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L’addiction des Élèves aux Écrans : mythe ou réalité ?
Table des matières
Texte intégral
1Les objectifs de ce projet de recherche financé par le Conseil général des Alpes maritimes sont bien circonscrits. S’intégrant dans la recherche générale du laboratoire I3M sur le rôle des Dispositifs socio-techniques d’information et de communication (Distics), il s’agit, dans le cadre de l’axe relatifs aux « enjeux des distics : Formation, apprentissage et dispositifs techniques », après une enquête menée dans des lycées et collèges des Alpes-maritimes, d’analyser les mécanismes expliquant les mauvais résultats scolaires des adolescents et préadolescents français lors des enquêtes PISA en dépit ou à cause des usages massifs des T.I.C. à l’école et au domicile familial par les adolescents et préadolescents. Les pratiques numériques adolescentes des TIC restent massivement « chronophages » ainsi que le signalent les enseignants (Virginie Malin, 2005). Sont-elles addictives et restent-elles essentiellement ludiques ?
L’idéalisation des usages des technologies de l’information et de la communication
2Des chercheurs comme Seymour Papert (1981) et Marc Prensky (2001), l’inventeur du concept de « Digitals natives », ont voulu démontrer qu’une jeunesse née avec les technologies de l’information et de la communication domine mieux les objets qui en sont issus que les adultes devenus « les immigrés de l’ère numérique ». Idée reprise dans notre pays par Alexandre Moatti (2011) et Michel Alberganti (2000). La sociologue, Audrey Messin (2007) et le pédagogue, Jean Heutte (2008) soutiennent qu’Internet est un vecteur incontournable d’appropriation de la culture et des savoirs. Les chercheurs de la Harvard Medical School Center for mental Health and Media (2008) posent comme postulat que des jeux vidéo très violents et sexués comme le Grand Theft Auto seraient bénéfiques aux enfants. C’est la voie de la « remédiation technologique » largement suivie par les responsables politiques nationaux et locaux.
Une remise en cause des usages adolescents des TIC
3Les améliorations attendues de l’usage des écrans multiples dans l’appropriation des savoirs et de la culture n’apparaissent pas comme étant pas à la hauteur des investissements technologiques, humains et financiers. L’enquête internationale menée dans 57 pays place la France en mauvaise position. Sur 500 000 élèves testés, les jeunes Français se situent sous la moyenne. « What the Internet is doing to our brains, Is Google making us stupid? » phrase emblématique de la remise en cause du tout numérique par Nicholas Carr. Jusqu’à la validité des jeux vidéo sérieux qui est mise en doute par les psychologues Alain Lieury et Sonia Lorant (2008) qui estiment que la valorisation des « serious games » tient plus de la promotion publicitaire que de réelles études.
4Le terme d’addiction apparaît, surtout depuis la prise de conscience du temps passé par les préadolescents et les adolescents devant les jeux vidéo (Philippe Meirieu, 2004). En France, à la demande de parents affolés, depuis 2006, de nombreux centres médicaux spécialisés se consacrent à la cyberaddiction.
De l’observation attentive à l’analyse
5Les réponses apportées à un questionnaire détaillé par près de 700 élèves et jeunes patients des services de pédopsychiatrie du CHU de Nice permettront d’appréhender les dimensions réelles de ce phénomène. Est-ce un épiphénomène ou au contraire touche-t-il une large part de la population scolarisée ? Répondre à cette question, c’est aussi répondre à la demande des collectivités locales quant à la rentabilité de leurs énormes investissements dans le numérique éducatif à l’École.
Bibliographie
ALBERGANTI M. (2000), A l’école des robots, informatique, l’école et vos enfants, éd Calmann-Lévy, coll. Cybermondes, 299 p.
CARR N. (2008), “Is Google making us stupid ?”, The Atlantic du 1er juillet 2008, http://tinyurl.com/8jpvknb
MEIRIEU P. (2004), Faire l’école, faire la classe, éditions ESF, collection pédagogies.
MESSIN A. (2007), La culture ordinaire de l’écran. L’usage social d’Internet par les jeunes adultes, thèse, Institut français de presse – Université de Paris 2, Assas.
PAPERT S. (1981), Jaillissement de l’esprit, ordinateurs et apprentissages, éd. Flammarion, coll. Champs, 304 p.
PRENSKY M. (2001), « Digitals natives, digitals immigrants » in On the horizon, MVB University Press, vol.9, n° 5, octobre 2001
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Daniel Moatti
UNSA, daniel.moatti@unice.fr