Simona De Iulio

Diplôme Universitaire Concevoir un projet d’information, communication, éducation à l’alimentation, Université de Lille

Table des matières

01 janvier 2023

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Aux origines de la formation : entre constats issus de la recherche scientifique et demandes des acteurs de terrain

1L’idée du Diplôme Universitaire Concevoir un projet d’information, communication, éducation à l’alimentation est née des résultats des recherches réalisées au sein du programme interdisciplinaire et international Food Information Communication and Education (FoodICE) regroupant des enseignants-chercheurs du GERiiCO en collaboration avec des enseignants-chercheurs de deux autres laboratoires de l’Université de Lille (CERIES et CIREL) et d’autres universités européennes (Université Libre de Bruxelles, Université de Gand, UniSOB de Naples, Université du Kent, Université de Grenade). Depuis 2012, ce programme étudie comment les savoirs et les normes relatives à l’alimentation circulent dans différents environnements (écoles primaires, collèges, lycées, universités, organisations publiques et privées) via différents médias.

2Ce programme de recherche est parti d’un constat : face à l’implication de nouveaux acteurs dans la mission d’éducation et de sensibilisation de publics divers (élèves, étudiants, patients, travailleurs, personnes âgées) à l’alimentation, la nature des savoirs diffusés, la légitimité et le poids accordés à ces voix multiples – et parfois en tension – demandent à être explorés et questionnés1. Les diverses enquêtes menées dans le cadre de ce programme de recherche ont permis également de constater qu’un nombre croissant d’acteurs sociaux (enseignants et formateurs d’enseignants, diététiciens-nutritionnistes, associations, médias, acteurs économiques de l’agro-alimentaire, personnels des cantines) sont engagés dans des initiatives info-communicationnelles et éducatives en matière d’alimentation. Ces travaux ont également permis de vérifier qu’il existe une réelle nécessité de la part de ces acteurs d’acquérir des connaissances et compétences adéquates à cette tâche comme en témoignent les nombreuses demandes de conseil, d’expertise, d’évaluation reçues par les chercheurs engagés sur le terrain.

3Des rencontres organisées avec des représentants d’associations professionnelles, du secteur de l’éducation et de l’agro-alimentaire ont permis de confirmer l’existence de besoins de personnels ayant des compétences spécifiques en médiation de savoirs sur l’alimentation. Ces besoins ont été réaffirmés par les résultats d’un travail de veille sur les offres d’emploi publiées par des organisations publiques et privées opérant dans le secteur de l’agro-alimentaire et de la santé. Ce travail de veille a permis notamment de constater la demande de compétences en matière de recherches documentaires dans ce domaine, d’élaboration de stratégies d’information et communication et d’éducation visant à la sensibilisation de divers publics, de réalisation et animation de projets transversaux liés à l’alimentation en lien souvent avec d’autres partenaires.

L’information, la communication, l’éducation à l’alimentation au cœur des politiques publiques en matière de nutrition et d’alimentation

4Ce besoin de compétences et connaissances en matière d’information, communication, éducation à l’alimentation émerge dans un contexte de reconnaissance de l’éducation à l’alimentation comme un levier central des politiques publiques en matière de nutrition et d’alimentation.

5Pour l’Organisation Mondiale de la Santé « Les initiatives d’information, d’éducation et de communication sont fondées sur les concepts de prévention et de soins de santé primaires. Principalement axées sur le changement ou le renforcement des comportements individuels et/ou sur la modification des normes sociales ou communautaires, l’éducation et la communication en matière de santé publique visent à donner aux individus les moyens d’agir sur leur santé et à obtenir un soutien social et politique pour ces actions » (OMS 2001). De son côté, la FAO (Food and Agriculture Organisation) recommande l’intégration cohérente des prescriptions diététiques dans les politiques et programmes nationaux en matière d’alimentation, d’agriculture, d’éducation et de santé.

6En France, le Plan National Nutrition Santé lancé en 2001 a développé différentes stratégies orientées vers la communication, l’information, l’éducation pour orienter les citoyens vers des choix alimentaires plus sains. Les actions d’information, communication et éducation à l’alimentation sont notamment au cœur de l’axe 2 du PNNS 2019-2023 qui préconise de promouvoir l’information relative à la qualité des aliments et le développement de l’éducation à l’alimentation dans divers milieux (scolaire, de travail, pénitentiaire).

7La nécessité de mettre en place des initiatives d’information, communication et éducation est également soulignée dans le Programme National sur l’Alimentation (PNA) qui incite à développer des outils pédagogiques pour renforcer l’éducation à l’alimentation de la maternelle au lycée. De son côté, le Conseil National de l’Alimentation (CNA) attribue un « rôle primordial » à l’éducation à l’alimentation dans le cadre de l’École. Dans l’avis n° 84 de 2019 intitulé Éducation à l’alimentation, le CNA préconise d’insérer l’éducation à l’alimentation dans un continuum éducatif et d’impliquer l’ensemble du personnel des écoles. Dans l’avis n° 77 sur Les enjeux de la restauration collective en milieu scolaire, le CNA envisage le restaurant scolaire comme un lieu d’éducation à l’alimentation et insiste sur la nécessité d’une formation continue des agents de la restauration scolaire. De son côté, la feuille de route 2019-2022 élaborée suite aux États généraux de l’alimentation (EGAlim) en 2017 a recommandé de miser sur l’éducation et sur l’information du consommateur, l’enjeu étant d’impliquer les professionnels de santé, de l’éducation, de l’agro-alimentaire “dans la sensibilisation et l’information sur la nutrition de la population à l’alimentation saine”.

8Dans un document réalisé conjointement par le ministère de l’éducation nationale et le ministère de l’agriculture et de l’alimentation l’ensemble des personnes chargées de l’éducation des enfants et des jeunes devrait être impliqué dans l’éducation à l’alimentation : enseignants, direction et gestionnaires, conseillers principaux d’éducation, personnels de la vie scolaire, personnels de restauration, collectivités territoriales, partenaires. Les deux ministères incitent à « favoriser des formations inter-catégorielles à toutes les échelles territoriales […] indispensables à une culture commune entre les différents acteurs de l’éducation alimentaire, quel que soit le champ abordé de cette éducation2 ».

Les publics ciblés par la formation : une diversité d’acteurs

9Ce diplôme universitaire vise à répondre aux besoins d’acquisition de connaissances et compétences des ensembles de personnes qui à l’heure actuelle sont chargées de concevoir, évaluer, mettre en œuvre des projets d’information, communication, éducation à l’alimentation, issues de divers univers professionnels :

• Secteur social-associatif (porteurs de projets d’éducation à l’alimentation, éducateurs, assistants sociaux conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation) ;

• Santé (médecins, diététiciens-nutritionnistes, infirmières, aides-soignants) ;

• Agroalimentaire et restauration collective (responsables de la communication, responsables de projets pédagogiques ou info-communicationnels, responsables nutrition) ;

• Enseignement, secteur éducatif (inspecteurs, enseignants, infirmières scolaires, animateurs).

Équipe pédagogique, programme et compétences visées

10L’équipe pédagogique est composée d’enseignants-chercheurs en sciences de l’information et de la communication, sociologie, sciences de l’éducation et de professionnels travaillant dans le domaine de la communication, de la nutrition, de l’agro-alimentaire, des politiques territoriales, des associations.

11La formation s’articule en trois modules et prévoit 145 heures de formation découpées comme suit : une fois par mois deux jours d’ateliers en présentiel à Lille, 85 heures de distanciel synchrone ou asynchrone de février à juin et 30 heures de projet tutoré et de travail personnel de l’apprenant.

12Le premier module intitulé « Enjeux et outils de l’information, communication, éducation à l’alimentation » inclut des enseignements qui permettent d’analyser les politiques publiques sur l’alimentation et de saisir les enjeux sanitaires, environnementaux, culturels, sociaux, politiques, éthiques, médiatiques et marchands de l’alimentation et leur évolution. Dans le cadre de ce module, les spécificités des savoirs sur l’alimentation et leurs évolutions (savoirs du sens commun, gastronomiques, expérientiels, scientifiques, médicaux) sont décryptées. De même, ce qui fait autorité ou controverse en matière d’alimentation est questionné. Une journée d’étude permet de rencontrer des chercheurs et des acteurs de terrain travaillant sur une thématique d’actualité (en 2022 la journée a porté sur « alimentation et agir citoyen »).

13Intitulé « Produire des outils novateurs d’information, de communication, d’éducation à l’alimentation », le deuxième module se propose de développer diverses compétences : rechercher et évaluer des informations sur l’alimentation ; organiser, formuler et transformer des contenus visuels, textuels, audiovisuels afin de concrétiser des initiatives info-communicationnelles et éducatives sur l’alimentation ; élaborer des critères d’évaluation et évaluer des initiatives d’information-communication et d’éducation dans le domaine de l’alimentation. Des projets tuteurés permettent aux participants de mener une mission pour le compte d’une organisation réelle et donc de gérer une situation de responsabilité professionnelle dans le domaine de l’information, communication, éducation à l’alimentation.

14Enfin le troisième module prévoit la rédaction par l’apprenant d’une synthèse de fin de formation.

Une formation unique en France

15Le DU Concevoir un projet d’information, communication, éducation à l’alimentation est né dans un contexte où l’offre de formation sur l’alimentation en sciences humaines et sociales apparaît largement dominée par la sociologie, l’anthropologie et l’histoire (c’est le cas, par exemple, du Master Sciences sociales appliquées à l’alimentation de l’Université de Toulouse et du Master Cultures et patrimoines de l’alimentation de l’Université de Tours). Dans ces formations, les aspects relatifs à l’analyse, la conception et la mise en œuvre de projets info-communicationnels et éducatifs sur l’alimentation ne sont aucunement traités. Les très rares formations sur l’éducation à l’alimentation sont proposées notamment en sciences de la nutrition et ont des visées normatives fortes et se présentent sous format court. Formation unique en France, le DU Concevoir un projet d’information, communication, éducation à l’alimentation est labellisé par le Clubster Nutrition, Santé, Longévité (NSL).

Notes

Pour citer ce document

Quelques mots à propos de : Simona De Iulio

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