspiré du SOC Hypertagging7, dont la spécificité est de mettre le principe de la classification à facettes au service d’ « une perspective de classification documentaire participative »8. Il offrira aux utilisateurs la possibilité de compléter une partie de la documentation d’un spécimen en fonction de leurs centres d’intérêts et permettra d’organiser les données produites par différents contributeurs, professionnels ou non, envisageant chacun le même objet dans des contextes variés. Le design du site adossé à la conception d’un modèle d’organisation des connaissances articulant différents registres, scientifique et vernaculaire, devra rendre possible un dialogue entre ces connaissances au statut épistémique hétérogène. L’observation du développement du site mettra en évidence d’éventuelles logiques antagonistes propres aux deux types de savoirs, mais sera aussi attentive à toutes les formes d’organisation des documents ou de collaboration permettant de les mettre en rapport.

14Le projet pose la question de la possibilité d’une « amplification »9 de la valeur de la collection sur la base des informations apportées par des contributeurs non professionnels. Cette interrogation appelle une recherche sur les pratiques et les productions auxquelles le dispositif donne lieu. En effet, la valeur de l’herbier collaboratif peut être mesurée à l’aune d’autres critères que ceux de la science institutionnalisée pour mettre en évidence ce que le dispositif apporte à la collecte de représentations sociales et aux connaissances vernaculaires associées aux plantes. La collection scientifique numérique pourrait mettre en relation non seulement des objets documentarisés, mais des personnes ou des cultures différentes – notamment si les collections numérisées sont étendues aux collections d’autres institutions à l’échelle internationale comme à des contributeurs internationaux. Les collections prendraient une nouvelle valeur dans leur capacité à fédérer des pratiques amateurs, à susciter des rencontres, ou même à apporter la satisfaction de participer à la constitution d’un bien commun.

15Sur un plan éducatif, la participation à la documentarisation des objets de la collection est susceptible de renforcer l’intérêt du public à son égard, dans une logique d’appropriation de celle-ci, entendue comme usage répété et créatif, permettant à l’usager de reconfigurer l’objet en fonction de ses références et de sa culture personnelles, pour lui donner plus de sens (définition inspirée des critères utilisés par Serge Proulx pour juger de l’appropriation d’un dispositif de communication10). Le projet vise d’ailleurs à favoriser l’appropriation de la collection par le public en promouvant le dispositif participatif de redocumentarisation par diverses stratégies de communication (presse, réseaux sociaux, etc.). C’est notamment l’objet du partenariat établi avec l’association Tela Botanica qui œuvre pour le développement de science citoyenne et participative dans le domaine de la botanique et de la biodiversité.

16Malgré ces efforts, il reste possible que le dispositif participatif de redocumentarisation n’atteigne pas complètement ses objectifs. L’herbier numérique doit être selon nous, au fur et à mesure de son développement, un espace d’expérimentation des usages dans un projet qui n’en est encore qu’à son tout début et dont nous ne pouvons présumer à l’heure actuelle du succès.

Bibliographie

Bibliographie complète à la demande.

Notes

1 Ces réflexions doivent également beaucoup aux échanges avec Marc Pignal (MNHN), responsable de l’infrastructure e-Recolnat et Philippe Laroche directeur de la société Agoralogie.

2 Licoppe, Christian. La formation de la pratique scientifique. Le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820). Paris, La Découverte, 1996.

3 Callon, Michel ; Lascoumes, Pierre ; Barthe, Yannick. Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique. Paris, Le Seuil, 2001.

4 Zacklad, Manuel. Processus de documentarisation dans les Documents pour l’Action (DopA). in Le numérique : Impact sur le cycle de vie du document pour une analyse interdisciplinaire, 13-15 Octobre 2004, Montréal (Québec). Lyon, Presses de l’ENSSIB, 2004.

5 Zacklad, Manuel. Réseaux et communautés d’imaginaire documédiatisées. in Skare, Roswitha ; Vårheim, Andreas ; Lund, Niels Windfeld (eds.). A Document (Re)turn. Francfort, Peter Lang, 2007. pp. 279-297.

6 Musée National d’Histoire Naturelle. Les Herbonautes. [en ligne] Musée National d’Histoire Naturelle. 2013. consultation septembre 2013 <http://lesherbonautes.mnhn.fr/contents/herbierparis>

7 Zacklad, Manuel et al., Miipa-Doc : gestion de l’hétérogénéité des classifications documentaires en entreprise, in Hypermédias et pratiques numériques H2PTM’11, Hermes Science, 2011, pp. 223-243.

8 Salzano, Gabriella et al. Apports du SOC d’entreprise Hypertagging aux activités de veille. Document numérique, 2013/1, vol. 16, pp. 31-53.

9 Latour, Bruno. Ces réseaux que la raison ignore : laboratoires, bibliothèques collection. in Jacob, Christian et Baratin, Marc (dir.). Le pouvoir des bibliothèques. La mémoire des livres dans la culture occidentale. Paris, Albin Michel, 1996. pp. 23-46.

10 Proulx, Serge. Penser les usages des TIC aujourd’hui : enjeux, modèles, tendances. in Vieira, Lise et Pinède, Nathalie. Enjeux et usages des TIC : aspects sociaux et culturels, T. 1. Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, pp. 7-20.

Pour citer ce document

Manuel Zacklad, Lisa Chupin, Gilles Bertin et Cécile Payeur, «La documentarisation participative au service de la patrimonialisation des collections naturalistes», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 9-Varia, DOSSIER, > Axe 1,mis à jour le : 22/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=736.

Quelques mots à propos de : Manuel Zacklad

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