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Questions de recherche

David Le Breton

Rires et communication

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Texte intégral

« Le rire doit être quelque chose de ce genre, une espèce de geste social » Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique, Paris, PUF, 2002, p. 16.

1Les mouvements innombrables du corps lors de l’interaction (gestes, mimiques, postures, déplacements, etc.) ne sont jamais neutres ou indifférents, ils manifestent une attitude morale de l’individu devant le monde. Certes, ce processus sollicite également la voix, le rythme de l’élocution, le jeu du regard, etc., aucune parcelle de l’individu n’échappe à l’affirmation sensible de son affectivité. L’évidence de la présence est non seulement celle de la parole, mais aussi celle du corps, des attitudes, des postures, également de la voix. Comprendre la communication, c’est aussi comprendre la manière dont le sujet y participe de tout son corps. Même si la parole se tait, les mouvements du visage et du corps demeurent et témoignent des significations inhérentes au face-à-face ou à la situation (Le Breton, 2014).

2Le rire est surgissement du corps dans la communication. Il émerge à l’articulation du sens et de l’organique, il n’est ni réflexe, ni décision volontaire, il interrompt ou accompagne la circulation de la parole, toujours marquée d’affectivité et d’une présence corporelle, mais sous une forme discrète et prévisible. Il est une bouffée de sens qui envahit l’individu sous une tonalité joyeuse dans la surprise d’une situation ou d’un bon mot, ou pour d’autres raisons parfois douloureuses. Il coupe la parole et déborde la voix mais il n’en demeure pas moins enraciné dans une signification. Il libère un instant des exigences d’identité et des protocoles. Il incarne une brève échappée belle hors des routines du quotidien. Il « éclate », certes il se réfrène ou s’accentue quelquefois, mais il disloque le corps achevé, fermé, délimité, prévisible, paisible, de la vie courante, il fait voler en éclat les identités paisibles et confortables, reconnaissables. Le corps prend le dessus, il le fait de manière spectaculaire par l’ébranlement de la personne soudain secouée de soubresauts, la respiration saccadée, l’émission de borborygmes. Certes, il répond lui aussi à une ritualité, il est partagé, mais il assure un triomphe provisoire du corps et réduit la parole à des hoquets. Émanation d’un visage souvent décrit par les ennemis du rire comme tordu, défait, il en dissout le sérieux et la sacralité. Le rire est à la fois une expression visuelle et orale. Il résonne dans les gestes, la posture, l’attitude. Il s’empare de la personne toute entière du rieur.

3Le rire est éminemment social, il n’existe pas sans la signification qui lui donne naissance. Il est sur la ligne d’ombre entre réflexe (social) et réflexivité. Il est un effet de sens et non une irruption biologique. Comme toute émotion, il est à la fois obligatoire et spontané dans certaines circonstances, il s’inscrit dans l’évidence de la relation à l’autre selon les attentes mutuelles implicites. Il ne manifeste pas nécessairement la joie. Signe de connivence ou de mépris, parfois les deux à la fois si la cible en est une catégorie honnie de la population. Il prend naissance dans la joie pure, mais aussi la détresse, le mépris, le sentiment de supériorité, la haine, la honte, la timidité, le triomphe, le soulagement, la peur, la raillerie, la surprise, l’embarras, la politesse, la soumission, l’incrédulité, le dédain, le défi, la volonté de sauver les apparences ou de mettre à distance une émotion, etc. (Le Breton, 2019).

4Le rire est partout, il se raccroche à n’importe quel objet ou situation car il est d’abord dans la subjectivité, il tient au supplément de sens apporté par l’individu. Tout est susceptible de devenir risible par un effet de résonance désamorçant le sérieux du monde : association d’idée, rapprochement incongru, plongée dans un univers personnel, gestes, mimiques, lapsus, emploi impropre d’un mot, etc. Mais c’est toujours au rieur qu’il faut demander le motif de son hilarité. Les raisons de rire de l’un ne sont pas celles de l’autre. De même l’individu peut rester indifférent devant une situation comique ou une blague car il la connait déjà ou ses auteurs ne lui plaisent pas. En ce sens, rien n’est jamais risible en toute évidence. La situation la plus burlesque ne l’est plus si on en est la victime ou si l’on y reconnait un proche.

5Dans les interactions sociales, le rire obéit à des ritualités sous peine d’être vécu comme gênant. En ce sens, il relève d’un art sociologique intuitif pour demeurer en prise avec les autres lors de l’interaction, sans crainte d’être jugé. Son apparition, son volume, sa durée ou sa tonalité sont étroitement codés, mais toujours ressaisis en termes personnels. Expression d’une ritualité, il relève d’une symbolique corporelle acquise par la socialisation et l’identification aux proches, mais rejouée de manière personnelle et renouvelée en permanence par les innombrables liens qui se nouent et se dénouent à chaque instant entre les individus (Le Breton, 2019). Il repose toujours sur de bonnes raisons. Il n’est pas un automatisme inscrit une fois pour toutes dans la nature de l’homme et assuré de se déployer quelles que soient les circonstances. Parfois de politesse ou de façade, il est en principe un jaillissement donnant chair à un jeu de l’esprit.

6Il est aussi un trait de génération, les enfants ne rient pas des mêmes événements ou des mêmes blagues que leurs parents, leurs critères d’appréciation ne sont pas les mêmes. Chaque âge a son humour propre qui appartient à un ordre de signification spécifique. Les circonstances sociales suggèrent des situations risibles, ridicules, des cibles privilégiées, à travers des tonalités différentes allant de la jubilation paisible à la moquerie ou à la haine. Une connotation de classe imprègne parfois le rire : d’une condition sociale à une autre on ne rit guère de la même chose, ni de son supérieur ni même avant lui, on répond en revanche volontiers à ses rires. Lié aux modalités spécifiques de la hiérarchie au sein du lien social, le rire se déploie d’autant plus que les relations sont fluides, libérales, plus égalitaires. Il est plus difficile à mettre en œuvre devant un supérieur hiérarchique, surtout dans une entreprise où les relations d’autorité sont fortes. Dans ce contexte, on rit plutôt des blagues de ceux qui incarnent le pouvoir, même si elles ne sont guère réussies, alors qu’il est malaisé d’essayer de les divertir si on est en position subalterne. En revanche, un humour de résistance foisonne dans l’entre soi des groupes soumis à l’autorité qui prennent leur revanche en se moquant allègrement à voix basse des prétentions et des travers de ceux qui les commandent.

7L’humour est toujours socialement codé par des barrières invisibles qui délimitent la sphère de ceux avec qui l’on peut rire, de quelle manière, ce dont on peut se moquer, écartant ainsi ce qui serait sacrilège, humiliant, ou déplacé. Le rire est toujours cerné par les bornes d’une légitimité qui se décline selon les circonstances et les lieux : l’humour du vestiaire sportif n’est pas celui qui règne entre collègues ou avec des invités à la table d’un restaurant. Le risible de l’un est parfois l’intolérable de l’autre. La même histoire drôle suscite des réactions bien différentes selon les contextes sociaux ou culturels. Les histoires de cocus, si communes il y a encore quelques années, tombent aujourd’hui en désuétude du fait de la liberté des mœurs, de la précarité des mariages et de l’aisance de la recomposition des couples. Même du temps de leur succès, qui impliquait la stabilité conjugale comme valeur bien enracinée, elles étaient loin de susciter la même hilarité partout. Pour les Américains, le cocu était victime d’un abus de confiance et suscitait plutôt la pitié. De manière générale dans le monde anglo-saxon, le puritanisme n’était guère propice à ce genre de divulgation ou de réjouissance. Les mêmes histoires choquaient les Espagnols ou les Portugais. Elles étaient inaudibles pour les populations musulmanes du Maghreb où le mari trompé était atteint dans son honneur. Et parfois, comme dans certains pays où la charia est de rigueur, la femme adultère était lapidée. En Chine, elle était également condamnée à mort. Les blagues d’une culture n’ont souvent aucune résonance dans une autre, voire même ce qui fait rire ici provoque la violence ailleurs. Les meurtres de l’équipe éditoriale de Charlie Hebdo rappellent que l’humour est parfois un jeu avec le feu (Le Breton, 2018).

8Par ailleurs, l’humour des femmes n’est pas l’humour des hommes, ni les rires. « Si les hommes avaient des règles ils se vanteraient de leur longueur et de leur quantité. Les garçons célébreraient le début des règles, cette preuve désirable de virilité, par des soirées exclusivement masculines. Le Congrès subventionnerait un Institut National de la Dysménorrhée afin d’éradiquer les inconforts mensuels » (Gloria Steinem in Moura, 2010, 237). Les orientations culturelles du genre induisent les plaisanteries conventionnelles entre les sexes ou entre soi. Souvent à travers un retournement ironique des représentations qui associent la femme à la séduction et l’homme à la force. Les prétentions à la virilité de l’homme sont souvent moquées par les femmes, tandis que les hommes se gaussent de la recherche de séduction ou de la dérogation à l’impératif de plaire des femmes. Cependant, au regard des représentations de genre, le fait que le rire soit un débordement contraint les femmes à la retenue. Et quand elles « éclatent » de rire, elles s’empressent souvent de mettre leur main à hauteur de leur bouche, comme pour dissimuler ce trop-plein de corps qui vient de surgir à l’attention du groupe. S’il est socialement licite à l’homme de se laisser aller virilement en riant à gorge déployée de tout son corps, la femme est dans une nécessité d’apparence et de contrôle de soi pour maintenir son rire dans les ritualités attendues. Sinon elle risque d’être taxée de « vulgaire ».

9Souvent on distingue deux sortes de rires : ceux qui traduisent la transparence de la joie et ceux qui témoignent de duplicité, de moquerie, de cruauté. Un rire d’acquiescement et un rire de dénigrement. L’hébreu dispose de deux mots pour qualifier des tonalités différentes du rire : sâkhaq, renvoie à un rire joyeux, propre au plaisir d’être ensemble, il donne son nom à Isaac, et lâag, la moquerie, la dérision. Le grec désigne également ces formes différentes de rire par deux mots distincts : gélân : rire du quotidien, de la joie, et katagélân qui renvoie au rire méchant, agressif. Le latin n’a que le mot risus qui recueille sans nuance toutes les ambiguïtés du rire (Le Goff, 1997, 452-453).

10Le recul joyeux sur soi est signe de bonne santé et d’une aisance à se comporter en société. En revanche, l’impossibilité de rire de soi marque une obsession permanente de sérieux, une froide austérité devant le monde. « Je n’ai jamais vu un fanatique avoir le sens de l’humour, ni une personne qui en soit dotée devenir fanatique, à moins de l’avoir perdu. Les fanatiques ont souvent le sarcasme à la bouche, mais il ne s’agit pas d’humour » (Oz, 2006, 45). Quand les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan, l’une de leurs premières mesures est d’interdire aux femmes de rire. Le rire est là le propre du masculin, il est obscène pour les femmes. Pour Goebbels, le rire est intolérable, il déclare un jour : « L’humour est juif. Il faut le bannir de la société » (in Malka, 2008, 37). Généralement les dictatures ou les espaces autoritaires ne tolèrent ni l’humour ni le rire, et s’efforcent même de le traquer comme une source intolérable de désordre et de refus de se soumettre (Le Breton, 2019)

11Les festivités, les anniversaires, les mariages, les repas, les consommations prises en commun, certaines conversations induisent un climat festif ou joyeux, enclin aux rires du fait d’une ambiance qui favorise l’expression d’anecdotes, de jeux de mot, ou de propos qui déclenchent l’hilarité… « On a bien ri » est une formule heureuse pour traduire la connivence et la félicité d’un moment. L’un des motifs les plus courants du rire tient à la sociabilité, au plaisir d’être ensemble. Croiser un collègue dans la rue ou en faisant ses courses suscite souvent un éclat de rire ; quelques minutes de retard au bureau ou à l’atelier et l’allusion à une « panne d’oreiller » provoque immanquablement une brève hilarité. Souvent le rire est la matière première de la plupart des relations sociales sans qu’aucune blague ne soit nécessairement énoncée. Il connote surtout la dimension plaisante de l’échange. L’amitié ou les relations de voisinage amènent à partager des moments conventionnels de rire sur la pluie ou le beau temps, les comportements incongrus des voisins, les scandales politiques, les vacances, le fait que « le travail, c’est la santé », par exemple. Il n’y a rien de comique dans de telles remarques. Le rire échangé à ce moment a la valeur d’un salut, d’une connivence. Il soude les personnes en interaction, renforce leur entente. Il possède une dimension phatique essentielle, c’est-à-dire qu’il insiste moins sur le sens que sur le contact. Il est le signe a minima d’une mutuelle reconnaissance. Il connote surtout la dimension plaisante de l’échange. On rit de voir rire les autres, pour les rejoindre dans leur euphorie. Le rire insiste sur le contact avec l’autre indifféremment du contenu des propos échangé. Il autorise une prise de contrôle symbolique sur l’événement. Dans la période du confinement, il brise la propension du coronavirus à imposer son point de vue, il la nargue, même s’il ne change pas nécessairement le cours des choses, il modifie au moins le regard sur elle. Il en détourne la signification pour le rendre tolérable. Il apprend à mettre les tracas à distance. Il restitue l’initiative à l’individu. Il protège celui qui n’a pas d’autres recours. Il redéfinit ainsi la relation à l’événement. Il rappelle la possibilité d’un autre monde. Ce n’est plus le virus qui dicte l’exercice de la vie quotidienne, on se joue de sa gravité pour en désamorcer l’arrogance. L’humour est une parade contre la violence inhérente à la situation, un outil pour retrouver sa place dans le lien social. Rire ensemble restaure une complicité qui rompt un instant l’isolement auquel nous étions assignés. Il rappelle la solidarité commune face aux menaces et aux inconvénients du confinement. Il affirme simultanément la joie d‘être toujours vivants. Un tel humour foisonnait au temps du coronavirus.

12Le rire exerce également une fonction de police, de rappel de la norme, il vise à faire mal, à dénigrer, il tente de manifester une supériorité. Par la moquerie, il sanctionne ou vise à remettre dans le « droit chemin ». Parfois à connotation raciste, il traduit une volonté de détruire un individu, un groupe, une réputation. Il est l’arme impitoyable du harcèlement à travers la moquerie, le quolibet, le sarcasme, un piétinement symbolique de celui qui possède une particularité que ne supporte pas le groupe des agresseurs.

13Dans le contexte du confinement, pour nombre de familles ou de couples qui peinaient à se supporter au long du jour, le rire ou les traits d’humour furent des techniques de recadrage face à une situation conflictuelle. De telles saillies désamorcent même les pires situations. Le rire est un dissolvant de l’agressivité, il casse la gravité apparente de la situation en feignant de ne pas la prendre au sérieux. Il donne un instant une distance critique. Il s’oppose à la violence comme une manière inattendue de désarmer l’adversaire en mettant les rieurs de son côté. Il ritualise les accrocs de la relation sociale. En détendant l’atmosphère, en affichant un air tranquille, celui qui lance un mot d’esprit ou une répartie amusante dans un contexte conflictuel dissout la gravité du moment et induit ainsi le recul pour une reprise plus apaisée de la discussion. L’humour dresse un bouclier de sens sur lequel se heurte la virulence des événements ou les crispations d’une relation. Rire de précaution, même s’il est sincère, qui arrache aux autres l’initiative de la moquerie avec style, il s’agit de « sauver la face », et de se tirer d’affaire en changeant de personnage, retournant ainsi par ricochet la violence contre l’agresseur qui perd un peu de sa superbe. Il crée les conditions d’un pacte de non-agression. Le rire ou les traits d’humour sont des techniques de recadrage face à une situation difficile. A moins, bien entendu, que les témoins ne soient radicalement hostiles, la répartie plaisante risquant alors d’apparaître comme une provocation supplémentaire, lourde de menace. Amener les autres à rire avec soi ou de soi revient en principe à amortir ou neutraliser leur agressivité. Il est malaisé d’attaquer un amuseur ou un rieur qui refuse de partager le contexte social de l’agressivité et semble vivre dans un autre monde social.

14Le fou-rire est une autre modalité du rire, mais il est hors de contrôle, il s’empare de l’individu. Même si le plus souvent il est perçu comme un désagrément provisoire et pardonnable, il surgit comme un incident redoutable dans la vie courante car il expose à perdre la face et surtout à la faire perdre aux autres sans pouvoir s’en justifier sur le moment puisque le langage est provisoirement anéanti. Débordement malencontreux malgré la volonté de l’individu emporté dans une situation souvent insupportable. Impossible de se retenir. Rire fou, car délié de toute civilité, de toute attente sociale, et nécessairement impudent pour les témoins. Les ritualités les plus sérieuses sont percutées de plein fouet par l’échappée belle d’un malheureux qui n’arrive plus à se retenir. Le rire ici n’est pas toujours joyeux. Son auteur cherche désespérément à le rompre car il sait la situation compromettante et redoutable pour lui et les personnes qui croient que l’on se moque d’elles. Il n’ignore pas les représailles possibles qui l’attendent. Il perd la maitrise de sa présentation sociale et s’expose au jugement des autres, surtout de ceux qui se demandent s’il ne se paie pas leur tête.

15Le rire dans ses diverses déclinaisons est un commentaire sur la relation, une métacommunication qui dit la résonance de l’échange et, simultanément, exerce son influence sur le contexte.

Bibliographie

Le Breton D., Rire. Une anthropologie du rieur, Paris, Métailié, 2019.

Le Breton D., Les passions ordinaires. Anthropologie des émotions, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2004.

Le Goff J., Une enquête sur le rire, Annales, mai-juin 1997.

Malka V., Dieu comprend les histoires drôles. L’humour perdu des Juifs, Paris, Seuil, 2008.

Moura J.C., Le sens littéraire de l’humour, Paris, PUF, 2010.

Oz A., Comment guérir un fanatique, Paris, Gallimard, 2006.

Pour citer ce document

David Le Breton, «Rires et communication», Les Cahiers de la SFSIC [En ligne], Collection, 17-varia, Questions de recherche,mis à jour le : 04/04/2022,URL : http://cahiers.sfsic.org/sfsic/index.php?id=905.

Quelques mots à propos de : David Le Breton

Professeur de sociologie à l’université de Strasbourg. Membre de l’Institut Universitaire de France. Membre de l’Institut des Études Avancées de l’université de Strasbourg (USIAS). Auteur notamment chez le même éditeur de : Rire. Une anthropologie du rieur (Métailié), Disparaitre de soi. Une tentation contemporaine (Métailié) ; Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur (Métailié) ; Du silence (Métailié) ; La saveur du monde. Une anthropologie des sens (Métailié)