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HOMMAGE
Jean Devèze
Texte intégral
1À l’évidence, Jean Devèze et moi, n’avions pas que des convictions partagées et, entre nous deux, les connivences n’allaient pas de soi. Nos différences tenaient sans doute à nos formations de départ : la physique et surtout la cybernétique pour lui, les sciences sociales pour moi. À la réflexion ces différences venaient également de l’antériorité de son implication – de son engagement, devrais-je écrire – dans les SIC ; il a fait partie de la toute première génération, au contact direct des pères fondateurs, ce qui n’était pas exactement mon cas, quoiqu’on pense parfois aujourd’hui.
2Comme d’autres, j’avoue avoir été souvent méfiant, en tout cas soupçonneux, face à certaines de ses positions et initiatives dont il me fallait préalablement démêler les finalités, ainsi que devant certaines alliances qu’il nouait. C’est un fait, j’ai appris progressivement à le connaître et à reconnaître son apport selon moi incontestable et appréciable à l’édification des SIC dans sa composante socio-institutionnelle. Nous avons eu pendant plus de vingt ans des relations de travail suivies et le plus souvent des échanges cordiaux et fructueux. C’est le souvenir que j’en garde. Comment cela s’explique-t-il ? Cela vient de ce que Jean Devèze était préoccupé avant tout par l’avancée des SIC, leur reconnaissance et leur développement. Cet objectif étonnerait aujourd’hui bien des enseignants-chercheurs jeunes et moins jeunes, qui n’ont en perspective que leur (petite) communauté immédiate de travail ou les relations avec ceux qui leur sont proches sur le plan théorique, et ne font guère d’efforts pour la construction (toujours en cours) de cette interdiscipline devenue leur discipline de rattachement sans que cela les questionne. Jean Devèze a donné bien de son temps pour la réalisation de cet objectif ; et ses efforts n’ont pas été vains.
3J’ajouterai un souvenir personnel, choisi parmi d’autres qui me reviennent en mémoire : sa carrière universitaire fut loin d’être linéaire, autant la reconnaissance de ses travaux que son accession au rang professoral. Bref, il connut pendant longtemps des échecs. À sa demande, je lui donnais un conseil, très simple en l’occurrence, qu’il suivit et qui le servit. Quelque temps après, il tint à m’en remercier ; et je n’ai pas oublié l’excellent et convivial dîner auquel il me convia.
4Mars 2014