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CARTE BLANCHE AUX JEUNES CHERCHEURS

Hanane Barradi et Mohamed Bendahan

Patrimoine culturel immatériel : de la transmission au développement territorial de la région de Dakhla-Oued Eddahab

Article

Texte intégral

1Le Maroc, comme bien d’autres pays, est entré dans le processus de patrimonialisation de ses biens. Bien que la notion de patrimoine était fort présente, depuis longtemps, dans le monde occidental, elle a émergé progressivement dans les pays du Sud. Au Maroc, cette notion de patrimoine et de sa sauvegarde est restée longtemps liée à l’acceptation européenne, surtout française héritée de la période coloniale. Héritage colonial et traitement onusien du patrimoine sont cependant largement dépassés aujourd’hui par une diffusion de l’idée de « patrimoine » dans le sens de bien culturel (mobilier et immobilier) ou naturel (sites et paysages) protégé ou méritant d’être protégé et conservé (Berriane, 2010, p. 11). Le patrimoine est une construction sociale qui inclut les aspects considérés comme marqueur identitaire des individus, des communautés ou des sociétés.

2Chaque région du royaume possède un patrimoine culturel particulier, contribuant ainsi à la richesse de la culture nationale. Le patrimoine de toutes les régions du royaume représente un véritable levier de développement durable, et une ressource primordiale dans le processus de développement des collectivités territoriales. La région Dakhla-Oued Eddahab se caractérise par un patrimoine culturel riche. Comme toutes les régions et les territoires, cette région se compose d’éléments différents : naturels, historiques, sociaux, culturels, économiques et politiques, qui font sa particularité. Cette diversité se retrouve également dans la nature du patrimoine territorial ou patrimoine des beïdanes qui est une ressource assez spécifique. Cela est dû à la situation géographique de la région, sa longue histoire, sa diversité démographique et sa particularité régionale.

3Le patrimoine culturel a une valeur en tant que porteur de l’histoire de toute la région, vecteur d’identité territoriale, et ressource susceptible de contribuer au développement de la région. Les acteurs publics et privés ont tous la responsabilité d’identifier, valoriser et promouvoir le patrimoine de la région par une communication territoriale et publique efficace. Quelle est le rôle de la communication territoriale dans la valorisation du patrimoine culturel immatériel de la région Dakhla-Oued Eddahab et comment réduire le déficit de communication entre les acteurs publics, privés et la population locale et les futures générations ?

4Pour répondre à ces questions, on peut se baser sur les hypothèses suivantes :

  • Les représentations sociales et les pratiques vivantes, qui se développent dans la région Dakhla Oued Eddahab, sont l’héritage de plusieurs siècles et s’identifient à la culture des nomades sahraouis.

  • Il existe un déficit de communication entre les générations.

  • La mise en communication du patrimoine culturel immatériel de la région, à des fins de développement territorial, demeure inadéquate.

Cadre théorique de la recherche

Les SIC et la notion de patrimoine

5La notion de patrimoine se présente dans le cadre de cette recherche comme un élément primordial pour le développement local et durable de la région étudiée. Le sujet du patrimoine a été étudié dans plusieurs disciplines. Les disciplines qui se sont intéressées au patrimoine sont d’abord l’histoire et l’histoire de l’art, l’archéologie, l’ethnologie, les sciences juridiques, et la philosophie et enfin les sciences de l’information et de la communication notamment depuis les deux dernières décennies. Avec cette discipline, le patrimoine est étudié sous l’angle communicationnel et sémiotique, mais ce sont surtout les processus de patrimonialisation en tant qu’opération sémiotique construite dans le présent par les sujets dans un rapport avec ces objets passés (Watremez, 2010) qui sont aujourd’hui bien connus et largement expliqués (Davallon 2006, Amougou 2004).

6Pour l’auteur Di Méo : « Le patrimoine est un discours, il participe d’un principe narratif (il a donc besoin de narrateurs) qui raconte les mythes originels, qui décrit les épopées fondatrices et les grands moments historiques d’un groupe ou d’un territoire. Il confère à toute réalité sociale une consistance temporelle (durée) et spatiale. Il l’invite à se projeter vers l’avenir, à formuler un projet collectif » (Di Méo, 2008). Le patrimoine est devenu aujourd’hui un phénomène d’actualité vive, excédant largement le cercle des spécialistes, libéré du monopole d’État, se développant hors de son terreau occidental d’éclosion, et qui tend à englober, par sa capacité de fixation (objet, monument, lieu, pratique culturelle, être vivant…), les formes complexes et plurielles d’objectivation d’un passé-présent ou d’un « déjà-là » : tradition, mémoire, histoire, culture, environnement, etc. (Tornatore, 2010).

Le processus de patrimonialisation

7La patrimonialisation est une notion qui s’est imposée dans le champ de la recherche scientifique. La patrimonialisation est un processus dynamique qui permet, par des procédés institutionnels, d’identifier, classer et qualifier des objets patrimoniaux, ressortissant des domaines culturels ou naturels, matériels ou immatériels. Le processus de patrimonialisation est aujourd’hui un phénomène largement expliqué (Davallon, 2006 ; Amougou, 2004) et de nouvelles orientations de recherche ont été développées : la dimension politique de cette patrimonialisation et la manière dont le patrimoine devient un enjeu touristique (Rautenberg, 1998), sa dimension médiatique à travers l’analyse de l’histoire de récits requalifiant l’objet patrimoine (Tardy, 2003), l’étude d’objets sensibles dans la patrimonialisation (l’archéologie, le témoignage, le patrimoine des communautés).

8Il est aujourd’hui certain que le patrimoine est une construction sociale. Il n’existe qu’à partir du moment où des individus ou des groupes en proclament l’existence ou la souhaitent (Bendix, 2009). Le processus par lequel le patrimoine advient, la patrimonialisation, permet à un groupe de réinvestir collectivement ou de se réapproprier des ressources jugées essentielles pour la (re)production de son identité (Michon, et al. 2016). Ce processus de patrimonialisation ne peut se faire qu’avec l’implication et l’engagement de tous les acteurs du territoire, y compris des personnes qui détiennent le savoir-faire, appelées « mémoires vivantes » ou « trésors humains vivants ».

La communication territoriale : mise en valeur d’un patrimoine

9Le territoire, sujet et objet du développement, est constitué de nombreuses ressources tangibles et intangibles ; il est aussi composé d’une multitude d’acteurs qui s’approprient le sens et les atouts dont il est porteur (Rochette, 2012). Le développement territorial est « la trajectoire que le territoire parcourt pour réaliser ses propres objectifs autodéterminés, pour se rapprocher d’un terme idéal » (Pirrone, 2012). La communication territoriale est aujourd’hui nécessaire et surtout indispensable pour le rayonnement d’un territoire : elle permet son développement touristique certes, mais également économique. Selon Richard Awno, la communication territoriale est celle qui porte, non plus uniquement sur l’institution publique locale (la mairie, le conseil régional), mais plutôt sur la vie quotidienne locale dans son ensemble. En d’autres termes il s’agit d’une communication qui porte sur le « territoire » en tant que collectivité humaine dans un espace donné. Ainsi, prise comme objet d’étude, la communication territoriale peut être définie comme l’ensemble des communications produites dans et sur un territoire. Il s’agit donc d’une acception large de ce champ de la communication, qui met en avant deux principaux aspects : d’une part, la relation identitaire (individuelle et collective) des divers acteurs locaux à un territoire (Herbaux, 2005) ; et d’autre part, une approche communicationnelle du territoire qui fonde celui-ci sur les discours et la production de sens par les acteurs (Lamizet, 2002 ; Tétu, 1995a, 1995b ; Awono, 2013, 2015). La communication territoriale a pour objectif de valoriser un territoire et le promouvoir.

Méthodologie de la recherche

10Sur le plan méthodologique, l’engouement que connait le Maroc pour le patrimoine culturel et naturel de ses régions, à des fins de développement local et durable, suscite l’attention des chercheurs et professionnels. Cet intérêt exige plus de réflexion sur le plan théorique qu’empirique. Par conséquent, le choix d’une démarche méthodologique s’avère primordiale pour dévoiler l’intérêt de cette thèse. Une enquête de terrain est menée dans la région, dans le cadre de notre travail de thèse, elle se base sur des méthodes qualitatives. Notre méthodologie est instrumentalisée par différentes techniques d’enquêtes : des observations participantes, des observations non participantes, des entretiens semi-directifs, et des récits de vie. Il s’agit dans cet article d’exposer les résultats de l’enquête orale, récits de vie. Quant aux autres éléments de notre corpus empiriques, ils sont en cours de publication.

Récits de vie : éléments d’enquête

11Pour Bourdieu (1986, p. 69), l’histoire de vie est une de ces notions du sens commun qui sont entrées en contrebande dans l’univers savant, d’abord chez les ethnologues puis, plus récemment et non sans fracas, chez les sociologues. La méthode s’inscrit clairement dans l’interactionnisme symbolique : elle repose sur une approche compréhensive des phénomènes et considère l’acteur social enquêté comme « un véritable observatoire du social, à partir duquel se font et se défont les interactions et actions de tous » (Le Breton, 2004, p. 20). Partant de là, il importe de saisir les raisons qui motivent les actions du point de vue de chacun des acteurs. Cela n’est possible qu’en leur donnant la parole. Les récits de vie constituent alors des occasions de mettre à jour dans le détail les manières dont chacun a réagi au fil des circonstances, les connaissances et registres de justifications qui ont permis d’affronter des événements, les leçons tirées de l’action, les facultés revendiquées d’adaptation (Le Breton, 2004, p. 28).

Analyse des résultats

12L’analyse de contenu est une technique qui vise le traitement systématique et objectivé des messages/communications afin d’en dégager le sens et de produire des inférences sur les conditions qui conduisent à la production de ces significations. Le caractère objectif du traitement à opérer renvoie à l’idée que des procédures systématiques, suivant une procédure explicite et réplicable, seront appliquées (Bauer, 2012). Analyser le contenu c’est, par des méthodes sûres, rechercher les informations qui s’y trouvent, dégager le sens ou les sens de ce qui y est présenté, formuler et classer tout ce que « contient » ce document ou cette communication (Mucchielli, 1991).

13Notre choix de l’enquête orale s’explique tout d’abord par l’oralité qui domine la société sahraouie. Les résultats de la pré-enquête de notre travail de thèse, en février 2017 dans la province d’Aousserd, pour un inventaire du patrimoine culturel et naturel nous ont conforté dans ce choix. À cette fin nous avons réalisé une série de six entretiens exploratoires ainsi que deux récits de vie et nous avons pu apprécier la richesse de cet outil, notamment auprès des personnes âgées.

14La région de Dakhla est caractérisée par la grande importance que donnent ses habitants aux arts populaires, à la musique, à l’artisanat, à la danse, à la poésie ainsi qu’aux coutumes et aux traditions locales liées au mariage, au divorce, à la naissance, à la circoncision, aux funérailles, à l’éducation et à d’autres pratiques sociales. En effet, les différentes pratiques culturelles et les appartenances tribales de la population de cette région font la richesse de leur patrimoine. La réflexion sur le patrimoine conduit souvent à mettre en avant son lien avec l’identité et la diversité culturelle. Nous présentons les caractéristiques des récits de vie de cinq personnes interviewées dans le tableau suivant. Nous avons procédé à une analyse thématique ; des cadrages de récits de chaque enquêté seront présentés tout en demeurant fidèle au récit de chacun.

Résultats de la recherche

15L’enquête orale a eu lieu à deux périodes différentes, durant le mois de mars 2018 et le mois d’avril 2017.

Tableau 1 – Caractéristiques des enquêtés

Sexe

Age

Secteur d’activité

Durée

Fatematou

F

90

Artisanat

4 heures (deux rencontres)

Salqa

F

65

Artisanat

2 heures

Mnia

F

50

Fonctionnaire (présidente d’une association)

4 h 30 minutes (Trois rencontres)

Ould Mouhamad

H

68

Artisanat

1 h 45minutes

Saad

H

65

Retraité

3 heures

16Dans cet échantillonnage cinq interviewés, trois femmes et deux hommes : trois exercent des activités d’artisans, tandis que les deux autres sont fonctionnaire et retraité. La durée de l’entretien diffère selon plusieurs conditions, l’âge, le lieu et l’heure de la rencontre.

Tableau 2 – Thèmes les plus abordés par les enquêtés

Fatematou

Salqa

Mnia

Ould Mohamed

Saad

Patrimoine

55*

40

53

25

40

Traditions

60

68

55

60

56

Identité

67

25

30

40

37

Culture

21

30

19

55

40

Nomade

81

73

25

81

70

Tribu

91

77

69

59

73

Appartenance

07

12

09

18

22

Jeunesse

06

09

11

06

30

Travail

45

50

30

64

44

Transmission

39

55

66

18

39

* Les chiffres correspondent à la fréquence d’évocation du terme par les enquêtés.

17Le tableau 2 montre les thèmes les plus abordés différemment par les cinq interviewés. L’analyse du codage thématique des récits nous a permis de déterminer les éléments suivants :

Le savoir faire et les pratiques sont liés à l’appartenance tribale de chaque interviewé

18Le mot tribu est abordé par les interviewés à plusieurs reprises. Salqa, Fatematou et Ould Mouhamadou appartiennent à une tribu d’artisans, pour Mnia une tribu de guerriers et Saad une tribu zaouia.

19Fatimatou 91 souligne : « J’ai appris cet art dès mon jeune âge, j’avais 8 ans quand j’ai commencé le travail pour aider ma mère, chez nous dans la tribu à l’époque tous les enfants doivent apprendre l’artisanat ». Le même constat pour Ould Mouhamad « Nous étions obligé d’apprendre le métier d’artisan depuis mon enfance. C’est mon métier, je suis fier de participer à la pérennisation de ce savoir ». Salqa, pour sa part affirme « l’apprentissage de ce métier se fait au début dans les tentes des nomades, de la mère à sa fille, et du père au fils. En effet, il y a des tâches que seules les femmes font et des tâches réservées aux hommes, nous avons appris tous cela dès notre jeune âge, nous vivions dans les tentes avant de s’installer dans les villes ».

20Il s’agit d’une culture des beïdanes qui se distingue par un ensemble de caractéristiques dont l’oralité, le mode de vie tribal et les liens au sein de cette société avec des hiérarchies sociales. Dans la société maure ont existé différents groupes statutaires selon leurs appartenances : des tribus guerrières, des confréries (zawaya) s’adonnant aux savoirs religieux, littéraires, une catégorie des artisans maalmins (Gaudio, 1993 ; Bonte, 2000 ; Boubrik 2011). Les artisans étaient placés dans l’avant dernier rang avant les haratins et les esclaves. « L’artisanat dans le sahara était lié aux personnes de second rang dans la hiérarchie sociale, des personnes qui manipulent avec leurs mains un savoir. Il y avait toujours une méfiance même à cette époque à l’égard des artisans » nous souligne l’anthropologue Rahal Boubrik1. Dans le même ordre d’idée Catherine Hincker (2004) précise : « L’analyse des mythes montre que l’origine juive des artisans (inaden) est un stéréotype construit pour signaler la différence entre les membres de cette catégorie et le reste de la société (nobles ou tributaires) ».

Le patrimoine est lié aux pratiques, à l’identité et l’appartenance

21Le désert et la mémoire collective et sociale représentent, en effet, un héritage mis en commun qui a pour fonction de sauvegarder l’identité locale d’une société. Ce que confirme Saad « notre patrimoine est un ensemble de pratiques, de coutumes, de savoir-faire, et savoir-être qui représentent les nomades, les hommes du désert. Mais, il diffère un petit peu, selon l’appartenance tribale ». L’identité nomade est soulignée chez tous les interviewés par les pratiques liées à ce mode de vie et aux pratiques culturelles : « Notre identité est liée au désert, aux dromadaires, aux histoires de nos ancêtres, tous ces éléments constituent notre patrimoine » affirme Mnia. L’artisanat, la danse, la musique, le conte, la poésie, sont liés à la vie des nomades. La sédentarisation a modifié des pratiques, « avant de s’installer à la ville nous étions des nomades. Nos pratiques et notre identité sont le reflet de notre mode de vie. Ce mode est notre patrimoine » souligne Ould Mouhamed.

22Indépendamment du contexte socioculturel et historique de la population les éléments du patrimoine n’ont pas de valeurs, en dehors de celles que la population d’une tribu ou d’une communauté leur attribue.

Un déficit de communication entre les générations

23Pour comprendre le présent et prospecter l’avenir, il faut tenir compte des racines, identifier et valoriser le patrimoine, pour en faire un enjeu d’avenir sur tous les volets. Par ailleurs, le patrimoine exige, pour ne pas tomber dans les oubliettes, une transmission aux jeunes et aux générations futures. Saad nous confirme « le patrimoine du désert et d’une culture nomade fascinante risque une érosion puisqu’il est souvent transmis de manière informelle qui se base sur l’oralité. Les jeunes générations n’ont pas cette soif de l’histoire, elles ne vont pas chercher des informations sur leurs traditions, coutumes, histoires de leurs grands parents ou des cheikhs des tribus. » La problématique de la transmission de ce savoir-faire est soulignée également par Fatimatou « Je suis vieille, je continue à travailler moi-même. J’ai transmis mon savoir à plusieurs femmes qui sont devenues par la suite des artisanes. Mais aujourd’hui, je constate que les jeunes ne s’intéressent pas assez à ce métier, à ce savoir faire. Je crois que les responsables doivent réagir pour préserver notre art, notre identité et notre histoire ». La continuité de cet art est liée aux futures générations. Le processus même de transmission serait mis en question sans un engagement de la part des jeunes, ainsi que des acteurs responsables du bien culturel dans la région.

Une mise en communication du patrimoine marginalisée

24La culture hassanie et le mode de vie de la population sahraouie ont connu de profondes mutations durant les dernières décennies. Les habitants du Sahara se sont sédentarisés progressivement dans des villes. De la tente à la ville, un patrimoine, un savoir-faire et un savoir-être ont disparu au fil des années (Boubrik, 2018). Salqa fait le même constat « notre mode de vie a entièrement changé, notre patrimoine doit être valorisé tout d’abord auprès des futures générations. Nous exposons nos produits dans des salons régionaux, mais c’est insuffisant, il faut un engagement de tous les responsables pour faire connaitre et valoriser notre patrimoine ». Les représentations sociales et les pratiques vivantes, qui se développent dans la région Dakhla Oued Eddahab, sont l’héritage de plusieurs siècles et s’identifient à la culture des nomades sahraouis. La mise en communication de ce patrimoine est inadéquate, « Il y a un manque de communication et de mise en valeur de notre héritage. Les actions de communication menées par les pouvoirs publics ont tendance à folkloriser notre patrimoine. Ces actions le vident de son sens historique et de sa valeur culturelle au profit d’une valeur économique ». De tous les récits que nous avons eus, nous avons constaté un sentiment de nostalgie et une conscience de l’urgence de la préservation de la culture et du patrimoine. Une préservation qui garantira, selon les mêmes récits, une valorisation et une promotion de ce patrimoine culturel.

Conclusion

25Actuellement, le patrimoine immatériel et sa valorisation apparaissent comme des vecteurs importants du développement local des territoires sur le plan économique, politique et social. Les richesses patrimoniales et les potentialités de chaque région contribuent à l’affirmation de l’identité locale et l’émergence d’un développement durable et d’une modernité responsable.

26Le patrimoine culturel dont dispose la région Dakhla-Oued Eddahab, représente un atout considérable. Par contre, il est extrêmement fragile et susceptible de se dégrader par imprudence ou destructions volontaires. Sa valorisation peut contribuer à accroître sa valeur économique ou à la réduire, voire même à l’anéantir si elle est maladroitement réalisée. La promotion et la valorisation du patrimoine culturel de la région dépend de la communication employée par les communicants territoriaux.

27Le patrimoine culturel se présente dès lors comme un marqueur du territoire, empreint de son histoire, de sa mémoire, de ses forces communautaires. Tous ces facteurs dynamiques interagissent pour que le patrimoine devienne producteur d’identité territoriale. Il est considéré à la fois comme élément structurant le territoire et comme potentiel provoquant la création d’activités productives.

Bibliographie

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Notes

1  Interview réalisée avec l’anthropologue le 27/11/2017.

Pour citer ce document

Hanane Barradi et Mohamed Bendahan, «Patrimoine culturel immatériel : de la transmission au développement territorial de la région de Dakhla-Oued Eddahab», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 16-varia, CARTE BLANCHE AUX JEUNES CHERCHEURS,mis à jour le : 26/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=873.

Quelques mots à propos de : Hanane Barradi

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat. Université Mohammed V- SICOM. Maroc, CORHIS-France

Quelques mots à propos de : Mohamed Bendahan

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat. Université Mohammed V- SICOM. Maroc, CORHIS-France