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> Axe 1 | Culture, tourisme, patrimoine et interculturalité(s)

Hoang Thi Hong Ha

Patrimoine culturel immatériel ou superstition
La cérémonie de Trần Hưng Đạo au Việt Nam

Article

Texte intégral

1Le culte du héros est un culte typique vietnamien. Parmi les héros vénérés partout au Việt Nam, Trần Hưng Đạo, né Trần Quốc Tuấn, (1228-1300) est l’un des plus connus. Trần Hưng Đạo s’est rendu célèbre en défendant trois fois avec succès le pays contre les attaques des Mongols-Yuan en 1258, 1285 et 1287. Deux identités lui sont associées, la première est celle d’un héros et la deuxième celle d’une divinité. Dans la pensée populaire, Trần Hưng Đạo est considéré comme une divinité ou Đức Thánh Trần, à l’origine une personne céleste envoyée sur Terre pour aider les Vietnamiens à expulser les envahisseurs étrangers. Le peuple vietnamien l’a mythifié comme un esprit magique capable de neutraliser toute sorte de mauvais esprit et l’a doté de pouvoirs surnaturels et d’une personnalité surhumaine. L’espace de ce culte traverse le Vietnam du nord au sud et a pris différentes formes : des fêtes et des rituels dont la possession considérée comme du « folklore » et du « patrimoine culturel immatériel », mais aussi comme de la « superstition ».

2Au cours des dernières années, les chercheurs vietnamiens ont porté leur attention sur le culte autochtone. La cause de cette attention académique est la revitalisation rapide du culte chez les Vietnamiens alors que le Việt Nam a conclu le Renouveau 1986. L’ouvrage Hero and Deity : Tran Hung Dao and the Resurgence of Popular Religion in Vietnam (Phạm Quỳnh Phương : 2006) relate les recherches sur le héros Trần Hưng Đạo dans un contexte de résurgence de religion populaire : il apporte quelques éclairages pour comprendre la transformation presque immédiate de ce personnage historique en héros de la patrie, objet d’un culte initié dès après sa mort. Nous allons surtout étudier la manière dont le culte a évolué car le culte à Trần Hưng Đạo a non seulement traversé sans encombre les siècles dans ses développements étatiques et populaires mais il n’a, en plus, jamais été dissocié des rites de possession, ce qui permet de renforcer sa dévotion auprès de gens ordinaires.

3Selon quel processus, faisant intervenir quels agents, ce personnage a-t-il accédé au statut de divinité ? Quelle fut l’attitude du gouvernement communiste à l’égard de ce héros et de son culte ? Quelles sont les caractéristiques des pratiques médiumniques qui permettent d’entrer en communication avec lui et avec les membres de sa lignée ? Comment l’attitude du régime communiste envers ces pratiques a-t-elle évolué ? L’intérêt de ce questionnement déborde l’étude de Trần Hưng Đạo. Il peut permettre de mieux comprendre l’évolution dans le temps des rapports que les sphères politique et religieuse entretiennent dans ce contexte national.

4Du point de vue méthodologique, l’étude combine l’approche ethnohistorique aux techniques classiques de la démarche ethnographique que sont l’observation des pratiques et le recueil du discours, généralement sollicité par l’entretien semi-directif, et parfois aussi saisi sur le vif dans le cadre d’échanges non directifs. J’ai mené des entretiens informels et officiels auprès de plusieurs catégories de personnes concernées plus ou moins directement par le culte : les médiums et officiants des rituels, les villageois et enfin des fonctionnaires opérant dans divers services administratifs (villages, communes, provinces, administration centrale), notamment ceux ayant trait à la promotion de la culture et aux affaires religieuses.

Trần Hưng Đạo, grand héros ou divinité sacrée ?

5Trần Hưng Đạo est à la fois un héros historique et une divinité haut placée dans le panthéon vietnamien. Son culte prend certes sa source dans des hauts faits d’armes ayant contribué à forger la gloire du pays mais sa transformation de personnage historique en figure de la mythologie découle d’un long processus d’élaboration réalisé en étroite synergie par la « grande » tradition textuelle (celle des récits officiels) et la « petite » tradition contextuelle (celle de la tradition orale), telle qu’elle s’est développée au fil des siècles dans un grand nombre de localités témoins de ses actes héroïques. Selon un processus d’élaboration dont la nature restera malheureusement à jamais insondable, les pouvoirs de protection qu’il avait démontrés face à des adversaires théoriquement plus puissants ont progressivement débordé le registre militaire pour s’appliquer à toutes les sphères où la population Kinh était confrontée à l’adversité - sphères de la vie privée ou publique, individuelle ou collective. Instauré garant de l’intégrité territoriale, de l’unité sociale et de l’unicité culturelle du pays face aux velléités assimilatrices de l’impérialisme chinois, il en est venu, par l’instauration d’un culte d’État et l’expansion parallèle d’une ritualité villageoise alimentant la mythologie officielle par ses miracles, à être l’opérateur principal de la lutte contre toutes les menaces portées au développement de la vie, que celles-ci puissent affecter l’équilibre du microcosme corporel (maladies physiologiques graves, troubles comportementaux, blocages du potentiel reproducteur), ou le sociocosme au sens large (inondations, incompatibilité du destin des enfants et des parents de nature à miner le fonctionnement de la cellule familiale, agressions extérieures). En adéquation avec le lien que la pensée vietnamienne établit entre la fonction régulatrice de l’empereur et son ascendance divine en qualité de « fils du ciel », Trần Hưng Đạo profita très rapidement après sa mort d’une assimilation de ses accomplissements militaires avec une ascendance divine en faisant le délégué de l’Empereur de Jade sur terre. D’autre part, Trần Hưng Đạo est considéré comme le Père, en symétrie avec la Mère des Quatre Palais. Dans la tradition vietnamienne, si on pratique le culte de la Mère, on doit pratiquer le culte du Père.

La cérémonie de Trần Hưng Đạo

Vocations médiumniques

6Depuis la libéralisation des activités religieuses des années 1990, le rituel de possession est assez répandu et il n’est pas difficile de rencontrer des médiums. Au cours de ma recherche j’ai contacté des gardiennes des temples honorant Trần Hưng Đạo pour participer à leurs cérémonies et c’est dans ces circonstances que j’ai rencontré des médiums, dont la plupart officient à la fois dans les rites des Quatre Palais et dans ceux voués à la famille Trần1.

7Les médiums rencontrés dans un premier temps ne réalisaient qu’une incarnation de la divinité Trần. Si dans leurs incarnations des Quatre Palais ils dansent avec l’épée et des drapeaux, ils ne peuvent cependant pas se soumettre aux ordalies propres au culte Trần comme se percer les joues, s’inciser la langue ou mettre dans sa bouche de l’huile bouillante. Durant quatre mois, de mai à août 2014, j’ai cherché en vain ces médiums spécifiques. Les gardiens des temples m’expliquaient :

« Maintenant, il n’y a pas beaucoup de médiums pour accomplir le rituel de la famille de Trần. C’est trop dur. Avant, le gouvernement croyait que c’était de la superstition, le médium devait abandonner son métier. Il ne le transmettait pas aux générations suivantes et son métier s’est perdu. De plus, hormis l’anniversaire de la mort de Trần Hưng Đạo, il n’y a pas beaucoup des cérémonies ».

8À mon retour au Vietnam en novembre 2014, j’ai poursuivi mes investigations en contactant l’Institut privé de recherche sur les capacités surnaturelles de l’homme au Vietnam, le Centre de recherche UIA (Département de la technologie de communication et de l’information appliquée au potentiel humain en lien avec les phénomènes surnaturels)2, enfin le Centre de communication avec les esprits à Hà Nội. Grâce à cette dernière association j’ai pu trouver un médium de la famille de Trần. Contrairement à mon attente, ce médium était jeune, né en 1983. Natif à Hải Phòng, diplômé de la Faculté d’administration de l’université d’Hà Nội, il est marié et le couple a un garçon. Actuellement, il est président du club « pratiquer le zen bouddhique Viet », mais aussi du club « le monde des esprits mystérieux » et vice-président de la société Étoile du Sud. Dans le cadre de la première association, il enseigne à des centaines de personnes la pratique du bouddhisme zen à Hà Nội, Hải Phòng et Hải Dương. Il organise aussi des activités charitables comme distribuer de la nourriture aux malades d’hôpitaux à Hà Nội. Ses activités associatives font l’objet d’une publicité sur son compte Facebook. Par contre ses activités médiumniques n’y sont pas mentionnées.

9Après la fin de ses études de Bac+3, le jeune homme a travaillé dans le comité de rédaction d’un journal à Hà Nội. Ne pouvant plus supporter le stress occasionné par cette activité, il s’est alors mis à fréquenter pagodes et temples en quête de spiritualité. Selon ses dires le premier temple qu’il fréquenta était voué à un culte à la divinité Trấn Vũ symbolisant le nord dans la tradition taoïste et dont les attributs sont le serpent et la tortue. Rapidement il fut séduit par le culte de la famille de Trần et entra spontanément dans l’état de possession áp vong (littéralement : « appliquer/apposer l’âme », d’une réincarnation de défunt). Il raconte ainsi les circonstances de sa première possession :

« Un jour, à la nuit tombée, je me suis rendu au temple de Ngọc Sơn où la divinité Trần Hưng Đạo est vénérée. J’ai demandé aux gardiens l’autorisation de m’y recueillir. Je suis alors resté sans connaissance toute la nuit. Même si je n’avais étudié auparavant que la pratique du zen bouddhiste je pouvais être initié, car je pouvais m’asseoir en tailleur et contrôler mon souffle. Quand j’ai recouvré mes esprits je suis rentré chez moi, mais le phénomène s’est répété et m’a obligé à chercher des médiums pour me guérir, sans résultat. Un jour que je visitais le temple Ngọc Sơn, comme à l’habitude, je rencontrai un vieillard encore vert qui allait devenir mon maître (…). C’est un médium expérimenté qui habite au bord de la mer, dans la province de Thái Bình ou dans des lieux historiques attachés aux Trần. Ses ancêtres depuis plus de dix générations vénèrent des divinités de la famille de Trần et ils sont des médiums talentueux. Autrefois être médium était considéré comme un métier, mais durant la période de collectivisation, l’activité fut associée à de la superstition et interdite. Mon maître a reçu le don de son père, mais devenant vieux il était en quête de quelqu’un pour continuer. Même s’il a des enfants il ne leur transmet pas son don car ils n’ont pas de grande vertu. Selon mon maître, pour devenir un médium de la famille de Trần, il faut avoir le talent et la vertu. Sinon, le médium peut exploiter la confiance du peuple et agir en escroc avec déloyauté ».

10Ayant trouvé un maître, le jeune homme, dont le patronyme est Lê, adopta un nom de cérémonie pour se faire appeler Lê Thái Bình, en référence à la province de Thái Bình où il a accompli le rituel pour devenir médium.

11J’ai fait la connaissance du deuxième médium par l’entremise de l’Institut français de Hà Nội où il avait effectué à titre de démonstration une séance de possession en février 2011. Il habite dans la province de Nam Hà. Né en 1964, il n’a pas poursuivi ses études au-delà du collège et est célibataire. À la différence du précédent devenu médium par hasard, il a hérité la vocation de sa famille qui compte des médiums possédés par l’esprit Trần depuis cinq générations. Membre d’une fratrie de cinq, lui seul a été entraîné pour assurer des cérémonies de possession par son grand-père et son père. À treize ans, il a dû suivre le rituel pour devenir médium de la famille de Trần. Il est fier d’avoir pu ainsi perpétuer la tradition familiale. Il m’a confié :

« Le rituel de médium est entré dans ma vie naturellement. J’ai regardé mon grand-père et mon père. J’ai appris dans mon cœur les étapes de la cérémonie sans enseignement. Je me suis habitué au transpercement de la langue et des joues. Devenir médium est évident pour moi et je veux garder un mérite élevé ».

12J’ai rencontré le troisième médium par l’intermédiaire de la gardienne du temple de Bảo Lộc. Il vit dans la province de Bắc Giang. Né en 1945, avec un niveau d’instruction élémentaire, il s’est marié à une agricultrice qui lui a donné deux fils et deux filles. Il m’a confié avoir découvert sa vocation alors qu’il avait 14 ans et participait par hasard à une cérémonie de la famille Trần. Quand le médium officiant lors de cette séance fut incarné par la troisième divinité, il fut lui-même possédé et sa tête se mit à tourbillonner. Le même phénomène se reproduisit lors d’autres séances auxquelles il assista et le médium lui dit qu’il avait le potentiel du troisième fils de Trần. Il ajoute :

« En assistant à la cérémonie en l’honneur de la famille de Trần, j’ai compris que j’avais le potentiel car je pouvais exécuter le rituel sans problème. Je pense que le troisième fils de Trần Hưng Đạo m’a choisi pour être son disciple ».

13J’ai rencontré aussi des homologues féminins de moindre pouvoir. En assistant à des séances de possession, j’ai rencontré une médium très connue à Thái Bình. Née en 1951 dans une famille d’agriculteurs, elle est célibataire et m’a dit que, lorsqu’elle était jeune, elle était une femme normale. Elle s’est mariée, mais n’a pas d’enfant. Un an après son mariage, alors qu’elle rentrait chez elle après le travail, elle fut victime d’une insolation. C’est une maladie banale mais qui, dans son cas, s’est avérée grave. Elle eut durablement des convulsions et de temps en temps des épisodes de folie. Son mari l’a alors quittée pour une autre femme. Sa famille chercha par tous les moyens à la guérir mais en vain. Elle grimpait aux arbres ou restait prostrée dans une rivière toute la nuit. Elle m’a raconté la circonstance fortuite qui a déclenché sa vocation :

« Un jour, une femme passa dans mon village et me suggéra de soumettre son problème aux Mères des Quatre Palais lors d’une séance de possession. Suite à cette séance je fus miraculeusement guérie. Un jour, alors que je participais à la cérémonie de son maître médium au temple de Kiếp Bạc, je fus possédée par la deuxième fille de Trần Hưng Đạo. Je me soumis dans la foulée au rituel de titulature et suis devenue médium des Quatre Palais tout en pouvant exercer le rituel de Trần. Je peux me percer les joues et me transpercer la langue ».

14Donnons encore un autre exemple de médium femme. Elle est née en 1960 et est mariée. Elle a deux filles et un fils. Elle habite dans la province de Nam Định et travaillait en tant que caissière dans une coopérative. Toutefois, après avoir échoué dans l’exercice de sa profession et avoir subi des revers de fortune, elle est allée de temps en temps prier aux temples. Elle m’a dit :

« Autrefois, j’étais très intelligente. Je travaillais bien et gagnais beaucoup d’argent supplémentaire grâce au commerce des produits agricoles. En 2001, dans l’exercice de son commerce, mon mari a perdu tout ce que nous avions gagné, par négligence car il avait été escroqué. Dans le montant perdu, il y avait une somme que j’avais prise dans la caisse de la coopérative. Quand mon acte fut dévoilé, j’ai dû quitter mon travail. Cette année-là, mon dernier fils qui est le plus intelligent de la famille et est étudiant en première année a eu un accident de moto. J’étais anéantie. Je suis allée au temple de la divinité Trần dans l’espoir qu’elle me protège… Grâce à l’enseignement d’un vieux médium je le suis devenue moi-même. Actuellement, tous les membres de ma famille servent la divinité Trần. Ils m’aident dans la cérémonie de possession et dans toutes les activités religieuses. »

Incarnations principales

15La possession est définie comme l’entrée de plusieurs « composantes immatérielles des esprits » dans le corps du médium. Chaque incarnation débute par l’entrée de l’esprit dans le corps du médium. Pour le permettre, l’officiant pratique un rituel de demande aux esprits. Il se couvre la tête d’un voile rouge et l’esprit peut alors entrer dans son corps. Il revêt des vêtements spécifiques et pratique le rituel d’offrande de l’encens. Il est dès lors en position d’accomplir la mission de l’esprit (« faire la mission du mandarin »). Il s’anime, fait des grands gestes, danse au rythme des chants et de l’orchestre. Par la suite, il formule des recommandations pour guérir les malades, expulser les démons, sauver le pays et distribue les générosités porte-bonheur (Durand, 1959 : 14). La possession se termine par la sortie de l’esprit du corps du médium. Dans le culte de la famille Trần, la possession s’accompagne d’épreuves physiques censées non seulement prouver la présence de la divinité mais aussi effrayer les esprits maléfiques et les chasser.

16Les Vietnamiens disent souvent : « Un morceau de générosité de l’esprit est plus sacré que plusieurs générosités du peuple ». Les participants pensent que le présent des esprits qu’ils ont reçu leur portera chance et que leurs sollicitations seront peut-être satisfaites. La distribution manifeste la générosité des esprits mais elle illustre aussi très clairement le rôle d’intermédiaire joué par le médium. Les participants sollicitent et prient les esprits en présentant des offrandes. Le plus souvent les requêtes sont formulées de manière assez conventionnelle et consistent en des demandes de richesse, de talent, de santé, etc. Les esprits répondent par des gestes d’acquiescement de la tête et par la redistribution plus ou moins importante de générosités. Enfin, le médium se recouvre du voile rouge. Il se croise les doigts au-dessus de la tête, frissonne et incline le corps en arrière pour signifier le départ de l’esprit.

17Au terme de la première incarnation, le médium a conservé le voile sur sa tête pour commencer une deuxième incarnation, celle du fils aîné de Trần Hưng Đạo. La musique change alors d’air et le médium ouvre le voile, signe que la divinité est apparue. Dans cette incarnation, le médium s’y transperce la langue et crache du sang sur des papiers talisman qu’on nomme la « marque sanglante ». Ces marques sanglantes sont réputées très efficaces pour chasser les fantômes et les esprits.

La cérémonie de Trần Hưng Đạo du passé au présent

De l’époque coloniale au Renouveau de 1986

18Pendant la période coloniale française, les érudits confucéens et les nationalistes vietnamiens étaient attachés au maintien de rituels célébrant la mémoire de ce grand patriote, en analogie avec les grands personnages historiques commémorés par la nation française. La révolution d’août 1945 enclencha un long et complexe processus de décolonisation. Puis, à la suite des Accords de Genève de 1954, le Việt Nam dut aussi faire face à la partition du pays et conduire une nouvelle guerre pour la réunification face à l’impérialisme américain et à son armée, la plus puissante du monde. Trần Hưng Đạo resta à cette époque une référence incontournable en matière de patriotisme. Au cours des années 1950 à 1970, tandis que le nombre de festivals traditionnels était réduit par l’État communiste et que les temples étaient fermés, les célébrations de la date anniversaire de la mort de Trần Hưng Đạo furent maintenues par les autorités étatiques et locales. De leur côté, les autorités sudistes de la République du Việt Nam (1955-1975) instrumentalisèrent aussi les grandes figures historiques comme Trần Hưng Đạo à des fins de légitimation et de propagande politique.

Le Renouveau 1986 à nos jours

19En 1986, le gouvernement vietnamien et le Parti communiste engagèrent une politique de rénovation par l’introduction d’une série de réformes qui marquèrent un tournant important non seulement dans le développement économique du Vietnam, mais aussi dans la vie sociale. Un relâchement relatif du contrôle de l’État sur la sphère religieuse s’amorçait en dépit de la promulgation en 1985 de l’article 199 du code pénal. À partir de 1986, la vie religieuse connait une ébullition sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir des communistes avec la réouverture et la reconstruction des anciens temples et sanctuaires. Les habitants commencèrent à visiter les temples librement, à acheter et vendre des objets religieux et à s’engager dans des pratiques rituelles. Les fêtes de village reprirent et les gens partirent en quête des tombes perdues de leurs ancêtres. Les pratiques de la religion populaire jusqu’alors proscrites car jugées « superstitieuses » réapparurent et des croyances anciennes furent exhumées de la mémoire collective. Certaines d’entre elles furent réinterprétées par les autorités comme des croyances traditionnelles folkloriques ou des éléments d’une culture populaire désormais réhabilitée (Nguyễn Phương Thảo, 2003 : 92). Dans le même élan, des monuments telles les maisons communales autrefois considérées comme des instruments de l’élite féodale ou des foyers d’activité superstitieuse, furent désormais présentés comme de beaux exemples des arts de la nation et de la vitalité de ses traditions et de sa culture (Hà Văn Tấn et Nguyễn Văn Kự, 2014 : 48). Beaucoup de monuments commémorant les traditions militaires furent inscrits au patrimoine culturel de la nation. Les autorités les réhabilitèrent pour lutter contre la menace de nivellement culturel lié à la globalisation et exalter le patriotisme auprès des jeunes générations. Des cultes religieux populaires comme celui de Trần Hưng Đạo redevinrent une part importante de la vie religieuse des gens de tous horizons.

20En rapport avec ces évolutions, le Parti Communiste dut revoir en profondeur sa politique en matière religieuse. La première étape en ce sens fut un document publié à l’issue du 7e congrès du Parti communiste en 1991 : « La religion est un besoin pour une fraction du peuple. Le Parti Communiste et le Gouvernement respectent le droit à la liberté religieuse ou laïque du peuple ». Douze ans plus tard, une résolution du comité exécutif du PCV (25 NQ-TW) déclarera de même : « La religion et la croyance sont un besoin du peuple et coexistent avec l’édification du socialisme ». Enfin, dernière étape en date dans ce processus d’ouverture, dans la nouvelle Constitution promulguée le 28 novembre 2013 et entrée en vigueur le 1er janvier 2014, les droits de l’homme occupent une place prépondérante et le droit à la liberté religieuse y est élargi profondément sous tous ses aspects (article 24, chapitre II) :

  • Les êtres humains ont la liberté de croyance, de religion et le droit de pratiquer ou ne pas pratiquer une religion. Les religions sont égales devant la loi.

  • Les lieux de culte des croyances et des religions sont protégés par la loi.

  • Nul ne peut porter atteinte aux libertés de croyance et de religion, ni abuser des croyances et des religions pour contrarier la loi et les politiques de l’État » (Constitution 2013, édit lao dong 2014 : 20).

21Comparée aux constitutions précédentes (1946, 1959, 1980, 1991), celle de 2013 consacre non seulement le processus de rénovation mais aussi celui de l’intégration dans le concert des nations et de l’adhésion à certaines des valeurs promues par les institutions internationales (ONU en particulier). Très significativement, le mot « citoyen » est désormais remplacé par le mot « être humain » et, en vertu de cette nouvelle sémantique, le droit à la religion n’est pas seulement reconnu comme un droit fondamental du citoyen, mais aussi comme droit fondamental de tout être humain, par alignement sur la charte fondatrice de l’ONU de 1946. Autrement dit, le fait de croire dans une religion n’empêche pas que l’être humain a le droit d’être un citoyen.

22Dans une certaine mesure, la réévaluation par l’État de la religion populaire a également été influencée par un facteur externe - le rôle de l’UNESCO. En effet, dans le sillage de la Décennie mondiale des Nations Unies pour le développement culturel 1988-1997, la « culture nationale » est devenue une question centrale pour le Congrès. De par cette influence externe mais aussi au vu de l’évolution rapide de la société créée par la politique de rénovation, le PCV prit rapidement conscience que la culture était à la fois le « fondement de la société et le moteur du développement », et que la religion était non seulement partie constitutive de la culture mais qu’elle pouvait aussi lutter contre le délitement des valeurs morales. Jadis considérée être une source d’aveuglement des masses populaires, la religion en vint par un complet renversement idéologique à être interprétée comme un facteur de bonne moralité, en même temps qu’un émulateur d’énergie en faveur du développement. En effet, dans le contexte de l’économie de marché, la pratique du culte pouvait aider le peuple à améliorer ses moyens d’existence par divers artisanats et commerces relatifs aux papiers votifs, à l’encens et à d’autres types d’offrandes (Marlarney, 2002 : 106).

23Dès les années 1990, les « folkloristes », les ethnologues et les spécialistes d’autres disciplines en sciences sociales engagèrent des recherches sur les éléments culturels nationaux, en particulier ceux liés à la vie rurale, à l’agriculture, à l’économie et aux racines de la culture vietnamienne. Avec la réhabilitation des fêtes de village, la possession par les esprits qui avait toujours été considérée comme la forme la plus extrême de la superstition fut elle aussi réévaluée. Les danses religieuses, parfois associées à la transe et les chants des médiums furent traités comme des « spectacles traditionnels ». Le culte des Mères et aussi le culte de Trần Hưng Đạo furent officiellement considérés comme relevant d’une religion folklorique indigène au Việt Nam et « un musée vivant de la culture vietnamienne » et du folklore. D’une manière générale, la possession est encore considérée par une frange de l’opinion publique comme une activité superstitieuse qui reflète l’ignorance de ses adeptes. Un certain nombre d’intellectuels pensent que les pratiques d’automutilation parfois associées à la possession par l’esprit Trần, telles que strangulation, transpercement de la langue, etc., sont barbares et devraient être interdites, même si le point de vue contraire reste dominant. Ces tensions entre intellectuels compliquent la compréhension de leurs idées par le peuple et créent un dilemme pour l’État.

24Celui-ci, dans les décrets qu’il a promulgués ces dernières années, reconnait certes la liberté de culte, mais cherche comme les gouvernements confucéens prémodernes et l’État marxiste d’avant 1986 à les contrôler. L’ordonnance 4/1998/TT, par exemple, encourage le culte des ancêtres, celui des héros et de tous ceux qui ont rendu un grand service à la nation, de même que le culte de « symboles traditionnels ». Par contre, elle interdit la propagation des activités superstitieuses. Il n’y a aucune indication explicite de ce qui est et n’est pas considéré comme une superstition. La vénération de la divinité Trần est implicitement valorisée car elle est « traditionnelle et symbolique ». Cependant, de nombreuses activités religieuses associées à ces cultes, y compris la possession par les esprits, pourraient également être classées au rang des superstitions. Plus récemment, la résolution sur la religion du Comité central du parti communiste de 2003 insiste sur la nécessité pour le Parti d’exercer un contrôle étroit sur les religions, notamment l’Église bouddhiste unifiée, certains groupes Cao Đài ou Hoà Hảo, ainsi que les Églises protestantes qui ont connu un grand essor parmi les minorités ethniques. De même, la nouvelle ordonnance sur la Foi et la religion de 2004 donne des instructions précises concernant la gestion de la pratique religieuse. Elle condamne tout « abus de la liberté de croyance et de religion qui « menacerait la paix, l’indépendance et l’unité du pays ». Le décret d’application numéro 22 de l’ordonnance, votée en en mars 2005 exige l’enregistrement des églises protestantes locales.

25Pour autant, le culte à Trần Hưng Đạo échappe à ce régime de conditions restrictives du fait qu’il est celui d’un héros : il n’a même jamais été aussi fort. Pour célébrer le 700e anniversaire de sa mort, l’État a investi des milliards de Dongs pour édifier des statues de Trần Hưng Đạo. En novembre 2003, les dirigeants de la délégation sportive nationale ont organisé un pèlerinage rituel au sanctuaire de Trần Hưng Đạo dans la province de Phú Thọ et au temple de Kiếp Bạc avant la cérémonie d’ouverture des 22èmes Jeux de l’Asie du Sud-Est. Lors des premiers jours du Nouvel an lunaire, le Président du Việt Nam a fait déposer des couronnes devant les statues des temples dédiés à Trần Hưng Đạo et a prié pour la réussite de l’année à venir. Plus surprenant encore au regard de la position officielle de l’État envers les pratiques médiumniques, en octobre 2006 des festivals de possession ont pour la première fois été officiellement supervisés par le Ministère de la culture et de l’information dans le cadre des célébrations de la date anniversaire de la mort de Trần Hưng Đạo. D’autre part, en 2013, le rituel dédié à la famille Trần a été retravaillé dans ses aspects liturgiques par la suppression notamment des mortifications afin de proposer à l’Unesco son inscription au patrimoine immatériel de l’humanité. Dans ce nouveau contexte, la possession par les esprits est considérée comme un élément du folklore et du « patrimoine immatériel », qui participe à l’héritage culturel et à la singularité du Việt Nam dans le cadre de la mondialisation.

26Dans le domaine des arts, Trần Hưng Đạo est devenu le personnage central de plusieurs productions théâtrales comme « L’âme de Đại Việt ». C’est un théâtre rénové, écrit par Doãn Hoàng Giang, metteur en scènce et « artiste du peuple ». Il est joué par la troupe de théâtre de la province de Nam Định, le lieu du village natal de Trần Hưng Đạo. Dans une scène de soixante-dix minutes, Doãn Hoàng Giang décrit le rôle de Trần Hưng Đạo dans la deuxième et troisième bataille contre le Mongol-Yuan. L’auteur évoque l’importance de Trần Hưng Đạo dans l’unification du pays. Les changements économiques ont aussi ouvert un nouveau champ pour le culte à cette figure héroïque. L’historien Dương Trung Quốc (2005) rapporte ainsi le vœu d’un homme d’affaires d’ériger la divinité Trần en patron spirituel de son entreprise. Il ne s’agit là que d’un exemple parmi d’autres de tentatives visant à capter le pouvoir de réussite dont est investi Trần Hưng Đạo pour assurer la croissance des entreprises privées. Conçu sous cet angle le général assume la même fonction que celle de Guan Yu en Chine.

Figure. La statue de Trần Hưng Đạo à l’embarcadère Bạch Đằng, Hồ Chí Minh Ville

27Trần Hưng Đạo s’est non seulement affirmé comme l’une des principales, si ce n’est la principale, figure héroïque du Vietnam contemporain, mais il est aussi vénéré en France, aux États-Unis et en Australie où vivent de nombreux vétérans de la République du Vietnam, du fait qu’il a servi de symbole aux deux régimes antagonistes de la République socialiste du Viêt Nam et de la République du Sud Viêt Nam. Ainsi, dans le cadre de mon séjour en France, j’ai appris par hasard que certains anciens fonctionnaires du régime de la République du Vietnam réfugiés en France pratiquent le culte de Trần Hưng Đạo mais en y rattachant une symbolique différente. Trần Hưng Đạo est célébré comme le saint patron des forces navales de la République du Vietnam. La cérémonie de culte est organisée dans une maison de la banlieue de Paris par un groupe de vétérans de la marine, chaque année, le 20ème jour du 8ème mois du calendrier lunaire, date de sa mort (qui correspond au mois d’octobre selon le calendrier grégorien). En octobre 2012, cette cérémonie commémorant les 712 années de la mort de Trần Hưng Đạo fut organisée avec la participation de vétérans venus de Belgique. Ces vétérans semblent vouloir élargir leur influence à tous ceux qui ont travaillé pour le compte de l’ancien régime du Sud. Pendant le rituel, les adeptes défilèrent devant une statue de Trần Hưng Đạo placée dans un jardin.

28Des cérémonies analogues sont organisées aux États-Unis et en Australie. Dans ces rituels, l’image de Trần Hưng Đạo est toujours associée aux souvenirs amers de ceux qui ont dû fuir le pays et au désir revanchard de poursuivre la lutte contre les communistes. Ainsi le 13 septembre 2014, une statue et un temple voués à Trần Hưng Đạo furent inaugurés dans le quartier Hà Nội Plaza, Westminter, California, USA. Cette statue est figurée dans la même attitude (le général pointant la direction de l’ennemi) que celles érigées sous la République du Vietnam et que j’ai pu observer dans les villes de Hồ Chí Minh ville, de Vũng Tàu, de Nha Trang et de Bình Định.

La communication de Trần Hưng Đạo dans la vie des Vietnamiens

29La fête de Côn Sơn à Kiếp Bạc où l’on vénère Trần Hưng Đạo fait l’objet d’une grande publicité dans les semaines qui la précèdent par le biais des médias de cette province de et d’affiches placardées dans les villes des alentours. Elle attire chaque année un nombre croissant de touristes venant de tout le Vietnam, mais aussi secondairement de touristes étrangers, certains tours opérateurs l’ayant inscrite dans leurs circuits.

30D’après les statistiques que nous a fournies le comité d’administration du temple, le nombre annuel de ses visiteurs est passé de 183 000 en 1997 à 1,5 millions en 2012 et plus de 900 000 personnes l’avaient visité au premier semestre 2013. Le fait qu’à partir de 2006 la fête se soit enrichie de séquences rituelles anciennes remises aux goûts du jour avec faste, mais aussi que les autorités soient désormais plus tolérantes envers les activités religieuses dont le site est le lieu, tout cela a sans doute contribué à consacrer l’évènement à la fois comme objet de consommation touristique et de pèlerinage.

Tableau 1. Recettes du temple de Kiep Bạc

Année

Prix du billet (VN dông)

Total des recettes

Montant de la dotation

Total en dông

Augmen-
tation (%)

2003

557.678.000

465.954.000

1.023.632.000

111,2

2004

550.930.000

485.680.000

1.036.610.000

101,3

2005

625.439.000

833.092.000

1.458.531.000

140,7

2006

3.000

1.239.300.000

1.516.578.000

2.755.878.000

188,9

2007

2.173.535.000

2.190.929.000

4.364.464.000

158,4

2008

2.534.692.000

3.297.603.000

5.832.295.000

133,6

2009

2.988.267.000

4.548.154.000

7.536.421.000

129,2

2010

5.000

4.208.410.000

5.099.998.000

9.308.408.000

123,5

2011

4.531.762.000

7.047.804.4 00

11.579.566.400

124,3

2012

10.000

8.645.602.000

9.896.214.100

18.541.816.100

160,1

6/2013

10.000

5.460.690.000

7.910.666.000

13.371.356.000

72,1

Source : comité d’administration du monument Côn Sơn-Kiep Bạc en 6/2013

31Selon les chiffres fournis par le comité d’administration du monument, le tourisme récréatif dominerait cependant largement celui de type spirituel, dans une proportion de 80 contre 20 %. Comme le montrent les chiffres du tableau 1, les revenus issus de la fréquentation touristique du site sont une vraie manne pour les finances de la province de Hải Dương.

Conclusion

32La popularité du culte à Trần Hưng Đạo s’est nourrie au fil des siècles des interactions entre ces préoccupations individuelles et collectives. Son avantage par rapport à d’autres pratiques religieuses est qu’il recouvre tout le spectre des médiations divines : de l’oracle moralisateur d’expression écrite à la divination personnalisée d’expression orale, voire purement physique car se manifestant par le biais de l’invulnérabilité à des épreuves corporelles qu’un être ordinaire ne pourrait surmonter.

33Le culte à Trần Hưng Đạo a non seulement traversé sans encombre les siècles dans ses développements étatiques et populaires, mais il n’a en plus jamais été dissocié dans cette dernière version des rites de possession qui l’ancrent dans les préoccupations immédiates des gens ordinaires. Cette dimension médiumnique a d’ailleurs fait l’objet d’une récupération récente par le parti-État vietnamien au nom d’un patrimoine immatériel qu’il entend promouvoir auprès de l’UNESCO, après que ce même État, dans les décades antérieures, ait cherché à tout prix de discréditer le hầu đồng au nom de la lutte contre les superstitions. À l’époque moderne, incluant la période coloniale française, la dimension médiumnique du culte a capté l’attention des chercheurs, tout en conduisant à des positions très tranchées des élites locales à son encontre au nom de la modernité. Pourtant si le culte à Trần Hưng Đạo est devenu si populaire à l’époque contemporaine, c’est sans doute moins du fait de la fonction mémorielle qu’il assumait en référence à ses grands faits d’armes que parce que la puissance qu’il incarnait était censée agir dans le temps présent par le canal du culte, mais aussi de manière plus dialogique par l’intermédiaire du médiumnisme.

34En encadrant la religion populaire, l’État vietnamien actuel, comme ses prédécesseurs, cherche à renforcer sa légitimité et à consolider sa puissance (Anagnoste, 1994 : 225). Les héros apportent non seulement une légitimité aux praticiens religieux sur le plan local, mais aussi à l’État sur le plan national. Cette récupération des héros par l’État s’est faite malgré tout au prix d’une aseptisation laïcisante du culte à l’époque moderne. Le constat vaut pour le gouvernement communiste mais aussi avant lui, pour la manière dont les nationalistes envisageaient son culte à l’époque coloniale. Cependant l’État n’est jamais parvenu à dissocier le culte des pratiques qualifiées de superstitieuses, celles-ci ayant au contraire effectué un retour en force ces deux dernières décennies. Cela signifie que l’orientation religieuse du peuple vietnamien n’est pas si facile à « déraciner », ainsi que Hồ Tài Huệ Tâm (1983 : 39) l’a suggéré. Cela pourrait aussi signifier que la sécularisation marxiste était en fait « pour la forme » et d’une force insuffisante pour maîtriser l’appel de la religion. Il pourrait aussi refléter, comme je l’ai suggéré, le rôle crucial joué par la position ambiguë des autorités envers le culte qui résultait pour partie d’une tension entre les idéologies marxiste et nationaliste (dogme antireligieux versus symbole patriotique indissociable du fait religieux) et, pour partie de la pression exercée par la base sociale ; celle-ci restant très attachée aux éléments traditionnels du culte qui pour elle était la condition même de son efficacité.

Bibliographie

Anagnost Ann S., “The politics of ritual displacement,” in Charles F. Keyes, Laurel Kendall, and Helen Hardacre (eds.), Asian Visions of Authority: Religion and the Modern States of East and Southeast Asia, Honolulu, Univ. of Hawai’i Press, 1994, p. 221-254.

Durand Maurice, Technique et panthéon des médiums Viêtnamiens (Đông), Paris, École française d’Extrême-Orient, 1959, 333 p.

Dương Trung Quốc, Việt nam những sự kiện lịch sử (les événéments historique vietnamien), Hà Nội, Maison des éditions de l’education, 2005, 500 p.

Hà Văn Tấn et Nguyễn Văn Cự, Đình Việt Nam (la maison commune vietnamienne), Hà Nội, la Maison des éditions en Sciences sociales, 2014, 416 p.

Hồ Tài Huệ Tâm, Millenarianism and Peasant Politics in Vietnam, Cambridge (Mass): Harvard University Press, 1983, 240 p.

Malarney Shaun K., “The Fatherland Remembers your sacrifice. Commemorating War Dead in Nord Vietnam” in HỒ Tài Huệ Tâm, The Country of memoryte. Remaking the past in last socialist Vietnam, University of California press: Berkeley, 2002, p. 46-76.

Nguyễn Phương Thảo, Văn hóa dân gian Việt Nam, những phác thảo (le contour du Vietnam folklore), Hà Nội, la Maison des éditions de la culture et de l’information, 2003, 682 p.

Phạm Quỳnh Phương, Hero and deity: Tran Hung Dao and the resurgence of popular religion in Vietnam, Chiang Mai, Mekong Press, 2009, 277 p.

Notes

1 Ils sont rares car ils doivent être dotés d’une capacité supérieure en rapport avec la charge considérable de pouvoirs dont cette famille est investie. Faute de cette capacité ils pourraient mourir dans les phases d’incarnation les plus dangereuses.

2 Créé le 21 Avril 1993 dans le but de chercher les ossements égarés de soldats, les épaves de bateaux perdus en mer et d’aider à l‘identification des coupables dans les affaires criminelles.

Pour citer ce document

Hoang Thi Hong Ha, «Patrimoine culturel immatériel ou superstition», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 13-Varia, DOSSIER, > Axe 1 | Culture, tourisme, patrimoine et interculturalité(s),mis à jour le : 08/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=358.

Quelques mots à propos de : Hoang Thi Hong Ha

Docteur, Paris Ouest Nanterre La Défense, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative UMR 7186. Courriel : hoang.paris10@gmail.com