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> Axe 2

Francine Boillot-Grenon, Peggy Cadel, Emmanuel Marty, Mathilde Royer, Valérie Hauch et Hélène Ledouble

Construire une recherche sur la communication du changement à partir d’une r&d sur les véhicules électriques et leurs bornes intelligentes de recharge

Article

Texte intégral

1L’ADEME prévoit, pour 2050, le remplacement massif des véhicules thermiques en France, notamment par des véhicules électriques (VE). Mais ce passage pose de nombreux problèmes technique, organisationnel, humain et territorial. Ce cadre situe la R&D Infini Drive sur le standard d’infrastructure de recharge électrique. Soutenue par les Investissements d’Avenir, elle réunit cinq entreprises (ERDF, La Poste, Docapost BPO, G2mobility, Greenovia) et trois laboratoires (Armines, Loria et I3M) qui expérimentent en vraie grandeur le déploiement des VE et le test de leurs bornes intelligentes dans les entreprises. Notre équipe interroge la communication du changement à mener auprès des salariés de La Poste. Une communication qui vise à favoriser l’appropriation par les salariés des VE et de leur charge intelligente, leur adhésion ainsi que leur participation à la R&D et, plus largement, l’évolution culturelle en faveur de la mobilité durable. Nous envisageons le test des VE et de leurs bornes comme un dispositif sociotechnique d’information et de communication (DISTIC). Il relève ici fortement du champ technique, le « dispositif » étant d’ailleurs l’affaire d’experts et de professionnels techniciens… et visant l’efficacité d’optimisation des conditions de réalisation […] selon une logique de moyens en vue d’une fin (Peeters, Charlier, 1999). Mais si « les dispositifs nous renvoient aux objets, à la technique […], ils renvoient […] également aux sujets qui expérimentent, utilisent, détournent, s’approprient, jouent avec les dispositifs, ou sont pris par eux, contraints ou fascinés (Hert, 1999). De fait, le dispositif Infini Drive confronte éléments non humains (VE, bornes, outils de mesure…) et humains (salariés usagers, managers, directeurs du site et des sièges, clients, installateurs, chercheurs…). Et génère un DISTIC foisonnant, notamment sur le site de déploiement, lieu de notre intervention. Les salariés y sont mis en situation singulière. Ils vivent le remplacement total des véhicules thermiques par des VE, la mise en œuvre et les aléas des bornes de recharge, l’intervention des équipes techniques et de recherche. La communication interne formelle et informelle s’avère essentielle et constitue le cœur de notre recherche. Celle-ci étant en cours, nous relèverons surtout les deux axes qui la structurent.

2Une première interrogation porte sur l’adaptation du contexte de communication interne du salarié, avant et pendant l’arrivée du véhicule électrique. Au moyen d’entretiens et d’une analyse de la littérature interne de l’entreprise, nous cherchons à appréhender le contexte socio-culturel et organisationnel du projet et à identifier les axes communicationnels employés pour traiter des VE, du développement durable et de l’innovation. La création d’une ontologie spécifique a permis de procéder à des analyses de discours fondées à la fois sur la statistique textuelle (Lebart & Salem, 1994) et sur une représentation conceptuelle et sémantique des textes (Gruber, 1993). Elle vise à évaluer le degré de cohérence et d’adaptation de la culture interne de l’entreprise nécessaire à l’appropriation de ces nouvelles technologies et à l’acculturation du salarié. Notre deuxième axe questionne les processus communicationnels relatifs à l’usage lui-même. Les apports théoriques (principalement la sociologie des usages, la communication du développement durable [Marty et al., 2008], la communication scientifique et technique et l’accompagnement au changement [Soparnot, 2009]) ont permis de tester sur le site professionnel des modules de communication d’accompagnement des salariés usagers, en privilégiant les démarches ascendantes et de co-construction ; ces observations étant complétées par des entretiens auprès des communicants, des managers et des salariés. Nous avons ainsi relevé que le DISTIC organisé par cette R&D fait jouer au salarié cinq rôles moteurs. Professionnel lié à un métier, salarié appartenant à une entreprise, il s’affirme aussi ici comme usager, expérimentateur, veilleur de l’innovation, pionnier-ambassadeur et écocitoyen-habitant. L’expérimentation permet aussi de repérer le rôle des accompagnants, les moments clefs du projet et les leviers et freins communicationnels. Au final, ces deux axes visent à identifier les phases, les principes et les difficultés d’un dispositif de communication du changement capable de favoriser l’appropriation d’une innovation de l’électromobilité par les salariés d’une entreprise.

Bibliographie

GRUBER T. (1993), A Translation Approach to Portable Ontology Specifications. Appeared in Knowledge Acquisition, 5(2), p. 199-220.

HERT P. (1999), Internet comme dispositif hétérotopique, in Hermes 25, Le dispositif, entre usages et concepts, Ed. du CNRS, Paris, p.94

LEBART L. & SALEMA. (1994), Statistique textuelle. Dunod, Paris.

MARTY E., BURGUET A. & MARCHAND P. (2008), La communication environnementale : des discours de sensibilisation ? [En ligne]. Actes du 14e colloque CNRIUT, 29-30 mai 2008, Lyon.

PEETERS H., CHARLIER P. (1999), Contributions à une théorie du dispositif, in Hermes 25, Le dispositif, entre usages et concepts, Ed. du CNRS, Paris, p. 16

SOPARNOT R. (2009), Vers une gestion stratégique du changement : une perspective par la capacité organisationnelle de changement, Management & Avenir, vol.8, n° 28, p. 104-122.

Pour citer ce document

Francine Boillot-Grenon, Peggy Cadel, Emmanuel Marty, Mathilde Royer, Valérie Hauch et Hélène Ledouble, «Construire une recherche sur la communication du changement à partir d’une r&d sur les véhicules électriques et leurs bornes intelligentes de recharge», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 10-Varia, DOSSIER, > Axe 2,mis à jour le : 20/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=632.

Quelques mots à propos de : Francine Boillot-Grenon

Quelques mots à propos de : Peggy Cadel

Quelques mots à propos de : Emmanuel Marty

Quelques mots à propos de : Mathilde Royer

UNSA, mathilde.royer@unice.fr, Laboratoire I3M, EA3820, Université Nice Sophia Antipolis et Université de Toulon

Quelques mots à propos de : Valérie Hauch

UNSA, hauch@unice.fr, Laboratoire GREDEG, UMR 7321, CNRS et Université Nice Sophia Antipolis

Quelques mots à propos de : Hélène Ledouble

USTV, ledouble@univ-tln.fr, Laboratoire BABEL, EA2649, Université de Toulon