Questions de recherche
Une enquête nationale sur la santé au travail des enseignants en SIC
Constats, enjeux et perspectives
Table des matières
Texte intégral
01 janvier 2023
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Description et intentions du projet
1De nombreuses enquêtes, en lien avec les publics de l’enseignement supérieur portant essentiellement sur les pratiques pédagogiques et les usages numériques sont régulièrement menées localement ou nationalement. Dans la conjoncture particulière qu’a été la crise covid, elles se sont multipliées pour évaluer, entre autres, les incidences du tout distanciel ou de l’hybridation sur la pédagogie, mais aussi pour mesurer et connaître les risques d’isolement, les troubles psychosociaux liés à la pratique du télétravail pour les personnels comme pour les étudiants.
2Pour autant, nous constatons que peu d’enquêtes portent directement sur les dynamiques globales de transformation du supérieur qui affectent le métier d’enseignant-chercheur et d’autant moins dans une appréhension disciplinaire. Nous avançons l’hypothèse que les collègues relevant du champ de l’information-communication pourraient être particulièrement concernés et impliqués dans certaines de ces dynamiques d’évolutions – au titre de leur champs d’expertises pluriels : pratiques, usages et effets des TIC, mutations des formes organisationnelles et information-communication organisationnelle, discours managériaux, informations et compétences professionnelles, etc. Nous avons donc engagé une enquête descriptive quantitative concernant l’expérience du déploiement généralisé du télétravail et des TIC lié à la crise pandémique. Cette enquête menée à l’hiver 2021 visait à voir comment et si les EC 71ème avaient vu leur métier transformé et affecté par cette crise, mais surtout si cette affection était inhérente à la situation sanitaire, ou à une dynamique plus générale bien antérieure. Il s’agissait aussi prospectivement de voir les moyens et les méthodes déployées qui pourraient faire l’objet d’apprentissages durables, ou permettre de penser des moyens d’action adaptés aux situations que nous rencontrons dans l’exercice de nos fonctions.
Objectifs, méthode et profil des répondants de la première phase d’enquête
3Cette première étape, dont nous présentons ici les grandes tendances, consistait prioritairement à répondre à trois objectifs :
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Établir un premier état des lieux déclaratif des pratiques info-communicationnelles (hors pratiques pédagogiques stricto sensu) de la communauté académique 71ème.
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Évaluer les conséquences de la crise sanitaire en termes de praxis professionnelle, de santé au travail et de risques psychosociaux.
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Repérer les stratégies d’adaptation mises en place.
4Pour ce faire, nous avons lancé une enquête quantitative par questionnaire auto-administré auprès des enseignants et enseignants-chercheurs en SIC via le relais des laboratoires et responsables de formations et de composantes. La population estimée est d’environ 800 personnels relevant de la 71ème section (EC, Prag, Prce, ATER, et CDD inclus). Le questionnaire comportait 31 questions dont 7 ouvertes. Sur 232 questionnaires complétés nous avons obtenu 136 questionnaires exploitables, ce qui représente 17 % de la population-mère et présente un taux de représentativité acceptable qui, bien que loin d’être exhaustif, permet de mettre au jour des tendances nettes sur lesquelles appuyer et étayer notre réflexion.
5En ce qui concerne les caractéristiques sociologiques, l’échantillon reflète bien la démographie de la section : les répondants sont majoritairement des femmes (61 %) contre 39 % d’hommes, la tranche d’âge la plus représentée est celle des 40 à 59 ans (76 %), et leur statut est majoritairement celui de MCF ou PR (83 %) contre 17 % des autres statuts. Une large part enseigne dans un département à l’Université (58 %), les collèges enseignants en IUT sont représentés à hauteur de 21 %, enfin une dizaine de répondants correspondent à des profils qui enseignent l’information-communication dans des structures (écoles) ou dans des formations autres qu’info-com. La grande majorité (89 %) déclare au moins une responsabilité administrative ou politique au sein de son département ou de son université. L’ancienneté se situe généralement entre 11 à 30 ans et leur résidence se trouve à moins d’une heure de transport de leur lieu de travail. Les régions les plus représentées dans l’échantillon sont l’Auvergne-Rhône-Alpes (25 %), l’Occitanie (23 %) et l’Île de France (20 %).
Premiers résultats
6Précisons que les principales tendances exprimées l’ont été à l’hiver 2021 dans un contexte de sortie de crise Covid. L’enquête initiale s’est donc focalisée de manière importante sur les usages, pratiques et perceptions du numérique auxquels nous avons massivement eu recours dans les activités d’enseignement comme de recherche. Et les résultats obtenus permettent de pointer – au-delà du caractère exceptionnel qu’aurait pu présenter la situation – une tendance qui était potentiellement en latence. La seconde phase qualitative de notre étude, programmée à l’hiver 2022, permettra d’affiner et d’expliciter la perception d’une évolution diachronique du métier d’EC et de l’incidence propre à la crise sanitaire.
Une charge de travail globalement alourdie
7Fin 2021 les répondants témoignent largement d’usages numériques accentués par la crise et estiment – au-delà des activités d’enseignement – passer plus de temps devant les écrans avec davantage de mails de réunions à distance. Ils ont le sentiment d’une charge de travail qui augmente et se trouve alourdie. Le travail leur semble plus dense, plus stressant et plus dispersé et le rapport au temps s’en trouve modifié (journées qui s’étirent dans le temps) : la sphère professionnelle débordant la sphère privée et personnelle. Ce débordement, en grande partie lié à l’institutionnalisation des pratiques de télétravail et de distanciel constitue un point important dans le sentiment, exprimé par deux-tiers des enquêtés, d’un mal-être au travail. Il participe d’un facteur aggravant des risques psychosociaux selon les pratiques.
8En effet, les répondants ont illustré dans les questions ouvertes les effets néfastes de certaines pratiques numériques. Au-delà des questions strictement liées à des problèmes techniques ou d’équipements, on retrouve notamment la nécessité de « compenser » et d’enrichir le distanciel d’échanges concrets, de relations directes et de proximité dans une intention bienveillante. Ils relèvent que le « tout numérique » participe de la dissolution du lien social, du collectif, voire du sens et de l’efficacité de certaines activités. Par exemple, ils observent que si l’organisation de réunions ou de tâches « dématérialisées » est facilitée, spatialement et temporellement, par le recours aux visioconférences et aux TIC, cela peut avoir un effet délétère : la multiplication des réunions et des tâches administratives, entraîne épuisement, désimplication/désengagement et dispersion et constitue finalement un frein à l’émulation collective.
Des stratégies d’adaptation pour faire face à la montée des risques psychosociaux
9Afin de pallier ces effets négatifs potentiellement facteurs de RPS, certains répondants ont développé des stratégies : par exemple en se fixant des plages horaires de travail très strictes pouvant aller jusqu’à la déconnexion (non-réponse à des mails, choix de ne pas assister à certaines réunions, refus de certaines tâches). Néanmoins, ils attestent de la difficulté à tenir ces règles auto-imposées sans sentiment de culpabilité. Ces conditions amènent les répondants à juger leur rapport au travail plutôt négativement en le qualifiant de “plus stressant”. Ils témoignent d’une surcharge cognitive, d’une fatigue importante et d’anxiété pouvant aller jusqu’à la perte de sommeil… et à la dépression. Ces maux s’accompagnent souvent aussi d’une remise en question profonde du sens de leur activité professionnelle. Enfin, il faut souligner que les répondants témoignent pour 2/3 connaître personnellement des collègues concernés par des risques psychosociaux et ce taux monte jusqu’à 82 % si on comptabilise les réponses faisant état de cas rapportés.
Des potentiels sous réserve : des apprentissages à pérenniser ?
10Cette période de crise a permis, dans l’urgence, de développer des compétences numériques, les répondants reconnaissent que, sous certaines conditions, ce recours ne manque pas d’offrir des possibilités comme la souplesse et la flexibilité, mais aussi un gain de temps, économique et écologique non négligeable que certains souhaiteraient voir se pérenniser. En effet, ces nouvelles pratiques permettent de limiter les déplacements et d’optimiser son temps notamment pour participer à des événements courts ou jugés peu utiles. En ce qui concerne l’accompagnement pédagogique, il apparaît que ce gain de temps profite au développement d’accompagnements plus personnalisés et réguliers qui sont appréciés. Enfin, en ce qui concerne les activités de recherche, le numérique présente l’avantage d’assister à davantage d’évènements scientifiques, nationaux ou internationaux sans les contraintes habituelles de temps ou de lieux et permet, de ce fait, une meilleure circulation des savoirs et le développement de coopérations interuniversitaires.
Une tendance préexistante à la crise sanitaire ?
11Il ressort des réponses que l’usage massif du numérique, la multiplication des activités, des réunions, des tâches administratives, et la gestion des mails étaient déjà présents avant la crise Covid. En effet, les pratiques professionnelles à l’université (comme dans de nombreuses autres organisations) étaient déjà marquées par ces tendances mais elles semblent avoir été particulièrement accentuées et accélérées par la crise Covid. Si le travail semble s’être intensifié – mais cela ne semble pas être le critère le plus déterminant – il est jugé densifié (accroissement du nombre de tâches cumulées à réaliser dans des temporalités de plus en plus urgentes). Mais ce phénomène ne semble pas être non plus un élément particulièrement significatif qui soit imputable à la seule crise Covid. Contrairement à l’hypothèse de départ, les collègues de 71ème ne montrent pas de spécificité liée à l’ancrage disciplinaire quant aux capacités d’adaptation ou de préconisations d’usage du numérique.
12La logique de libéralisation de l’ESR et l’adoption du nouveau management public (NMP) avec les réformes LRU, l’augmentation des effectifs étudiants, les logiques de productivité et de bureaucratisation qui touchent de plein fouet nos professions montraient déjà, sous forme de signaux faibles, une tendance à favoriser les risques de RPS. Il apparaît que la situation sanitaire a brutalement déplacé le curseur en défaveur du bien-être au travail. Dès lors, cette tendance préoccupante sera approfondie dans une phase d’enquête qualitative visant, du point de vue des enseignants du supérieur, à saisir les logiques influentes et leurs effets sur nos activités et pratiques professionnelles.
Pistes d’approfondissements et perspectives : vers la phase qualitative
13Il est important de souligner que l’enquête quantitative insistait sur la question temporelle en proposant pour plusieurs items des réflexions comparatives pour étalonnage entre la « situation covid » et le « temps normal » qui l’a précédée. Comme vu supra, la situation pré-pandémique s’avérait déjà être un terreau fertile de mal-être au travail. L’enquête montre que la crise a joué un rôle de « goutte d’eau » faisant déborder le vase, accentuant ce malaise sans en être la cause. Ce constat nous conduit alors à établir des pistes de réflexion et de questionnement dans une chronologie et une conjoncture plus large autour de quelques grandes pistes et hypothèses qui constituent le cœur de la poursuite de nos travaux.
Une crise structurelle profonde de l’ESR révélée et accélérée par la crise sanitaire ?
14La pandémie n’aurait pas provoqué mais révélé et accentué les difficultés inhérentes à la crise structurelle de l’ESR. Cela se traduit selon les répondants par un sentiment général d’empêchement des missions phares propres à l’enseignement et à la recherche surtout en raison de la recrudescence de tâches et procédures administratives lourdes et chronophages. Le contexte sanitaire a renforcé cette tendance qui relève des mutations du système universitaire et de sa transformation libérale, régulièrement étudiées1. Elles entraînent des incidences notables sur les missions, activités et pratiques professionnelles incombant aux EC (LRU, régime RCE, coupes budgétaires, augmentation démographique, gels de postes tout en accentuant performance et rentabilité, etc.). Ce contexte global de paupérisation des universités : augmentation continue des effectifs d’étudiants (+ 33 % entre 2010 et 2020 dans les sections ALL-SHS – source MESR) sans ressources humaines, financières et matérielles supplémentaires participe d’une dégradation des conditions de travail associée aux caractéristiques du métier d’enseignant-chercheur qui se traduit par un mal-être, une perte de sens et une exposition accrue aux RPS comme en témoignent des articles récents2.
Le numérique : un juste équilibre à trouver entre risques et opportunités pour les EC ?
15De manière connexe, et plus particulièrement depuis 2016, l’ESR est au cœur de la loi « pour une République numérique ». Depuis, l’incitation à développer des modalités d’enseignement à distance, la dématérialisation des procédures bureaucratiques, les logiques d’évaluation, les plateformes (gestion des candidatures, inscriptions, notes, absences, planning, etc.) participent d’une multiplication et d’une intensification des tâches et d’un déferlement du numérique, tant pour les personnels pédagogiques qu’administratifs. Ce déploiement accéléré participe pour les universitaires, au même titre que pour les acteurs des organisations (Carayol et Laborde, 2019), d’un malaise dont la portée est importante. Outre les problématiques liées à l’appropriation des outils, à l’augmentation des charges et responsabilités (proportionnelle aux baisses d’effectifs RH) et les changements des pratiques d’enseignement et de recherche (Aït Ali et Rouch, 2013), ils engendrent des phénomènes connus et étudiés dans notre discipline, d’accélération (Rosa, 2010), de multi-activité et de dispersion (Datcharry, 2004), préexistant à la situation sanitaire exceptionnelle que nous avons connue.
16À ce stade de la recherche et malgré les limites liées à la récolte des données, il est important de relever que ces éléments indiquant la dégradation des indicateurs de santé, de bien-être au travail, de saturation de nombreuses dimensions de la vie personnelle envahies par le travail, semblent exprimer une « torsion » douloureuse du vécu des universitaires qu’il va s’agir – dans notre seconde phase – d’investiguer.
Une occasion de repenser collectivement nos pratiques professionnelles et nos organisations ?
17Ainsi, force est d’admettre que si la crise pandémique est venue s’ajouter à une crise de l’ESR et des professions qui en relèvent, le numérique a permis de maintenir sous certaines réserves l’activité et le fonctionnement de nos formations et de nos activités de recherche. Malgré les limites pointées, nous avons vu que cette expérience a permis de tirer quelques enseignements favorables et de développer des pratiques qui présentent ou pourraient présenter certains bénéfices. En effet, cet épisode a représenté pour la majorité des enquêtés, une occasion à saisir pour repenser individuellement ou collectivement les pratiques professionnelles : réduire les déplacements, diminuer les temps de réunion, renforcer le suivi individuel d’étudiants en distanciel, suivre des manifestations scientifiques à distance etc. Certains suggèrent de s’emparer des changements induits par les confinements pour reconsidérer le fonctionnement de l’organisation dans son ensemble mais aussi pour porter des revendications structurelles.
18Le premier jalon de notre enquête nous engage à poursuivre un travail d’analyse et de réflexivité à deux niveaux qui sont imbriqués l’un dans l’autre : le premier regroupe des pratiques individuelles de travail liées aux missions et au métier même d’enseignant-chercheur, le second englobe des comportements plus collectifs à l’échelle organisationnelle voire institutionnelle, de concertation, d’échanges et de mise en commun. Ainsi, les apprentissages et expériences acquis durant cette crise pourraient représenter une opportunité de réinvestissement collectif dans la définition de la raison d’être, du sens de nos missions, mais aussi du contenu de nos activités.
19Ces points restent à affiner qualitativement, et représentent une piste à approfondir dans le cadre de la poursuite de notre recherche, mais peut-être aussi une opportunité de développer une réflexion à la lumière des acquis en SIC pour repenser nos conditions, nos situations et nos pratiques professionnelles communes en 71ème.
Bibliographie
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DATCHARRY C. (2004), « Prendre au sérieux la question de la dispersion au travail. Le cas d’une agence de création d’événements », Réseaux, vol. 125, No. 3, p. 175-192. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2004-3-page-175.htm
Dreyfuss L., Rascol-Boutard S. (2020), « Chapitre 15. Les mutations du travail et des métiers au sein des universités : pour une lecture critique des modes de management ». Dans : PIJOAN N. éd., Approches critiques des organisations : Mélanges en l’honneur du Professeur Alain Briole. EMS Editions, Caen, 2020, p. 195-202. URL :https://doi.org/10.3917/ems.pijoa.2020.01.0195
Jorda H. (2007), « L’enseignement supérieur au service de la société entrepreneuriale : chronique d’une mort annoncée » Marché et organisations, no 5, p. 41-59. URL : https://doi.org/10.3917/maorg.005.0041
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Rosa H. (2010), Accélération. Une critique sociale du temps. La découverte Poche, Paris.
Notes
1 Voir notamment : Jorda, 2007 ; Cuillerai et Wahnnich, 2010 ; Dreysfuss et Rascol-Boutard, 2020.
2 Voir : Jégo S, Guillo C. (2016) Les enseignants face aux risques psychosociaux. Éducation et formation, 92, 77-113. En ligne : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01521720 et Gourdon J, Miller M, et al. (2021) https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/09/28/de-retour-a-l-universite-la-lassitude-des-enseignants-chercheurs-face-a-la-gestion-de-la-penurie_6096256_4401467.html
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Valérie Lépine
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827
Quelques mots à propos de : Céline Paganelli
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827
Quelques mots à propos de : Sidonie Gallot
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827
Quelques mots à propos de : Dorsaf Ormane
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827
Quelques mots à propos de : Hans Dillaert
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827
Quelques mots à propos de : Cécile Heckel
Université Paul Valéry, Montpellier III – LERASS EA 827