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Formation
Jeunes docteurs et doctorants témoignent de leur expérience de recherche doctorale avec une CIFRE
Interview n° 1
Texte intégral
Pouvez-vous présenter votre sujet et les conditions de réalisation de votre thèse ?
Mon cursus depuis la Licence s’est fait dans le département de communication de l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3. J’ai eu le bonheur d’y rencontrer une équipe enseignante qui m’a beaucoup soutenue dans toutes mes démarches, en particulier ma directrice de Master 2 recherche qui est par la suite devenue ma directrice de thèse, le professeur Marie-Dominique Popelard.
A la suite de mon M2 que j’avais consacré aux figures du discours à l’œuvre dans le langage descriptif des odeurs, j’ai voulu poursuivre mon étude du sujet, avec une spécialisation sur l’objet multiple qu’est le parfum, en thèse. J’ai passé le concours de mon école doctorale pour être financée par l’université. J’ai d’abord obtenu une bourse, mais au cours de l’audition, un des responsables de l’E.D. avait entrevu des perspectives d’ouverture de mes recherches au monde de l’entreprise. Selon lui, cela était dû, d’une part à mon sujet et à la possibilité qu’il intéresse des professionnels, d’autre part à ma personnalité et mon caractère qui pouvaient, toujours selon lui, s’accorder au monde des organisations privées. A la rentrée, j’ai donc accepté le défi de trouver en moins de trois mois une société qui puisse financer ma thèse afin que ma bourse doctorale soit vite réattribuée à un autre doctorant.
L’objet de ma thèse étant d’étudier le parfum selon un angle esthétique et linguistique, pour avoir des informations de première main, travailler auprès de parfumeurs semblait un impératif, que je sois en CIFRE ou non, d’ailleurs. Je connaissais déjà un peu l’industrie du parfum et certains de ses acteurs, je savais par conséquent vers qui me tourner, néanmoins cela ne me garantissait pas des résultats. J’ai dû envoyer beaucoup de dossiers de présentation pour exposer mon projet. Et j’ai eu la chance que l’un d’eux retienne l’attention du géant de la création olfactive et aromatique, l’entreprise internationale IFF.
J’ai donc, au sein de l’équipe marketing pour la parfumerie fine d’IFF, étudié le langage de la création olfactive pendant trois ans, à la suite desquels j’ai été engagée en CDI.
Selon vous, quels sont les points forts et les limites de la réalisation d’une thèse en CIFRE ?
Dans mon cas, il n’y a eu principalement que des avantages à la thèse CIFRE : d’abord côtoyer des professionnels quotidiennement, m’en faire accepter pour qu’ils me révèlent certains « trucs » de leur métier, ensuite m’immerger dans un domaine pour en comprendre réellement les enjeux et enfin, considérer le parfum comme un véritable objet de communication, co-créé par plusieurs intervenants (parfumeurs, évaluateurs, clients-commanditaires, etc.) qui doivent pour cela développer un langage et un vocabulaire communs.
Par ailleurs, ce mode de réalisation ne m’a pas empêchée d’enseigner, une activité qui est très importante pour moi et que j’envisage comme une dimension essentielle de mon projet et de mes valeurs professionnelles.
1Enfin, cela m’a permis de me familiariser avec les pratiques d’un métier qui allait devenir le mien à l’issue de la thèse.Toutefois, je dois avouer que, si au début du troisième cycle, je n’écartais pas une carrière universitaire, par la force des choses, je me suis éloignée de la vie de laboratoire, des séminaires universitaires et d’une publication académique intense. Ce que j’ai regretté parce que cela a imposé une alternative, qui ne devrait pas exister, entre université et monde de l’entreprise. J’aimerais que plus de ponts de carrière soient envisageables.
Le cas échéant, le fait de faire une thèse en CIFRE a-t-il joué un rôle dans votre insertion professionnelle ?
Bibliographie
L’aventure de la thèse CIFRE m’a permis de me créer une famille professionnelle. À travers cette expérience, j’ai rencontré mes mentors, des collègues qui pour certains sont devenus des amis véritables et j’ai pu aussi développer des compétences et des réflexes valorisés dans le monde de l’entreprise. Bien sûr, j’estime que c’est d’abord la réalisation de la thèse – par l’exigence disciplinaire et la rigueur intellectuelle qu’un tel projet requiert – qui m’a donné une solidité méthodologique sur laquelle je peux m’appuyer aujourd’hui quand j’aborde une nouvelle mission.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Delphine de Swardt
Consultante spécialiste du langage olfactif, docteure de l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3, delphine.de.swardt@orange.fr