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Formation
Jeunes docteurs et doctorants témoignent de leur expérience de recherche doctorale avec une CIFRE
Interview n° 4
Texte intégral
Pouvez-vous présenter votre sujet et les conditions de réalisation de votre thèse ?
Mon sujet de thèse traitait de la question des conditions des recompositions des organisations hospitalières dans un contexte d’informatisation du dossier patient informatisé.
Ma thèse, mon doctorat plus globalement s’est déroulé dans d’excellentes conditions. Mon année de master 2 a servi à organiser bien sûr la recherche d’une CIFRE et ainsi que l’organisation du travail futur entre charges d’enseignement, travaux de recherche et participation aux activités de l’organisation.
Je n’ai pas fait ma thèse en CIFRE mais j’ai pu bénéficier d’un dispositif analogue, peu connu des étudiants et parfois des enseignants-chercheurs. Mon doctorat s’est déroulé dans le cadre d’un contrat dit de « collaboration-recherche ».
À la différence de la CIFRE le contrat de collaboration-recherche n’est pas un contrat de travail, c’est un contrat de « collaboration », de partenariat entre une organisation, un ou une doctorant(e) et un laboratoire de recherche. Dans le contrat est notamment négocié le montant de la subvention dédiée aux travaux de recherche du doctorant pour sa thèse, c’est-à-dire X sommes pour chacune des trois années de doctorat.
Le contrat de collaboration recherche est un contrat privé et se négocie comme tel. À ce titre, il permet au doctorant comme à son laboratoire de recherche peut-être plus de souplesse dans le fonctionnement que la CIFRE. Il faut penser à déterminer sur cette subvention globale, la part du doctorant et celle du laboratoire, les modalités d’organisation de ces dépenses qui doivent bien sûr privilégier le doctorant, la prise en charge des frais de fonctionnement (colloque, train, livre, matériel informatique et logiciel, etc.), la négociation du temps de présence sur le terrain.
En faisant une thèse sur les organisations hospitalières, le contrat de collaboration m’a permis, pendant trois ans, de bénéficier d’un « terrain » exceptionnel de plusieurs cliniques privées sur le bassin rennais et parisien.
Selon vous, quels sont les points forts et les limites de la réalisation d’une thèse en Cifre ?
Points forts :
Pour peu que les conditions de recherche soient bien discutées plutôt que négociées qui n’est pas approprié ici, le contrat de collaboration-recherche offre une vraie souplesse par rapport à la CIFRE. La CIFRE est contrat de travail, l’activité d’un jeune chercheur est circonscrite aux activités de l’entreprise et aux missions attribuées au jeune chercheur. La collaboration-recherche offre plus de possibilités, moins de restriction (je n’en ai eu aucune) et surtout plus de temps pour la recherche. C’est à dire qu’officiellement, le doctorant accueilli n’est là pour réaliser une mission, il ou elle ne remplace pas un ou une salarié(e).
Limites observées :
Le contrat de collaboration-recherche étant peut connu et peu « manipulé » par les services administratifs des universités (qui peuvent parfois s’appuyer sur les SATT, ce qui est à proscrire, car s’octroient 5 % de la somme totale négociée), le doctorant doit impérativement trouver à se faire accompagner dans la rédaction de ce contrat par un ou une expert(e) juridique. C’est d’ailleurs une bonne base d’apprentissage pour la suite de son parcours.
Le cas échéant, le fait de faire une thèse en CIFRE a-t-il joué un rôle dans votre insertion professionnelle ?
Oui et sur tous les points. Et je considère que mon parcours professionnel et de recherche bien qu’encore jeune est une réussite, n’aurait pas été ce qu’il est sans ce doctorat réalisé « en alternance ».
Qu’il s’agisse d’une CIFRE ou d’un contrat de collaboration-recherche, la recherche d’une organisation d’accueil pour une thèse, de surcroit en SHS n’est pas chose aisée. C’est un premier exercice, complexe, qui met à l’épreuve le doctorant et qui s’avère être très formateur. Prise de contact, présentation, vulgarisation de ses travaux, négociation d’un contrat, etc. sont autant de compétences professionnelles acquises. Il faut s’accrocher, toutes les portes ne s’ouvrent pas. Le plus grand défi dans cette recherche dont la prémisse est la vulgarisation de ses travaux, c’est la capacité d’un jeune chercheur à « opérationnaliser » ces travaux de recherche. C’est-à-dire, montrer à une entreprise, en quoi, la recherche en SHS et particulièrement le sujet de thèse, peut apporter à l’entreprise.
Le groupe de santé privé qui m’a accueilli, Vivalto Santé, m’a laissé d’une part carte blanche pour mes travaux et une liberté totale pour les menées. Par ailleurs, en marge de mes activités de recherche et du contrat initial, le groupe m’a ouvert toutes ses portes, celle des services de soins, des blocs opératoires, ses projets, m’a offert des formations. Ça a été une expérience fascinante, je n’aurais jamais cru être aussi bien accompagné, formé, ni que l’on m’aurait offert de monter autant en compétences opérationnelles.
La direction du groupe m’a permis t de prendre part à des projets, puis de me confier des missions jusqu’à pouvoir être recruté au sein d’un pôle de quatre cliniques une semaine après ma soutenance.
Grâce à ce parcours, à cette insertion professionnelle, et surtout aux personnes derrières cet accompagnement, j’ai pu acquérir des connaissances, une expertise métier (santé et IT), et me créer un premier réseau professionnel. Tous ces atouts m’ont permis aujourd’hui d’avoir la vie dont je rêvais étudiant : exercer une activité professionnelle qui me permet d’être au plus proche des problématiques et, enseigner, partager tout cet apprentissage avec mes étudiants et à mon tour, de pouvoir les accompagner.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Clément Gravereaux
Chef de projet systèmes d’information à la Haute Autorité de Santé, docteur de l’université de Rennes 2, clement.gravereaux@gmail.com