Aller la navigation | Aller au contenu

QUESTIONS DE RECHERCHE

Lilith

Le groupe de recherche Lilith de la SFSIC : activités et perspectives

Article

Texte intégral

Historique et particularité du groupe

1Lilith est un Groupe d’Étude et de Recherche (GER) de la Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication (SFSIC). Ce fut à l’origine un atelier de recherche se nommant « sujets et organisations » (2007 à 2009). Cette thématique trop vaste nous a conduits à préciser notre terminologie pour nous orienter (2009-2011) vers l’étude de L’Invisibilité de L’Individu au Travail à travers l’Histoire (d’où l’acronyme LILITH).

22011-2014 marque le tournant culturel et technologique de notre approche avec, toujours au centre de nos préoccupations, la place de l’individu au travail et la communication.

3Une présentation publique aura lieu lors du congrès de la SFSIC à Toulon, le vendredi 6 juin 2014 à 14 heures comme il y en avait eu une en 2012 au congrès de Rennes (Lilith, 2012b).

4Lilith fonctionne sous forme de séminaires bimestriels en groupe restreint, de journées d’études biannuelles et de colloques tous les deux ans. Les séminaires sont l’occasion de partager notes et commentaires de nos lectures respectives, de critiquer les travaux des uns et des autres avant publication, de discuter autour de terrains d’investigation et de rédiger en commun, communications, articles et ouvrages. Les journées d’études permettent de faire venir des invités, de présenter publiquement nos travaux et de favoriser les échanges avec le public. Elles sont ouvertes à tous et offrent l’opportunité de devenir membre du GER en participant aux réunions de Lilith. Il est alors important de s’engager pour au moins deux ans et d’être présent régulièrement aux séminaires selon les modalités de partage qui nous tiennent à cœur. Les colloques sont organisés par Lilith avec les exigences scientifiques internationales.

5Quand on est membre de Lilith, on s’engage à faire vivre nos recherches en causant et riant sérieusement (Lilith, 2011). Ceux qui participent à l’aventure peuvent en témoigner : nous espérons tous avec impatience le regard et l’écoute bienveillante de chacun lors de notre séminaire bimestriel pour lequel nous avons rédigé la note de lecture ad-hoc, critiqué l’article en cours du collègue, préparé la journée d’étude ou le colloque, écrit à plusieurs à distance, etc. Cet espace de recherche suspendu au-delà des disciplines scientifiques s’appuie en effet sur l’estime, notion clé que nous avons amplement étudiée. C’est l’estime que nous avons les uns pour les autres (enseignants, chercheurs, cadres, entrepreneurs, parents, bénévoles) et celle que nous avons pour notre public (lecteurs, collègues, étudiants, invités). Nos rencontres aiguisent notre curiosité grâce aux idées qui fusent, à la liberté de ton, aux échanges où se mêlent nos envies de comprendre et de questionner. Nous partageons le vrai plaisir de la dispute intellectuelle, celle qui nous pousse dans nos retranchements et nous oblige à avancer. Lilith est ainsi un espace de ressourcement, un endroit où le flux des échanges est dans un relatif équilibre. Cet aspect informel est productif, non pas dans l’immédiateté qui s’impose quotidiennement, mais dans un temps plus long, celui qui permet des maturations lentes et l’illumination créative. En ce sens, Lilith est un vrai atelier de recherche, déconnecté des impératifs de résultat et de productivité. Nous avons pourtant sacrément produit ces trois dernières années.

Nos productions

6Durant la période 2011-2014 plusieurs journées d’études, publications et événements scientifiques ont scandé la vie du groupe.

7La thématique de la reconnaissance est au cœur de nos recherches depuis plusieurs années et continue de faire l’objet de publications dans les revues en SIC (Vacher & Andonova, 2011). Le regard historique nous permet d’éclairer des mécanismes contemporains qui articulent reconnaissance et individualisation du travail (Kogan, Le Bis, 2012). Dans la continuité de ces travaux, nous coordonnons le numéro 44 de la revue Communication & Organisation (Andonova & Vacher, 2014) qui porte sur les multiples facettes que la visibilité peut revêtir en milieu professionnel. Devenue la norme, la visibilité est recherchée, voire imposée dans les entreprises, mais elle est aussi revisitée et parfois contournée par les individus au travail (Kogan, 2014).

8Une autre thématique du groupe Lilith, l’interculturel, fait également l’objet de réflexions partagées. Deux communications ont ainsi été présentées (Andonova, Vacher, Wilhelm, 2011 ; Vacher, Andonova, Wilhelm, 2012) sur les pratiques interculturelles et le vivre ensemble, ainsi que sur l’usage des TIC à l’épreuve de l’interculturel au sein des contextes culturels différents (allemand, espagnol et bulgare).

9Le 5 octobre 2012, le GER Lilith a organisé, avec le laboratoire CRESAT de l’Université de Haute-Alsace, une journée d’étude autour des scènes de la communication où culture, médias, technologie et travail se croisent (Lilith, 2012a). Les thématiques abordées étaient les suivantes : l’écoute flottante au travail (Béatrice Vacher, 2013) ; le faire vivre interculturel ou se pose les questions de la reconnaissance et de l’identité dans trois associations extra-internationales (Yanita Andonova et Carsten Wilhelm) ; le document comme trace du passé sous le double regard de l’histoire et de l’ethnologie (Isabelle Le Bis et Anne Monjaret) et enfin, les outils numériques et les circuits courts de la consommation biologique (Anne-France Kogan).

10Un colloque scientifique, organisé par les membres du Lilith en collaboration avec l’Université du Québec, a lieu en mai 2014 à l’ACFAS, sur l’injonction de créativité et la création sous contrainte. Il interroge la thématique de la créativité en explorant les parallèles entre le monde du travail et le secteur culturel, grâce au rôle joué par le numérique.

11L’expérience de l’écriture collective a souvent été un propulseur pour les membres de Lilith. Des communications et des articles rédigés à plusieurs mains sont ainsi le fruit de discussions sur la terminologie et les concepts utilisés, les lectures incontournables et la pertinence des cadres théoriques mobilisés. Cette expérience est allée jusqu’à la rédaction d’un ouvrage de vulgarisation à sept auteurs ! Cette œuvre collective a été l’occasion d’une critique publique au cours d’une journée d’étude organisée au Clémi à Paris (Lilith, 2012c). Scientifiques et lecteurs grand public ont bousculé notre première version et nous avons du remettre notre écriture sur l’établi. Parallèlement, une réflexion sur les modalités de co-rédaction de cette œuvre a fait l’objet d’une communication au congrès ACFAS en 2013 (Wilhelm, Vacher, Monjaret, 2013). Le résultat est non seulement une publication aux presses des Mines (« Vive la technologie ? Traité de bricolage pour épris de liberté ») mais également la création d’une nouvelle collection : « Les carnets de Lilith » aux presses des Mines. Nous attendons vos réactions sur le blog de la collection : http://www.les-carnets-de-lilith.fr/).

12Deux autres ouvrages sont en cours de finition : l’un, toujours à partir de la question technologique, compare des histoires contemporaines et médiévales pour approfondir la réflexion sur notre façon de voir le monde. L’autre livre est un parcours sur la place du jeu dans l’entreprise. Un premier aperçu est disponible en ligne à partir de la communication (Monjaret & Andonova, 2014).

Nos perspectives

13Pour les deux années à venir (2014-2016), le groupe continue les travaux de lecture et d’écriture partagés tout en réalisant une recherche collective. L’ensemble permettra de confronter théorie et terrain sur nos thématiques qui, tout en restant centrées sur l’individu au travail, approfondissent les approches culturelles. Il s’agira de croiser plusieurs dimensions de la culture : historique, anthropologique, artistique et professionnelle, sans oublier les dimensions écologiques et éducatives. S’agit-il de diversité culturelle ? Nous ne sommes déjà pas d’accord sur ces termes, alors rendez-vous en 2016 !

14Les discussions autour d’un terrain commun, pouvant combiner les questionnements propres à Lilith avec les problématiques individuelles, nous ont amenées à choisir le secteur du TRM (Transport routier de marchandises). En effet, la forte concurrence du secteur, et le poids des pays d’Europe de l’Est et du Sud permettent d’établir des comparaisons et d’appréhender les différentes formes de cultures (pays, métier, travail, loisir, etc.). Celles-ci seront interrogées au niveau du processus d’individualisation que nous avons abordés à plusieurs reprises dans nos séminaires. Nous continuerons à mobiliser la théorie de la reconnaissance car celle-ci participe, par exemple, à la compréhension des pratiques numériques dans les différentes sphères, privées, professionnelles ou publiques (Kogan, 2014). Le projet collectif est de prolonger cette perspective par des études de cas et de nouvelles réflexions que nous avons eues lors de nos dernières séances.

15Par exemple, la question de la technologie nous montre à quel point nous sommes liés, dépendants des autres, d’autant plus quand cela ne fonctionne plus. La complexité technique nous renvoie alors à la complexité humaine qui l’a fabriquée (Vacher, Andonova, Kogan, Le Bis, Monjaret, Ravalison, Wilhelm, 2014). Cela nous amène à de nouvelles questions liées notamment à la notion de responsabilité qui nous parait importante pour interroger la diversité culturelle de l’individu et la diversité des formes de travail. Par exemple, la montée de la logique gestionnaire et de ses dispositifs de normalisation tend, dans la sphère productive, à diluer la responsabilité et à l’orienter vers un respect de la règle au détriment d’un bien commun organisationnel. Comment alors les tâches ayant recours à une forme de confiance, dans la mesure où tout ne peut être écrit, s’articulent-elles ? Sont-elles encore visibles ? Dans des situations imprévues, qui peut dire « c’est mon job. Je m’en occupe ! » ? Comment se pose la question de la responsabilité collective ?

Bibliographie

ANDONOVA Yanita, VACHER Béatrice (2014), Nouvelles formes de visibilité des individus en entreprise : technologie et temporalité », coordination et introduction de la thématique du numéro 44 de la revue Communication & Organisation.

ANDONOVA Yanita, ROBERGE Jonathan, KOGAN Anne-France, WILHELM Carsten (2014), « Injonction de créativité et création sous contrainte : parallèles entre secteur culturel et monde du travail à l’épreuve du numérique », colloque ACFAS, 12-13 mai, Université Concordia, Montréal (Canada).

ANDONOVA Yanita, VACHER Béatrice, WILHELM Carsten (2011), « Pratiques interculturelles et vivre ensemble. Analyse conjointe de trois organisations associatives », Colloque Org&Co Les communications organisationnelles. Des concepts aux pratiques, Nice, 31 mai-1er juin.

LILITH (2014), « Technologie, travail, culture et communication : bilan et perspectives », présentation des GER, XIXe congrès de la Sfsic, Université de Toulon, 6 juin.

LILITH (2012a), « Scènes de communication. Quand la culture dialogue avec la technique », journée d’étude Lilith autour des relations entre communication, culture, médias, technologie et travail, Campus Fonderie, Université de Haute Alsace, 5 octobre.

LILITH (2012b), « L’invisible individu au travail à travers l’histoire : bilan et perspective », présentation des GER SFSIC, XVIIIè congrès de la Sfsic, Rennes, 1er juin.

LILITH (2012c), « Critique publique de l’ouvrage collectif en cours – Vive la technologie ? », journée d’étude Lilith, Clemi, Paris (invités : Sylvie Chevrier, Valérie Lépine, Hélène Castonguy, Antoine d’Heygère), 23 mars.

LILITH (2011), « La recherche en causant », Les cahiers de la SFSIC, n°6, printemps.

KOGAN Anne-France, LE BIS Isabelle, (2012), « De la confession auriculaire à l’entretien individuel, un parallèle troublant », in Delaye & Lardellier (dir.) Entreprise et sacré, regards transdisciplinaires, Hermès Lavoisier, Paris.

KOGAN Anne-France (2014), « Lost in transportation. Visibilité du fret, invisibilité sociale », Communication & Organisation, n° 44.

MONJARET Anne, ANDONOVA Yanita (2014), « L’entreprise, un terrain de jeu communicationnel pour les salariés. Aux frontières du travail et du hors travail », colloque international ‘Travail et Loisirs’, CRIPIC, Celsa, Paris Sorbonne.

VACHER Béatrice, ANDONOVA Yanita, KOGAN Anne-France, LE BIS Isabelle, MONJARET Anne, RAVALISON Naly, Wilhelm Carsten (2014), Vive la technologie ? Traité de bricolage pour épris de liberté, Presses des Mines, Paris

VACHER Béatrice (2013), « L’écoute flottante : la place du corps dans l’action collective », Les cahiers de la SFSIC n° 9, 99-106

VACHER B., ANDONOVA Y., WILHELM C. (2012), « Usage des TIC à l’épreuve de l’interculturel», IVème Congrès de la Société latine de la communication sociale - table ronde Franco-Espagnole, Tenerife 4-7 déc.

VACHER Béatrice, ANDONOVA Yanita (2011), « Reconnaissance dans les organisations. Précisions terminologiques », Communication, vol.28/2 (Laval, Québec).

WILHELM Carsten (2013), « Quand la culture dialogue avec la technique », Les actes du CRESAT, n°10, p.99-105 (suite aux journées d’études de Lilith à l’Université de Mulhouse).

WILHELM Carsten, VACHER Béatrice, MONJARET Anne (2013), « Expérience d’écriture multi-auteurs hybride, en ligne et en coprésence : une étude de cas », colloque ‘Les enjeux de la lecture numérique’, congrès ACFAS, 7 mai 2013.

Pour citer ce document

Lilith, «Le groupe de recherche Lilith de la SFSIC : activités et perspectives», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 10-Varia, QUESTIONS DE RECHERCHE,mis à jour le : 20/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=606.