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Formation
Jeunes docteurs et doctorants témoignent de leur expérience de recherche doctorale avec une CIFRE
Interview n° 3
Texte intégral
Pouvez-vous présenter votre sujet et les conditions de réalisation de votre thèse ?
Je cherche à analyser comment évoluent les pratiques d’apprentissage dans les entreprises face à l’émergence d’un nouveau relationnel (qui remet en question les valeurs et dogmes de la modernité). J’ai intégré le Groupe VYV (secteur mutualiste, 45 000 collaborateurs, 1er acteur de l’assurance santé et le 1er opérateur national de services de soins et d’accompagnement en France) en décembre 2018. J’ai monté mon projet de recherche pour candidater au processus CIFRE et j’ai été accepté en Avril 2019. Cela va donc fait 2 ans que j’ai « officiellement » commencé ma thèse.
Je suis intégré à la Direction projets Savoirs et Compétences de la DRH Groupe et je travaille à la création d’une université de Groupe.
Selon vous, quels sont les points forts et les limites de la réalisation d’une thèse en CIFRE ?
Points forts :
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Être au plus près du terrain : par le biais de l’entreprise, je suis plongé dans le secteur de la formation professionnelle : je suis invité aux salons les plus à la pointe, je suis mis en contact avec de nombreux acteurs, je prends conscience des problématiques du secteur : c’est donc une vraie immersion qui me permet de viser plus juste.
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Participer à la vie de l’entreprise (réunions de vision, réunions stratégiques) : être en entreprise, faire partie de différents groupes projets et communautés internes, c’est l’occasion de rester aligné avec le quotidien d’une entreprise. Prendre en considération les aléas de la vie en entreprise et les intégrer dans une posture d’apprenti chercheur, c’est pour moi très important.
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Un cadre de travail très agréable (confort, ordinateur, logiciels, …) : c’est une chance car l’exercice d’une thèse demande à la fois de la concentration, et à la fois une ouverture sur les autres, et dans un open-space de bonne qualité, je me sens à ma place.
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Sécurité d’un salaire : je ne peux éviter de parler des conditions très avantageuses du CIFRE au niveau financier et donc stabilité : j’ai un salaire très correct, qui me permet d’avoir une vie et non pas juste d’avoir une thèse en cours !
Limites observées
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Un statut particulier : entre étudiant et salarié, je suis parfois considéré soit comme un stagiaire longue durée (à qui l’on confie des tâches de compte-rendu, d’organisation de réunion…) soit comme un OVNI qui gravite dans l’entreprise. Plus sérieusement, le statut CIFRE ne laisse pas indifférent : il suscite beaucoup de curiosité et d’intérêt, même s’il ne peut empêcher un étiquetage plus ou moins heureux du doctorant.
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Isolement : au quotidien dans l’entreprise, je me sens un peu « Seul au milieu de tous » : je suis bien intégré dans la vie de l’entreprise (moments formels et informels) mais lorsque je suis dans mon travail de lecture, je ressens bien une distance, une incompréhension qui m’isole.
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Emploi du temps compliqué : le temps est précieux, et il est difficile de refuser de participer à telle ou telle réunion de l’entreprise. Le temps consacré à la thèse est largement rogné au profit d’un temps pour des actions en entreprise. Le contrat indique 70 % entreprise et 30 % laboratoire : il n’en est rien : c’est plutôt 95 % entreprise.
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Lien avec le laboratoire : avec un seul événement annuel pour rassembler les membres du laboratoire, on peut dire que la vie du laboratoire n’est pas très séduisante. Du moins, je n’ai pas ressenti l’émulation que j’attendais d’avoir en tant que doctorant. C’est peut-être dû à mon temps en entreprise : mais qui est l’œuf et qui est la poule ?
1Le dispositif CIFRE n’est, à mon avis, pas à mettre dans les mains de tout le monde. Il faut s’assurer de la compréhension de l’ensemble des parties prenantes, de ce qui va se dérouler et des conditions quotidiennes que cela implique (en termes de disponibilité et d’encadrement notamment).
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Victor Combes
Doctorant, Conservatoire National des Arts et Métiers, laboratoire DICEM, victor.combes@groupe-vyv.fr