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DANS L'ACTUALITÉ

Destiny Tchéhouali

L’Afrique des convoitises numériques : des mythes du rattrapage technologique à la quête de souveraineté numérique

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1L’Internet et les technologies numériques qui facilient le stockage, le traitement, l’accès et la circulation de l’information connaissent un développement fulgurant qui traduit l’ampleur d’un phénomène que l’on qualifie désormais de « révolution numérique ». Le continent africain n’échappe évidemment pas à cette révolution (Bonjawo, 2011) qui, telle une vague déferlante, entraîne les populations et les sociétés africaines dans une spirale de défis et de boulerversements profonds liés à la numérisation généralisée des modes de vie, des pratiques et des habitudes du quotidien. Toujours est-il que là où certains identifent des défis, comme ceux encore prégnants des inégalités et des fractures (Yanon, Barbey, 2018) en matière d’accès et d’utilisation des équipements/outils et technologies numériques, d’autres y voient des opportunités à saisir en termes de conquêtes et de développement de potentiels marchés numériques, constitués des futurs utilisateurs et adoptants tardifs des innovations technologiques. Ainsi, dans l’intervalle d’à peine une décennie, l’Afrique est devenue la « terre de promesses » du numérique. Elle est au centre des plus importantes convoitises et fait l’objet d’une course effrenée aux investissements de la part des grandes entreprises d’envergure mondiale du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des télécommunications, notamment les multinationales amérciaines du Web, enccommunément regroupées sous l’acronyme des GAFA (regroupant des géants comme Google, Apple, Facebook, Amazon, auxquels nous rajoutons pour les besoins de cette analyse Microsoft et Netflix).

2Au-delà des discours politiques, des propagandes industrielles et des analyses basées sur un optimisme technologique béat, cette contribution vise à mettre en lumière les mythes derrière l’imaginaire d’un rattrapage technologique de l’Afrique, tout en examinant les récentes manœuvres et stratégies de positionnement mises en place les GAFA pour contrôler l’économie numérique en plein essor sur le continent. Alors que de nombreux signaux et indicateurs montrent que l’Afrique est entrain de combler son retard numérique, il convient de s’interroger sur la capacité réelle des citoyens, des entreprises privées (notamment les Start-up et les PME) et des gouvernements des pays africains de s’affranchir d’une dépendance technologique vis-à-vis des GAFA ainsi que sur les éléments à prendre en compte pour concrétiser leur volonté à mieux construire et maîtriser leur souveraineté numérique.

Rattrapage technologique de l’Afrique : Entre mythes et réalité

3Avant d’analyser la réthorique qui alimente l’idéologie du rattrapage technologique de l’Afrique, précisons d’abord quelques caractéristiques de la « révolution numérique ». De par ses manifestations actuelles, notamment en Afrique, nous identifions quatre facteurs qui caractérisent cette révolution :

  • la convergence à la fois technique et économique du monde de l’informatique, des télécoms et des médias numériques (incluant les nouveaux médias et plateformes de l’industrie de contenus) ;

  • l’internationalisation des moyens de communication et d’information dématérialisés, qui a entraîné une explosition de la consommation mondiale des produits et services liés aux technologies d’information et de la communication (TIC), en démultipliant les modes d’accès au savoir (Rifkin, 2001) et à la culture (Chantepie, 2010) ;

  • le caractère disruptif des fonctionnalités et des modèles d’affaires des plus récentes innovations technologiques dans des domaines de pointe comme l’Internet des Objets (IdO), la Blockchain, la Fintech, ou l’Intelligence Artificielle (IA) ;

  • le rythme accéléré et le cycle court par lequel ces innovations émergent, se diffusent et sont adaoptées aux quatre coins de la planète, y compris dans les pays peu industrialisés ou en développement.

4D’emblée, lorsqu’il est question de diffusion et d’adoption d’innovations technologiques en Afrique, il importe de relativiser la notion même de « révolution » puisqu’il s’agit d’un ensemble de mutations toujours en cours et qui n’ont pas encore gagné toutes les régions et localités du continent, comme nous le verrons plus loin à travers quelques indicateurs sur la pénétration de l’Internet en Afrique. La révolution numérique que connaît l’Afrique ne devrait donc pas se mesurer à travers l’impact économique de l’adoption massive des TIC, mais plutôt par la capacité d’appropriation généralisée des TIC par les populations africaines et leur capacité d’adaptation face aux transformations numériques, de sorte à pouvoir créer ellles-mêmes les conditions nécessaires pour tirer davantage profit, de manière autonome et durable, des processus d’intégration socio-culturelle des TIC dans toutes les sphères d’activités quotidiennes et dans tous les domaines de développement (agriculture, éducation, culture, commerce, santé, environnement, etc.).

5Or, les discours et les « techno-imaginaires1 » (pour reprendre l’expression de l’anthropologue Georges Balandier) associés à la capacité de création et d’absorption des innovations numériques en Afrique sont généralement empreints d’un puissant déterminisme technique et établissent un raccourci entre modernité, rattrapage technologique et prospérité ou développement économique (Loukou, 2012 ; Ninot, Peyroux, 2018). Le retard technologique ou le fait de ne pas pouvoir accéder aux technologies de l’information et de la communication constitue de facto un handicap ou un obstacle qui freine le développement. À ce sujet, Bruno Ollivier écrit que : « […] les inégalités dans le domaine du développement informatique ne peuvent se penser qu’en termes de retards. Les moins équipés doivent rattraper un retard technique qu’il est du devoir des plus équipés d’aider à combler. L’enjeu commun est de mettre tout le monde au même niveau technologique, de rattraper un handicap. Cette représentation renvoie à une idéologie du progrès qui veut que toutes les sociétés doivent passer par les mêmes étapes pour arriver au même niveau de développement. Elle ignore les différences sociales et culturelles pour réduire les inégalités à un simple problème technique » (Ollivier, 2006, p. 34).

6Réactualisant la techno-utopie2 (Musso, 2008) du « village planétaire » et légitimant les stratégies et actions internationales en matière de réduction de la fracture numérique Nord-Sud, la rhétorique idéologique du rattrapage technologique se construit ainsi autour du mythe (Alzouma, 2005) de « l’égalitarisme numérique » (Granjon, 2009) qui nourrit les paradigmes techno-marchands et techno-humanistes dans lesquels s’inscrivent les projets d’accès universel ubiquitaire aux TIC en Afrique subsaharienne. Tandis que la conception techno-marchande du rattrapage technologique des pays africains mise sur les forces ultralibérales du marché et sur sa capacité auto-régulatrice pour dominer les systèmes de production, de diffusion et de commercialisation des TIC du Nord vers le Sud, la deuxième approche techno-humaniste se traduit plutôt par des logiques qui cherchent à redonner à la technologie une dimension humaniste en accordant plus d’intérêt aux besoins des individus, à leur contexte social et culturel, à la diffusion des savoirs endogènes et à l’appropriation des TIC par le plus grand nombre d’individus. L’urgence morale de rattraper le retard technologique est dans ce cas-ci dictée par la croyance selon laquelle l’utilisation des TIC peut constituer un levier d’inclusion, d’intégration et de pleine participation de l’Afrique à la société de l’information.

7Le rattrapage technologique se fonde donc sur la doxa de la société de l’information, tout en orchestrant une perception technologique du développement, celle-là même qui entretient les intérêts dominateurs des pays industrialisés du Nord qui produisent et diffusent les technologies au détriment de ceux du Sud qui en sont des spectateurs fascinés ou de simples récepteurs passifs.

8En 2010, la géographe Annie Chéneau-Loquay s’interrogeait déjà sur cette forme de « modernisation paradoxale » à laquelle conduit le développement des TIC en Afrique, continent « noyé sous le poids de la technologie occidentale » mais qui développe des stratégies d’adaptation et de rattrapage où les TIC prennent une place croissante dans l’économie populaire, comme l’illustre si bien le miracle de la révolution du mobile (Chéneau-Loquay, 2010, Alzouma, 2014).

9Il est communément admis que pour rattraper son retard technologique, l’Afrique peut grâce à l’adoption des TIC « sauter » des étapes afin atteindre plus rapidement et simultanément plusieurs paliers et objectifs de développement. Cette vision a longtemps été partagée par de nombreuses organisations internationales comme le PNUD ou le Bureau international du travail, qui considèrent que les TIC permettraient de « brûler les étapes du développement » et de lutter contre la pauvreté (Fullsack, Kiyindou, Mathien, 2005). Plusieurs auteurs (Davison et al., 2000, p. 2 ; Sévérino, Ray, 2011, p. 185 ; Huet, 2017) expliquent que le « leapfrog » constitue une évolution technologique rapide porteuse de nombreuses opportunités et constituant une solution efficace pour réduire la fracture numérique. Il se produit notamment lorsqu’un pays réalise un « saut » ou un bond technologique en avant pour accéder à des technologies de pointe sans passer par la génération technologique précédente, souvent plus chère et moins efficace. Selon Jean-Michel Huet l’Afrique a connu cinq bonds successifs depuis les années 2000 qu’on peut récapituler comme suit : 1) le développement de la téléphonie mobile et l’accès à l’Internet haut débit via mobile, au détriment des réseaux de téléphonie filaire (pénétration des smartphones, avènement des réseaux de couverture mobile 3G et 3G) ; 2) l’éclosion des services financiers et de transferts d’argent par mobile (M-Pesa au Kenya) ; 3) le développement du commerce électronique (avec des plateformes comme Jumia, mais aussi avec les implantations récentes d’Amazon et d’Uber) ; 4) le développement et l’amélioration des services publics (en particulier le paiement des factures d’eau et d’électricité par mobile, l’informatisation des listes électorales et des archives publiques, l’accès aux services publics de santé en ligne) ; et 3) le développement d’une économie des plateformes.

10Au-delà des logiques d’incitation à la consommation, la production de biens et services TIC constituerait donc un raccourci pour les pays africains pour entrer dans l’ère de l’économie numérique sans passer par la longue et coûteuse phase d’industrialisation technologique par laquelle sont passés la plupart des pays occidentaux. Dans cette perspective, le rattrapage technologique offre aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens des pays africains la possibilité de tirer profits3 des retombées commerciales, financières, sociales et technologiques générées par le développement des infrastructures et réseaux numériques. Cependant, au vu des récents progrès réalisés sur le continent africain en matière de déploiement d’infrastructures, de réseaux et d’équipements numériques, on peut s’interroger sur l’état des lieux actuel de l’accès et du développement des TIC sur le continent africain. L’Afrique est-il toujours en retard par rapport aux autres régions du monde en matière de pénétration et d’utilisation des TIC ? Ce retard constitue-t-il toujours un handicap ou un obstacle fatal au développement du continent ou au contraire n’est-il pas désormais présenté comme l’opportunité ou l’alibi parfait pour les GAFA qui cherchent à s’établir sur ce nouveau marché numérique en émergence ?

11Dans son dernier rapport « Mesurer la société de l’information4 », l’Union internationale des télécommunications (UIT) estime que 51,2 % (soit plus de la moitié) de la population mondiale (environ 3,9 milliards de personnes) utilisent l’Internet. Cette importante avancée vers une société́ de l’information plus inclusive au niveau mondial contraste toutefois avec la situation au niveau plus régional. En effet, d’après le même rapport, on ne compte que 45 % d’internautes dans les pays en développement et près de quatre personnes sur cinq (80 %) n’utilisent toujours pas Internet dans les 47 pays les moins avancés (UIT, 2018). Alors que près de 80 % d’européens ont accès à Internet en 2018, en Afrique subsaharienne le pourcentage d’utilisateurs d’Internet au sein de la population ne frôle que 25 % et ce même si on note des progrès dans les infrastructures de connectivité et d’accès au large bande, incluant les nouveaux câbles sous-marins, déployées sur le continent africain5. Ces indicateurs montrent que la fracture numérique persiste et se traduit moins par des inégalités d’accès que par des inégalités en matière d’usages, révélatrices de la complexité des formes et des différents degrés d’appropriation de l’innovation numérique. Il s’agit donc d’une fracture essentiellement cognitive et économique liée d’une part à l’abordabilité des équipements et surtout des services Internet haut débit (dont les tarifs sur le continent restent parmi les plus coûteux6 au monde) et d’autre part aux inégalités structurelles débouchant sur des désavantages socioéconomiques relatifs au revenu et au niveau d’instruction et de littératie numérique, mais aussi au genre7. Il faudrait aussi prendre en considération les dimensions culturelles de la fracture numérique qui se manifestent de plus en plus par l’indisponibilité de contenus dans certaines langues locales et par différents obstacles à la promotion de la diversité des expressions culturelles en ligne.

12On enregistre néanmoins des efforts notables de la part des gouvernements de certains pays africains qui font preuve de maturité numérique en créant et en essayant de garantir et de maintenir les conditions nécessaires au développement d’une économie numérique florissante à l’échelle nationale. Parmi ces pays, voici les quinze premiers du continent qui ont obtenu des moyennes de scores élevés et les meilleurs classements de l’indice de développement des TIC (IDI) de l’UIT au cours des dernières années (entre 2016 et 2018) : l’île Maurice, les Seychelles, le Cap-Vert, le Botswana, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Gabon, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Sénégal, le Kenya.

13La plupart de ces pays disposent de stratégies et de plans gouvernementaux de développement numérique8 (exemples : Cameroun numérique 20209, Mali numérique 202010, Sénégal numérique 202511, la feuille de route TIC du Kenya 202012, Plan de développement de l’infrastructure nationale d’information et de communication (INIC) intégré à la vision 2020 du Rwanda13) qui accordent une priorité à la construction d’infrastructures fondamentales dans le secteur des TIC tout en favorisant l’entrée d’investissements directs étrangers.

14Par ailleurs, les prévisions 2018 de Deloitte relatives aux évolutions du marché africain des technologies, médias et télécommunication (TMT) révèlent plusieurs tendances prometteuses. Mentionnons à titre d’exemples quelques-unes qui nous paraissent être des signaux forts, porteurs d’opportunités diverses :

  • en 2018, 66 % des utilisateurs d’Internet africains se connectent à Internet via les technologies mobiles, 21 % via un Internet fixe et 13 % n’ont pas d’Internet à la maison ;

  • Grâce à l’extension de la couverture géographique 3G et 4G, 20 % des 18-24 ans utiliseront uniquement leur connexion mobile pour accéder à Internet depuis chez eux ;

  • 45 % des Africains utilisent déjà Internet pour suivre des événements en direct, principalement les événements sportifs, mais seuls 25 % sont prêts à dépenser plus de 20 $ par an pour regarder des diffusions en direct ;

  • d’ici 2020, le nombre d’utilisateurs de smartphones devrait quasiment doubler et on estime que 660 millions d’Africains (contre 336 millions en 2016) devraient être équipés d’un smartphone (soit un taux de pénétration de près de 55 %) ;

  • Les principaux médias en ligne auxquels les africains sont susceptibles de s’abonner sont les journaux (58 %), les vidéos à la demande (39 %) et la musique (35 %), ce qui constitue une bonne augure pour le développement des médias digitaux et des contenus locaux (films et musiques) africains.

15Cet ensemble de signaux fait échos aux propos de Bruno Mettling (Président du groupe français Orange Moyent-Orient et Afrique et auteur du livre « Booming Africa ») lorsqu’il se permet de prophétiser dans une entrevue au Magazine Jeune Afrique qu’en 2030, « l’Afrique sera le continent le plus numérique du monde »14, car l’ampleur de la transformation numérique qu’elle vit s’étend au-delà des secteurs des nouvelles technologies et s’applique également aux domaines de l’éducation, de la santé, de l’énergie, de l’administration, etc. Toute cette effervescence autour de la nouvelle Afrique numérique n’est pas passée sous le radar des dirigeants des GAFA qui fantasment depuis un moment sur cette terre promise du numérique et qui multiplient les offensives pour s’y implanter durablement, en exportant et en rentabilisant l’exploitation du savoir-faire technologique de la Silicon Valley.

L’appétit insatiable des GAFA pour l’Afrique

16Pour les GAFA, l’Afrique constitue un laboratoire numérique géant, un nouveau terrain de jeu idéal pour expérimenter de nouvelles solutions technologiques visant à pallier les insuffisances des réseaux physiques et des infrastructures d’accès pour répondre à des besoins du quotidien jusqu’ici inaccessibles, tout en fournissant des services utiles et adaptés, basés sur l’utilisation des dernières innovations. Lors d’une entrevue accordée à un journaliste de RFI en décembre 2017, Samir Abdelkrim, fin connaisseur de l’écosystème des start-up africaines, auteur du livre à succès « Startup Lions : au cœur de l’African tech » et fondateur de StartupBRICS.com concluait son analyse en affirmant que : « l’Afrique est la dernière frontière à conquérir pour les GAFA, à savoir Google et Facebook mais également SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk. Il y a une espèce de course contre la montre à la connexion de l’Afrique. […] Il faut trouver aujourd’hui des centaines de milliards de dollars pour pouvoir lancer des satellites africains, pour pouvoir apporter un internet africain, sauf que les moyens financiers des GAFA sont infiniment plus importants et qu’ils sont déjà en train d’accélérer.15 ».

17Plusieurs initiatives récentes témoignent de la convoitise que suscite le continent africain pour les GAFA. Google a par exemple installé son premier laboratoire16 de recherche spécialisé sur l’intelligence artificielle à Accra au Ghana en avril dernier avec l’ambition de répondre aux problèmes socio-économiques, sanitaires, agricoles, éducatifs, politiques ou environnementaux du continent. De ce laboratoire pourraient émerger des solutions pour palier les pénuries de médecins, aider aux dépistages des cancers, prévenir les catastrophes naturelles, aider les agriculteurs à améliorer leurs productions et être mieux informés de la fluctuation des prix des marchés, ou encore faciliter la traduction automatique de documents en langues vernaculaires africaines, etc. Sur le plan de l’accès à Internet, Google a aussi développé depuis 2013 un projet dénommé « Project Link17 » (et rebaptisé en 2018 « Csquared18 ») qui permet à près d’une vingtaine d’opérateurs mobiles et fournisseurs d’accès Internet (FAI) de disposer d’une connexion plus fiable et de haute qualité grâce à un investissement de 100 millions de dollars dans l’installation de plus de 1 600 kilomètres de fibre optique. Cette initiative favorise le déploiement du réseau mobile 4G LTE, de zones de wi-fi public et de l’Internet haut-débit à domicile dans certaines capitales africaines comme Kampala (Ouganda) ou Accra (Ghana) ou Moronvia (Libéria), avec des perspectives d’une future extension du projet à plusieurs autres pays africains. Rappelons aussi l’initiative dévoilée par Google en 2013, et toujours en cours d’expérimentation, qui consistait à lancer dans la stratosphère de gros ballons gonflables lancés pour relayer une connexion Internet vers des zones rurales difficiles d’accès à l’échelle de la planète. Par ailleurs, pour diversifier ses sources de revenus sur le continent, la firme de Moutain View a lancé le programme « Android One » dans le but de fournir des smartphones à très bas coût dans des pays comme l’Égypte, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Maroc et le Nigéria. Enfin Alphabet, la maison mère de Google, fait de l’évangélisation numérique en Afrique en s’investissant dans la formation des futurs utilisateurs de ses produits et dans le repérage et l’accompagnement de futurs talents (principalement des développeurs) à travers son programme Digital Skills for Africa (« Compétences digitales pour l’Afrique »). Ce programme a déjà contribué à former plus d’un million d’Africains dans l’utilisation de différents services et produits numériques proposés par Google19.

18En ce qui concerne Facebook, son fondateur et P.-D.G., Mark Zuckerberg, a organisé en septembre 2016 sa première tournée en Afrique, notamment au Kenya (Naïrobi) et au Nigéria (Lagos), deux pays figurant parmi les cinq principaux utilisateurs du réseau social sur le continent. Lors de cette visite en terre africaine, les objectifs du patron de Facebook étaient très clairs : au-delà de prendre conscience de l’étendue et du potentiel du marché africain (en termes de nombres d’utilisateurs de son réseau social), il s’agissait surtout pour Facebook de promouvoir sur ce nouveau marché sa solution Free Basics20 qui devrait pénétrer 23 pays africains. Free Basics est une plateforme fournissant un « accès gratuit » à Internet via les téléphones mobiles pour les communautés défavorisées. Le projet cible ainsi des dizaines de millions d’Africains, futurs nouveaux utilisateurs d’Internet et du réseau social planétaire. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Mark Zuckerberg a conclu sa tournée en confiant aux médias que : « C’est en Afrique que l’avenir se construira !21 ». Trois années plus tard, pour faire oublier la controverse associée au projet Free Basics ainsi que l’échec du lancement de SpaceX (la fusée qui devrait placer en orbite le satellite que comptait utiliser Facebook pour son projet de connectivité mondiale « Internet.org »), Facebook vient d’annoncer via le Wall Street Journal22 le lancement d’un tout nouveau projet en Afrique baptisé « Simba », un gigantesque câble sous-marin de fibre optique qui encerclera tout le continent.

19Microsoft a, quant à elle, déjà de nombreux contrats d’exclusivité pour la fourniture de sa suite bureautique et de ses équipements informatiques à une grande majorité des gouvernements africains. Elle développe également des projets éducatifs, mais tente surtout de s’imposer sur le marché du cloud africain à côté du rival Amazon. Microsoft a mis en service en mars dernier ses premiers centres de données (datacenters) en Afrique, plus précisément à Johannesburg et à Cape Town en Afrique du Sud ; répondant ainsi à la forte demande de services infonuagiques (cloud computing) sur le continent23. De son côté Amazon, à travers sa filiale Amazon Web Services (AWS) devrait aussi se positionner en installant son premier datacenter « AWS Africa » en Afrique du Sud au courant du premier semestre 2020.

20Netflix, le leader mondial du streaming et de la vidéo à la demande par abonnement (VoD), est lui aussi déjà établi en Afrique depuis 2016. Mais dès 2018, l’entreprise de Reed Hastings a commencé à investir plus massivement dans la production de contenus locaux en portant un intérêt accru à la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) où on annonce plus d’une cinquantaine de contenus originaux en cours de productions grâce à un investissement total d’un milliard de dollars. Les contenus africains occupent notamment une place centrale dans cette stratégie24 de Netflix, qui a déjà commencé à acquérir les droits de diffusion exclusifs de certaines productions à succès des studios nigérians de Nollywood, comme le film « Lionheart » de la réalisatrice nigériane Geneviève Nnaji qui a cédé à Netflix les droits de son film pour 3,8 millions de dollars. Selon les prévisions du cabinet américain Digital TV Research25, le nombre d’abonnés africains à des services de vidéos à la demande devrait atteindre près de 10 millions d’ici 2023 dont 4 millions pour la seule plateforme de Netflix. Selon la même étude, Netflix concentre en fin 2018 un parc d’abonnés de 1,363 million en Afrique subsaharienne et occupe déjà actuellement 45 % de parts de marchés des services de vidéo à la demande par abonnement (SVoD) sur le continent. Ces tendances confirment le fait que l’Afrique constitue un important relais de croissance pour Netflix qui devient un concurrent redoutable26 pour les entreprises locales du secteur de l’audiovisuel et de la télévision ; ceci d’autant plus que Netflix est maintenant résolue à se lancer dans la coproduction de documentaires et de séries africaines afin d’élargir et de fidéliser son auditoire. On annonce notamment la sortie imminente des séries « Queen Sono » et « Blood & Water » dans lesquelles seraient impliqués des réalisateurs sud-africains. Pour surmonter les obstacles liés aux prix des forfaits Internet et de la qualité du débit, Netflix établit également des partenariats stratégiques avec des opérateurs télécoms locaux pour créer des forfaits Internet spécialement dédiés à l’utilisation de la plateforme.

21Parmi les géants américains d’Internet, Apple seule demeure en retrait et n’affiche pas encore une véritable stratégie de conquête du marché africain. Pour preuve, il n’y a toujours aucune boutique officielle « Apple Store » en Afrique sur les 506 que compte l’entreprise et qui constituent ses « machines à cash »27. Par ailleurs, le principal obstacle à une pénétration du marché africain par Apple est sans doute le coût très élevé de ses appareils qui n’arrivent pas à concurrencer les smartphones à moins de 100 dollars lancés par Huawei28, ZTE et Nokia sur le marché africain au cours des dernières années. Un point positif cependant : Apple bénéficie contrairement à ses concurrents, d’une meilleure image en Afrique par rapport au scandale relié aux exploitants de cobalt qui font travailler des enfants en République démocratique du Congo. Apple s’est d’ailleurs récemment engagée à améliorer la traçabilité des matières premières entrant dans la fabrication de ses smartphones.

« Solutionnisme technologique » des GAFA et cybercolonisation : Vers une quête improbable de souveraineté numérique pour l’Afrique ?

22Comme nous l’avons vu précédemment, la saturation des marchés occidentaux constitue un problème de taille qui contraint les GAFA à se tourner vers de nouveaux territoires pouvant leur servir de relais de croissance. Les pays émergents en Asie, mais surtout en Afrique sont donc la nouvelle cible du marketing agressif de ces géants du Web.

23S’il y a bien un point commun dans les stratégies diversifiées de pénétration du marché numérique africain utilisées par ces multinationales du Web, c’est leur « solutionnisme technologique » (Morozov, 2013). En effet, ce concept proposé par le chercheur et essayiste Evgeny Morozov en 2013, désigne le courant idéologique qui a été façonné et formaté par les grands groupes américains de l’industrie Internet et qui s’appuie sur la thèse principale qu’on peut résoudre tous les problèmes de l’humanité grâce à la technologie. En 2012, lors d’une allocution, le président exécutif de Google, Eric Schmidt, a prononcé une phrase qui résume parfaitement cette vision simpliste technocentrique et technodéterministe : « Si nous nous y prenons bien, je pense que nous pouvons résoudre tous les problèmes du monde. ». En d’autres termes, le solutionnisme se résume donc à la croyance et la fascination dans la capacité des technologies à apporter tout type de solutions aux plus grands défis et problèmes de nos sociétés comme la pauvreté, la criminalité, la famine, la pollution… et même le réchauffement climatique. Mais la technologie est-elle toujours la solution à tous les maux de nos sociétés modernes ?

24Le solutionnisme technologique prôné par les gourous de la Silicon Valley pour aider l’Afrique à rattraper son retard et trouver des remèdes urgents aux maux qui minent son développement s’apparente à une imposture numérique à grande échelle. Ne serait-ce pas d’ailleurs l’autre manifestation du « bluff technologique » auquel faisait référence il y a quelques années déjà Jacques Ellul lorsqu’il écrivait : « […] chaque progrès technique est destiné à résoudre un certain nombre de problèmes. Ou, plus exactement : en face d’un danger, d’une difficulté précis, limités, on trouve forcément la réponse technique adéquate. Ceci provient de ce que c’est le mouvement même de la technique, mais répond aussi à notre conviction profonde, générale dans les pays développés, que tout peut être ramené à des problèmes techniques. Le mouvement est alors le suivant : en présence d’un problème social, politique, humain, économique, il faut l’analyser de telle façon qu’il devienne un problème technique (ou un ensemble de problèmes techniques) et à partir de ce moment-là, la technique est l’instrument adéquat pour trouver la solution. »

25En effet, ce qui se cache derrière ce bluff technologique, c’est la capacité qu’ont les GAFA d’utiliser leur pouvoir de marché pour imposer un modèle unique de marchandisation de l’innovation technologique. Le véritable enjeu ici est donc l’instauration d’un nouvel ordre mondial du techno-capitalisme dans le but de mieux protéger les seuls intérêts de ces acteurs oligopolistiques transnationaux de l’Internet face à toute tentative de régulation étatique nationale (Smyrnaios, 2017).

26La souveraineté numérique des États, des entreprises et des citoyens africains est ainsi compromise, voire confisquée, face au rouleau-compresseur d’acteurs transnationaux qui dominent l’économie mondiale, qui ont rang de puissance diplomatique (Rameaux, 2017), et qui contrôlent aussi bien la production et la diffusion mondiale des innovations technologiques, les contenus, services et applications numériques qui en découlent et dorénavant les câbles29 et tuyaux par lesquels transitent et sont acheminés ces contenus. Au moment où les États membres de l’Union européenne, suite à une série de commissions d’enquêtes, tentent d’imposer un ensemble de sanctions (amendes) et de mesures règlementaires et fiscales pour taxer les GAFA et éviter qu’elles ne développent des pratiques anticoncurrentielles et n’abusent de leur position dominante sur le marché unique numérique européen, les États africains de leur côté déroulent le tapis à ces géants. La faible capacité d’intervention des États africains face aux GAFA entraîne une certaine érosion de leur souveraineté numérique et une relation très déséquilibrée qui fait que ces États renoncent au pouvoir décisionnel, de contrôle et de régulation30 qu’ils pourraient exercer sur les activités de ces entreprises. Pour nombre d’observateurs, nous assistons à un phénomène de colonisation numérique ou de cybercolonisation31 en Afrique car la plupart des États africains ne sont pas bien préparés (lois et cadres règlementaires inadaptés ou désuets par rapport aux enjeux actuels du cyberespace) et n’ont pas suffisamment pris conscience des menaces que font peser les GAFA sur des leviers de souveraineté aussi stratégiques que :

  • la cybersécurité et la sécurité des infrastructures numériques et des réseaux de télécommunications au niveau national ;

  • la neutralité du Net et la gouvernance multi-acteurs de l’Internet (Benhamou, Sorbier, 2006) ;

  • la protection des données (données gouvernementales, données des entreprises et données personnelles/vie privée des citoyens/utilisateurs) ;

  • l’accompagnement des écosystèmes nationaux d’innovation numérique (start-up, licornes, incubateurs, accélérateurs, fablab, communautés technologiques…) qui constituent des piliers de l’économie numérique nationale ;

  • la fiscalité numérique

  • la formation et le renforcement des capacités des individus et des entreprises pour qu’ils puissent s’adapter à la transformation numérique en cours ;

  • la promotion des contenus locaux et la protection de la diversité des expressions culturelles nationales en ligne.

Conclusion

27L’Afrique vit une révolution numérique dont elle est à la fois actrice et spectatrice. Si les progrès récents en matière de développement de l’accès à Internet et les sauts technologiques comme celui du téléphone mobile ont réussi à propulser l’Afrique dans la société mondiale de l’information, le continent n’a pas pour autant totalement rattrapé son retard. De nombreuses fractures et inégalités numériques persistent (entre les régions, entre les pays et à l’intérieur d’un même pays), tant au niveau de la vitesse ou du débit de connexion qu’au niveau des usages et du degré d’appropriation des innovations technologiques. Paradoxalement, d’autres signes montrent que l’Afrique présente aujourd’hui de nombreux atouts qui font d’elle la nouvelle « terre promise du numérique32 ». En effet, l’Afrique se positionne comme un précurseur dans les différents types et domaines d’applications possibles des technologies émergentes comme la blockchain ou l’intelligence artificielle. Au-delà de la « startupmania33 » africaine qui fait beaucoup de remous et qui entraîne l’emballement, voire la surenchère des business angels et des capitaux-risqueurs étrangers, il subsiste un véritable risque de captation de valeur et de prédation34 systémique dans les domaines clé de la transformation numérique africaine (télécoms, finance, médias et divertissement, éducation, santé, agriculture, énergie et environnement, tourisme, voyage et loisirs, grande distribution, transports…). Si les gouvernements africains n’y prennent pas garde, une telle tendance est susceptible de maintenir l’Afrique dans une dépendance technologique durable, avec le verrouillage des utilisateurs et des internautes africains dans le solutionnisme technologique des GAFA grâce à leur écosystème tentaculaire.

Bibliographie

Alzouma Gado, « Faire de nécessité vertu : inégalités sociales et modes d’appropriation innovants du téléphone mobile en Afrique », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 4 | 2014, http://journals.openedition.org/rfsic/946

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Notes

1 Terme utilisé pour désigner le lien fort existant entre un objet technique et les usages et symboles partagés dans la société qui lui sont associés. Le techno-imaginaire définit la dualité substantielle entre technicité et imaginaire qui fait que les TIC doivent être considérées à la fois comme des objets fonctionnels et comme une fiction technique.

2 Plusieurs auteurs ont dénoncé cette utopie communicationnelle dans son sens technique de modèle idéal d’une société de l’information globale. Voir entre autres : 1) Breton Phillipe, L’utopie de la communication : le mythe du village planétaire. Pans : la découverte, 1997, 171 p. ; 2) Mattelart Armand, Histoire de l’utopie planétaire, La Découverte / Poche, Paris, 2000 ; 3) Flichy Patrice, L’imaginaire d’Internet, La Découverte, Paris, 2001.

3 Gado Alzouma invite toutefois à relativiser les promesses et les espoirs suscités par le développement par sauts technologiques puisqu’il considère que les conditions sociales de vie des gens ne changeront pas brutalement avec l’arrivée des TIC et de l’Internet. À titre d,exemple, il explique que le don d’ordinateurs dans des zones rurales ne va pas systématiquement résoudre le problème de l’analphabétisme. Voir : Alzouma Gado, 2005, « Myths of Digital Technology in Africa: Leapfrogging Development? », Global Media and Communication, 1 (3): 339-356

4 Union internationale des télécommunications (UIT), Rapport Mesurer la société de l’information 2018. Résumé analytique. [En ligne] https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR2018-ES-PDF-F.pdf

5 UIT, Key ICT indicators for developed and developing countries and the world (totals and penetration rates), 2018. https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/statistics/2018/ITU_Key_2005-2018_ICT_data_with %20LDCs_rev27Nov2018.xls

6 En 2016, une étude de la Banque mondiale estimait déjà qu’en Afrique « être enclavé ajoute 232 dollars au coût moyen mensuel d’accès à internet ». En effet, le prix d’une connexion internet haut débit en parité de pouvoir d’achat est en moyenne de 206,61 dollars mensuels par mois sur les côtes africaines, contre 438,82 dollars en moyenne dans les pays enclavés du continent (comparés aux 8,53 dollars mensuels qu’il en coûte en moyenne dans les pays de l’OCDE). Voir : Polle Benjamin, « Pour la Banque mondiale, le numérique n’a pas (encore) tenu ses promesses en Afrique», Jeune Afrique, 14 janvier 2016. https://www.jeuneafrique.com/293510/societe/numerique-promesse-afrique/

7 On estime que les femmes ont des chances d’accès à Internet inférieures d’environ 12 % à celles des hommes.

8 Voir la vidéo intégrale de la conférence « L‘Afrique à la conquête du numérique », organisée par l’Union Africaine et la Banque mondiale le 12 avril 2019 à Washington. Plusieurs décideurs politiques et influenceurs africains ainsi que des experts internationaux ont partagé à cette occasion leur vision sur les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser le projet de transformation digitale et les solutions pour un développement numérique inclusif pour tous à l’échelle du continent : https://live.banquemondiale.org/l-afrique-a-la-conquete-du-numerique

9 https://cameroundigital.com/wp-content/uploads/2017/05/Plan-stratégique-Cameroun-Numérique-2020.pdf

10 https://www.malinumerique2020.gouv.ml/images/banners/doc/DraftMN2020.pdf

11 http://www.numerique.gouv.sn/sites/default/files/Numerique%202025_0.pdf

12 http://icta.go.ke/pdf/32.pdf

13 Pour plus d’exemples d’initiatives prises par les gouvernements africains pour permettre l’essor du numérique sur le continent, voir : Goldstein Nicolas, « En Afrique, la révolution numérique est en marche », Les Échos, 1er Août 2018, https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/en-afrique-la-revolution-numerique-est-en-marche-135773

14 https://www.jeuneafrique.com/712811/economie/bruno-mettling-en-2030-lafrique-sera-le-continent-le-plus-numerique-du-monde/

15 Boisbouvier Christophe, « Samir Abdelkrim : L’Afrique est la dernière frontière à conquérir pour les GAFA», RFI, 26 décembre 2017, http://www.rfi.fr/emission/20171226-samir-abdelkrim-plus-tiers-pib-kenya-passe-paiement-mobile

16 Google a déjà ouvert plusieurs « tech-labs » dans de grandes villes comme Tokyo, Zurich, Montréal, Toronto, Seattle, Boston ou Paris, mais c’est la première fois qu’un tel dispositif est installé sur le continent africain.

17 Steve Song, « Project Link », https://manypossibilities.net/2015/12/project-link/

18 http://www.csquared.com

19 Clémenço Julien, Anderson Mark, « L’Offensive africaine de Google », Jeune Afrique, 26 juillet 2017, https://www.jeuneafrique.com/mag/457360/societe/loffensive-africaine-de-google/

20 Cette initiative est toutefois très controversée et décriée un peu partout dans les pays où le service est disponible car il porte atteinte au principe fondamental de neutralité d’Internet. En effet, le service Free Basics ne donne l’accès gratuit qu’à une poignée de sites privilégiés, excluant par exemple l’accès aux sites et applications de Google.

21 Mourdoukoutas Eleni, « Le patron de Facebook en veut plus», https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/édition-spéciale-sur-la-jeunesse-2017/le-patron-de-facebook-en-veut-plus

22 FitzGerald Drew, « Facebook Looks to Build Underwater Ring Around Africa», The Wall Street Journal, 7 avril 2019, https://www.wsj.com/articles/facebook-looks-to-build-underwater-ring-around-africa-11554649200 ?mod =e2twd

23 Legouge Matthieu, « Microsoft lance ses premiers datacenters en Afrique », 07 mars 2019, https://www.clubic.com/pro/entreprises/microsoft/actualite-851574-microsoft-premiers-datacenters-afrique.html

24 Wessbecher Louise, « L’Afrique, le prochain défi de Netflix », 26 octobre 2018, https://www.france24.com/fr/20180506-netflix-afrique-productions-locales-nollywood-series-films

25 Digital TV research, « Africa Africa to reach 10 million SVOD subs by 2023 », https://www.digitaltvresearch.com/ugc/Sub-Saharan %20Africa %20OTT %20TV %20and %20Video %20Forecasts %202018 %20TOC_toc_207.pdf

26 Ahougnon Servan, « Netflix, la terreur des opérateurs africains de télévision payante et de VOD», 13 mars 2019, https://www.agenceecofin.com/hebdop2/1303-64628-netflix-la-terreur-des-operateurs-africains-de-television-payante-et-de-vod

27 Fagot Vincent, « Les Apple Stores, machine à cash du géant américain», Le Monde, 18 novembre 2018, https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/18/les-apple-stores-machine-a-cash-du-geant-americain_5385060_3234.html

28 À propos de la pénétration de Huawei sur le marché africain et de la guerre froide technologique sur fond de rivalités économiques que les Etats-Unis livrent à la Chine, voir cet article : Edjo Muriel, « Guerre froide technologique : l’Afrique va-t-elle devoir choisir entre Huawei et les GAFA ?», https://www.agenceecofin.com/hebdop2/2805-66501-guerre-froide-technologique-l-afrique-va-t-elle-devoir-choisir-entre-huawei-et-les-gafa

29 Centre d’études stratégiques de la marine (CESM), « Les câbles et les GAFAM», Dans Brèves marines, n.205, novembre 2017, https://cesm.marine.defense.gouv.fr/images/BM/2017/BM205_GAFAM.pdf

30 Delépine Justin, « Peut-on réguler les Gafa ? », Alternatives économiques, 8 janvier 2019, https://www.alternatives-economiques.fr/on-reguler-gafa/00087185

31 TV5 Monde, AFP, « Technologie : la cyber-colonisation de l’Afrique par la Silicon Valley a-t-elle débuté ?», 15 juillet 2018, https://information.tv5monde.com/info/technologie-la-cyber-colonisation-de-l-afrique-par-la-silicon-valley-t-elle-debute-249867

32 Voir sur ce sujet le documentaire « L’Afrique, terre promise du numérique» réalisé par Stefanie Fleischmann et Elke Sasse, 2018, https://www.youtube.com/watch ?v =FYsnZ5D3koA

33 Jekinnou Christian, « Africa-tech : au-delà de la  Startupmania  ! » https://www.socialnetlink.org/2019/05/africa-tech-au-dela-de-la-%E2%80%89startupmania%E2%80% 89-christian-jekinnou/

34 PwC, « Les GAFAM en Afrique : aide au développement ou prédation », https://www.pwc.fr/fr/decryptages/transformation/gafam-en-afrique-aide-au-developpement-ou-predation.html

Pour citer ce document

Destiny Tchéhouali, «L’Afrique des convoitises numériques : des mythes du rattrapage technologique à la quête de souveraineté numérique», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 16-varia, DANS L'ACTUALITÉ,mis à jour le : 26/04/2020,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=807.

Quelques mots à propos de : Destiny Tchéhouali

Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal (UQAM)